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Art. III

Table des matières

 

 

 

 

Section troisième. Grammaire française.

Chap. I. Des substantifs.

Chap. II. Des modificatifs.

Art. I-II

Art. III

Art. IV-VIII

Section quatrième. Art de raisonner.

Chap. I. Des idées.

Chap. II. Du jugement.

Chap. III. Du raisonnement.

Chap. IV. De la méthode.

Conclusion.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

ARTICLE III.

DU VERBE.

 

Quod primo ordine verbum est. (Horat.)

 

Verbe ; ce que c’est.

 

 

989. Le mot verbe dérive du mot latin verbum, qui signifie mot ou parole ; et l’on appelle ainsi l’élément du discours, dont nous nous occupons, comme qui dirait le mot par excellence, parce qu’il ne peut pas y avoir de langue sans verbe. Nous ne parlons, en effet, que pour communiquer nos pensées ; nos pensées sont les résultats de nos jugemens intérieurs, et nos jugemens sont des actes par lesquels notre esprit aperçoit l’existence de tel sujet avec telle ou telle modification (1212) : toute expression de jugement, toute proposition énonce donc nécessairement, quoique souvent implicitement, un sujet déterminé, une modification également déterminée, et l’existence intellectuelle du sujet avec cette |106 modification. Or le caractère essentiel, distinctif du verbe, est d’exprimer l’existence intellectuelle d’un sujet avec telle ou telle modification. Il ne peut donc pas y avoir de langue sans verbe, puisque des langues sans verbes seraient des langues avec lesquelles on ne pourrait pas exprimer des jugemens, et conséquemment des langues avec lesquelles on ne parlerait pas (489).

Manière de s’assurer dans notre langue, qu’un mot est verbe.

 

 

Dans notre langue, il est toujours facile de s’assurer qu’un mot est verbe lorsqu’on peut y joindre les substantifs personnels je, tu, il, etc. ; comme l’on peut dire, par exemple, je frappe, tu frappes, il ou elle frappe, etc. Nous l’avons déjà observé (942), chaque mot doit être classé non pas d’une manière invariable, de manière à juger qu’il est de la même espèce partout où on le trouve ; mais il doit l’être conformément au rôle qu’il remplit dans la phrase dont on s’occupe. Dans celle-ci, par exemple, un jugement conforme aux loix, le mot conforme est adjectif masculin ; et dans cette autre : l’honnête homme conforme toujours sa conduite à ses devoirs et aux loix de son pays, le mot conforme est verbe.

Modificatifs combinés sus- |107 ceptibles de terminai­sons re­la­tives aux nom­bres et aux per­sonnes.

 

 

990. Chaque verbe exprime donc tout à la fois et l’idée de l’existence ou réelle ou in- |107 tellectuelle et celle d’une modification déterminée jointe à l’existence ; c’est pour cela que nous les avons appelés modificatifs combinés (930), comme exprimant la combinaison de deux modifications réunies ; et comme notre esprit peut attribuer cette combinaison de modification ou à un seul être, ou à plusieurs, ou à celui qui parle, ou à la personne à qui l’on parle, ou enfin à celle ou à celles de qui l’on parle, les verbes ont des inflexions différentes pour exprimer toutes ces différentes vues de l’esprit, et varient leurs terminaisons conformément aux nombres et aux personnes. Par ce moyen, le matériel des verbes change relativement aux différentes nuances de la pensée, et le changement de leur forme correspond aux changemens accessoires de l’idée principale qu’ils expriment. Je laboure, tu laboures, il ou elle laboure, nous labourons, vous labourez, ils ou elles labourent ; tous ces mots expriment la même idée fondamentale, la combinaison des mêmes modifications, l’existence et l’action de labourer ; mais le premier exprime de plus que ces modifications n’appartiennent qu’à un seul individu, et que cet individu, c’est moi ; le second, que ces mêmes modifications sont affirmés d’un seul |108 individu, de celui à qui j’adresse la parole, et ainsi des autres.

Distinguons donc dans chaque forme d’un verbe, quelle qu’elle soit, l’idée principale, qui est la combinaison de l’existence avec une autre modification déterminée, idée qui est toujours la même dans toutes les formes quelconques d’un même verbe ; et de plus les idées accessoires relatives aux personnes et aux nombres ; idées qui varient dans chaque forme du verbe.

