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Gastvortrag von Tea Pršir: Polyphonie. Analyse discursive et prosodique

29.04.2015 | 16:00 c.t. - 17:45

Tea Pršir, Université de Genève et UCLouvain

Polyphonie : analyse discursive et prosodique

De nombreuses études sur la polyphonie et sur le dialogisme ont mis en évidence les traces de l’autre à travers une série d’observables : le discours rapporté, le conditionnel, l’ironie, les connecteurs, parmi d’autres. Partant de ces études (Perrin 2006, Roulet et al. 2001, Rabatel 2008, i.a.), je me suis posé la question du rôle de la prosodie dans l’expression des différentes voix qui habitent un discours (Bertrand 1999, Auchlin et Grobet 2006). J’ai constitué un corpus de revues de presse radiophoniques (RPR) où les sources sont condensées et leurs points de vue comparés et confrontés. Comment le revuiste arrive-t-il à les coordonner ? Par quels moyens signifie-t-il qu’il les a acceptés ou réfutés ? Et surtout comment son propre point de vue est-il exprimé ?

Afin de répondre à ces questions, j’ai procédé par plusieurs analyses successives. Les couches de segmentation et d’annotation dans Praat sont alignées avec le signal sonore. La segmentation est réalisée au niveau des phonèmes, syllabes, mots, UDP (unités délimitées par pause) et pauses. Sont annotés : i) les sources (journaliste, journal, personne publique, etc.) ; ii) la structure discursive propre à la RPR avec une liste de 13 catégories de segments de discours citant, de discours cité et mixtes, plus le commentaire ; iii) les connecteurs, les particules du discours (bon, ben, bah, etc.), les formules d’adresse, les syntagmes responsables de la cohérence argumentative ; iv) l’annotation prosodique tonale réalisée suite à une stylisation des contours mélodiques par Prosogramme (Mertens 2004). Ensuite, les niveaux énumérés ci-dessus sont mis en relation. Une attention particulière a été portée à la variation prosodique et à la distribution des pauses lors du passage d’une source à l’autre et lors du passage d’une catégorie discursive à l’autre.

Malgré l’homogénéité du phonogenre étudié, les résultats montrent la diversité des stratégies « polyphoniques » mises en place par les revuistes. Les uns vont se servir principalement des connecteurs pour coordonner les différentes voix. Les autres usent des adverbes et des particules discursives pour exprimer leur commentaire. Ou encore, ils choisissent des verbes au sémantisme fortement imprégné d’un point de vue subjectif (soupirer, renchérir, s’énerver, etc.). Mais, tous se servent, plus ou moins régulièrement, de la variation voco-prosodique pour mettre en relief un segment et superposent ainsi un commentaire vocal au discours cité. Qui plus est, certains d’entre eux vont produire une mise en voix théâtrale soit pour imiter la source dans le dessein d’en faire une caricature, soit pour exprimer l’ampleur de leur émotion quant à l’information transmise. Ces « citations théâtralisées » (Pršir 2012) sont l’objet d’une étude qualitative dans le cadre de l’approche expérientielle (Auchlin 2013) qui prend en compte la dimension sensori-motrice et iconique de la parole (Pršir et Simon 2013).

Zeit & Ort

29.04.2015 | 16:00 c.t. - 17:45

J 30/109, FU Berlin, Rost- und Silberlaube, Habelschwerdter Allee 45, 14195 Berlin