Nous verrons bientôt qu’il y a d’autres idées accessoires relatives aux époques et à d’autres vues de notre esprit : mais il n’y a pas, dans les verbes de notre langue, des inflexions différentes pour les différens genres.

Un seul verbe suffirait dans chaque langue.

 

 

991. Puisque chaque verbe exprime nécessairement et préalablement l’existence, et de plus une autre modification déterminée (929, 989), on pourrait se passer de tous les verbes, excepté de celui-là seul qui, dans chaque langue, est destiné à exprimer l’idée de l’existence ou réelle ou intellectuelle. Nous pourrions dire, par exemple, je suis labourant, tu es labourant, il ou elle est labourant, etc. ; au lieu de dire, je laboure, tu laboures, il ou elle laboure, etc. Il est |109 facile de voir que la combinaison des deux modifications, exprimée par un autre verbe quelconque, pourrait être exprimée par les formes du verbe être et par un modificatif particulier, adjectif ou participe, qui exprimerait séparément la seconde modification combinée avec l’existence. Un seul verbe est donc absolument nécessaire, indispensable dans chaque langue : ce verbe est, chez nous, le modificatif commun être (929). Mais, s’il est incontestable que l’expression de la pensée ne perdrait point quant à la précision et à l’exactitude, par la suppression des modificatifs combinés, il n’en est pas moins vrai que le style en serait bien plus monotone, moins rapide et moins élégant (493).

Temps.

 

 

992. Chaque verbe, autre que le modificatif commun être, exprime donc l’existence intellectuelle d’un sujet avec telle modification déterminée (989) ; ou, ce qui revient au même, chaque verbe exprime ou une action, ou un état. Mais, cette action ou cette situation peuvent avoir eu lieu autrefois, ou avoir lieu au moment que l’on parle, ou bien elles n’auront lieu qu’à l’avenir : voilà de nouvelles idées accessoires à ajouter à celles qui sont relatives aux nombres et aux |110 personnes, et à l’idée fondamentale et constante dans chaque verbe, l’existence avec telle modification. Et puisque nous avons vu que la terminaison des verbes varie pour exprimer, par le changement du matériel, les idées accessoires relatives aux nombres et aux personnes, il faut qu’elle varie aussi pour exprimer ces nouvelles idées accessoires relatives aux différentes époques. Ainsi je labourai hier exprime une action passée au moment où j’en parle ; je laboure dans ce moment exprime une action actuellement présente ; je labourerai demain exprime une action future. Les trois mots je labourai, je laboure, je labourerai, qui appartiennent tous au même verbe labourer, qui tous expriment la même idée fondamentale, la combinaison des mêmes modifications (l’existence avec l’action de labourer), et les mêmes idées accessoires relatives au nombre singulier et à la première personne, ont des formes ou des terminaisons différentes pour exprimer de plus les idées accessoires relatives aux différentes époques ; et c’est par la différence de ces formes que le premier exprime le passé, le second le présent, et le troisième l’avenir.

Ce sont ces formes différentes qu’on ap- |111 pelle les temps des verbes, parce qu’elles indiquent le rapport entre l’action, ou la situation exprimée par le verbe et les différentes époques de la durée.

Trois temps prin­ci­paux.

 

 

993. Nous pourrions raisonner sur tout autre verbe comme nous venons de le faire sur le verbe labourer : chaque verbe a donc trois formes différentes pour exprimer une action passée, ou une action présente, ou une action future ; c’est-à-dire que chaque verbe a trois temps principaux, le passé, le présent et le futur.

 

Passé.

Ainsi du plumage qu’il eut
Icarre pervertit l’usage ;
Il le reçut pour son salut,
Et s’en servit pour son dommage.

 

Présent.

Ce grand astre, dont la lumière
Enflamme la voûte des cieux,
Semble, au milieu de sa carrière,
Suspendre son cours glorieux.
Fier d’être le flambeau du monde,
Il contemple du haut des airs
L’Olympe, la terre et les mers
Remplis de sa clarté féconde ;
Et jusques au fond des enfers
Il fait rentrer la nuit profonde
Qui lui disputait l’univers. (Bernis.)

 

|112 Futur.

Un bloc de marbre était si beau,
Qu’un statuaire en fit l’emplette.
Qu’en fera, dit-il, mon ciseau ?
Sera-t-il dieu, table ou cuvette ?
Il sera dieu : même je veux
Qu’il ait en sa main un tonnerre.
Tremblez, humains, faites des vœux ;
Voilà le maître de la terre. (La Font., liv. 9, fab. 6.)

 

Plus que parfait.

 

 

994. Mais une action passée peut avoir été faite à des époques plus ou moins éloignées : il y a, dans le passé, une latitude considérable et trop vague, dont il est souvent utile de déterminer les points d’une manière précise. Dès qu’une action est terminée, elle appartient au passé autant que celle qui a eu lieu quelques heures auparavant, ou quelques milliers d’années plutôt, ou dès l’origine du monde ; et il est bon que les verbes aient encore des formes différentes pour indiquer plus précisément les époques plus ou moins éloignées dont on veut parler, quoiqu’elles soient toutes comprises dans le passé. Si je dis, par exemple, j’avais labouré mon champ lorsque vous vîntes me proposer de l’affermer, j’exprime une action qui était passée avant une autre, laquelle est aussi |113 passée ; et comme rien n’indique si la première était passée plus ou moins long-temps avant la seconde, cette forme peut exprimer un passé plus passé que tout autre, pour ainsi dire : c’est pour cela qu’on l’appelle plus que parfait, passé plus que parfaitement passé. J’avais déjà déjeûné lorsque vous vîntes chez moi.

Échappé des périls d’une ardente jeunesse,
Et parvenu dans l’âge où règne la sagesse,
Je m’étais résolu d’écouter la raison,
Et d’être sage au moins dans l’arrière saison. (Jean Hénault.)

Prétérit an­térieur.

 

 

995. Si je dis j’eus labouré mon champ avant que mon voisin ne commençât, il est évident que l’action dont je parle non-seulement est passée dans ce moment, mais qu’elle l’était même antérieurement à une autre action, laquelle est aussi passée au moment où j’en parle : j’exprime donc un prétérit antérieur à un autre prétérit, et c’est pour cela qu’on appelle cette forme des verbes prétérit antérieur. J’eus déjeûné avant qu’il n’arrivât.

On saisira facilement la différence qu’il y a entre le prétérit antérieur et le plus que parfait ; pour former le prétérit antérieur il suffit que la première action dont on parle |114 fût finie immédiatement avant la seconde, qui est aussi passée : j’eus labouré mon champ avant que mon voisin ne commençât, comme si l’on disait j’eus le temps de finir de labourer, ou je venais de finir de labourer avant que...., etc.

Au lieu que dans le plus que parfait on exprime bien une action antérieure à une autre action passée, mais rien n’indique que la première était justement finie immédiatement avant la seconde ; elle peut avoir eu lieu long-temps auparavant ; toute la durée antérieure à la seconde action passée appartient indistinctement au plus que parfait.

Deux formes négligées.

 

996. Nous ne parlons pas de la forme j’avais eu labouré, ni de la forme j’eus eu labouré, qui sont inutiles.

Prétérit dé­fini.

 

 

997. Si je dis je labourai seul mon champ l’an passé, j’exprime une action faite à une époque entièrement écoulée, dont il ne reste plus rien, car l’année dernière, où j’ai fait cette action, est entièrement passée. C’est le même passé dont nous avons parlé n.o 992 : on l’appelle prétérit défini, parce que l’époque à laquelle on rapporte l’action ou la situation dont on parle est bien définie, bien déterminée, et que la portion de durée que l’on prend pour mesure de compa- |115 raison est entièrement écoulée. Je labourai hier ; c’est ici le jour qui est l’unité de mesure, et celui d’hier est entièrement fini aujourd’hui. Je labourai la semaine dernière, le mois dernier, l’an passé, il y a six ans, etc. ; toutes ces époques sont précises et entièrement écoulées au moment où je parle.

J’ai vécu sans nul pensement,
Me laissant aller doucement
A la bonne loi naturelle :
Et si m’étonne fort pourquoi
La mort osa songer à moi
Qui ne songeai jamais à elle. (Regn.)

Prétérit in­défini.

 

 

998. Quand je dis, j’ai labouré ma vigne ce matin, l’action dont je parle est bien passée au moment où je le dis ; mais je l’ai faite dans la matinée, qui est une portion du jour, et ce jour n’est pas encore entièrement passé, il en reste une partie à s’écouler : sous ce rapport, il semble que cette action n’est pas passée d’une manière bien définie, et l’on appelle cette forme prétérit indéfini.

Choix à faire entre le prété­rit défini et le pré­térit indé­fini.

 

 

On emploie toujours cette forme des verbes lorsqu’il est question d’une action faite dans un temps qui n’est pas encore entièrement écoulé au moment où l’on en |116 parle, ce qui dépend de la portion de durée que l’on prend pour unité de mesure. Par exemple, il faut dire, il a beaucoup travaillé cette semaine ; et, il travailla beaucoup hier, ou avant-hier, parce que la semaine n’étant pas entièrement terminée, il faut employer le prétérit indéfini dans le premier cas ; au lieu que le jour d’hier ou d’avant-hier, quoiqu’appartenant à la même semaine, est entièrement écoulé aujourd’hui. De même on dirait : les élèves ont bien étudié cette année ; et, ils étudièrent bien dans le mois de Mars ; le prétérit indéfini, dans le premier cas, parce que l’année, qu’on a prise pour unité de temps, n’est pas terminée ; et le prétérit défini dans le second, parce que le mois de Mars, pris pour unité de temps, est entièrement, définitivement passé.

Le choix entre ces deux formes des verbes dépend donc de la portion de durée que l’on prend pour unité, pour mesure : cette portion, quelle qu’elle soit, est-elle entièrement passée ? on emploie le prétérit défini ; ne l’est-elle pas tout à fait ? on emploie le prétérit indéfini.

On emploie aussi le prétérit indéfini lorsqu’on veut exprimer une action ou une situation passée, sans déterminer l’époque |117 d’une manière précise, ou lorsqu’on veut parler d’une action qui a eu lieu habituellement. Ainsi l’on dira : il a beaucoup lu, beaucoup étudié ; il a profité de ses lectures ; il a réfléchi toute sa vie ; parce que, dans toutes ces propositions, on ne veut exprimer qu’une habitude ou une action passée, sans indiquer un rapport bien précis, bien déterminé à telle époque plus ou moins éloignée. Il semble d’ailleurs qu’alors on prend tacitement pour unité de temps la vie même de la personne de qui l’on parle, et comme cette vie n’est pas finie, on emploie le prétérit indéfini, conformément à la règle que nous venons d’établir. Cette explication paraît d’autant mieux fondée que, s’il était question d’un mort, on dirait : il avait beaucoup lu, ou, il lut beaucoup ; il profita de ses lectures ; etc. ; parce qu’alors l’unité de temps (la vie) serait entièrement écoulée.

           Félicité passée,
           Qui ne peux revenir,
           Tourment de ma pensée,
Que n’ai-je, en te perdant, perdu le souvenir ? (Bertaud.)

Imparfait, ou passé simul­tané.

 

 

999. Si je dis : il labourait quand son père arriva, l’action de labourer est bien passée, au moment où j’en parle, mais elle était |118 présente, actuelle, lors d’une autre action maintenant passée, lors de l’arrivée de son père elle était simultanée avec cette dernière. En pareil cas, on exprime donc tout à la fois un passé, relativement à l’époque où l’on parle, et un présent, relativement à celle dont on parle ; c’est apparemment pour cette raison qu’on appelle cette forme des verbes imparfait. On pourrait l’appeler aussi passé simultané, pour en exprimer à la fois les deux caractères distinctifs.

L’Aurore cependant, au visage vermeil,
Ouvrait dans l’Orient le palais du Soleil ;
La Nuit en d’autres lieux portait ses voiles sombres,
Les Songes voltigeans fuyaient avec les ombres. (Boileau.)

Autres ma­nières d’ex­primer un prétérit.

 

On exprime aussi quelquefois un prétérit par des formes composées, dans lesquelles les verbes venir, sortir, ou d’autres, font les fonctions d’auxiliaires ; comme : je viens d’achever la lecture de tel ouvrage ; je sors de lui parler de telle affaire, etc. Ces sortes de prétérits expriment le passé le plus rapproché.

Formes re­latives au passé.

 

 

1000. Voilà donc en tout cinq manières d’exprimer une action, ou une situation passée ; ou bien, voilà cinq temps tous relatifs au passé ; savoir, le plus que parfait |119 (994), le prétérit antérieur (995), le prétérit défini (997), le prétérit indéfini (998), et le prétérit simultané (999) ; sans compter deux formes inutiles (996), et les prétérits les plus rapprochés qui se forment au moyen des verbes auxiliaires sortir, venir, etc. (999). Avec ces formes, nous pouvons indiquer avec assez de précision les époques plus ou moins reculées dans la durée, selon les besoins de l’énonciation de la pensée.

Présent.

 

 

1001. Il n’y a et il ne peut y avoir qu’une seule manière d’envisager le présent : dès qu’une action est terminée, elle appartient toute entière au passé :

Le moment où je parle est déjà loin de moi ;

et si elle n’a pas encore commencé d’être, elle appartient au futur, elle ne peut donc pas être plus ou moins présente ; voilà pourquoi les verbes n’ont qu’une seule forme pour exprimer le présent. Je laboure, je souffre.

L’actualité d’une action ou d’une situation ne dépend pas d’un instant métaphysique, indivisible ; elle dépend de la portion de durée que l’on prend pour unité de temps : voilà pourquoi l’on dit fort bien : il étudie la Grammaire ; ce qui ne signifie pas qu’il |120 l’étudie au moment précis où on le dit ; mais que la Grammaire est l’objet actuel de son étude, et le sera pendant la durée du cours, ou jusqu’à ce qu’il la sache. La mesure du temps qui constitue le présent est alors relative à la chose dont on parle, et peut avoir une étendue plus ou moins considérable. Il seme du froment cette année ; l’an prochain il semera autre chose ; on ne veut pas dire qu’il seme durant toute l’année, mais qu’il se contente de semer du froment pendant le temps nécessaire pour cela.

Circonstances où l’on emploie le présent.

 

 

On emploie aussi la forme du présent pour exprimer l’action, ou la situation habituelle d’un sujet. Il aime la musique ; il blâme tous les excès ; il souffre des malheurs de sa patrie, il se bat comme un lion, etc.

Quand, par d’affreux sillons, l’implacable vieillesse
A sur un front hideux imprimé sa tristesse,
Que, dans un corps courbé sous un amas de jours,
Le sang, comme à regret, semble achever son cours ;
Lorsqu’en des yeux couverts d’un lugubre nuage
Il n’entre des objets qu’une infidèle image ;
Qu’en débris chaque jour le corps tombe et périt,
En ruines aussi je vois tomber l’esprit :
L’âme mourante alors, flambeau sans nourriture,
Jette, par intervalle, une lueur obscure.
|121 Triste destin de l’homme ! il arrive au tombeau
Plus faible, plus enfant, qu’il n’était au berceau ! (Racine, poëme de la Relig., ch. 2.)

Le temps, d’un insensible cours,
Nous mène à la fin de nos jours.
C’est à notre sage conduite,
Sans murmurer de ce défaut,
A nous consoler de sa fuite,
En le ménageant comme il faut. (Malher.)

Présent sous la forme de l’im­parfait.

 

 

1002. Quelquefois le présent s’exprime sous la forme de l’imparfait ; comme quand on dit à quelqu’un que l’on rencontre : j’allais chez vous, ou à quelqu’un qui entre dans la chambre : je m’occupais de vous dans ce moment. C’est un véritable prétérit simultané (999), qui n’équivaut à la forme du présent que par rapport aux circonstances : j’allais chez vous, c’est-à-dire, je m’étais déjà acheminé pour y aller avant de vous rencontrer ; mon action d’aller chez vous est donc passée en partie au moment où je vous le dis, et elle est simultanée avec votre rencontre ; et c’est parce que cette rencontre est actuelle, présente, que j’allais exprime un présent dans cette circonstance. Il en est de même de toutes les phrases semblables.

Présent em­ployé pour
des actions passées.

 

1003. Quelquefois aussi, en parlant des actions passées, on emploie la forme du présent : mais c’est qu’alors on se trans- |122 porte en idée à l’époque dont il s’agit, et l’on se considère comme si l’on était présent à ces actions : c’est une fiction qui donne plus de rapidité au style, et plus de mouvement et de vivacité au tableau.

Futur simple, ou absolu.

 

 

1004. Le futur peut s’envisager de deux manières. Si je dis : je labourerai mon champ, j’exprime d’une manière simple et absolue une action que je me propose de faire dans la suite, sans indiquer aucune époque déterminée dans l’avenir : et cette forme est la même quelle que soit cette époque future ; car je peux dire également : je labourerai dans une heure, ce soir, demain, dans une semaine, dans un mois, dans un an, dans un siècle. Cette forme s’appelle futur simple, ou futur absolu ; simple, parce que c’est l’une des formes simples des verbes ; absolu, parce qu’il exprime une action, ou une situation future d’une manière absolue, et sans préciser aucune époque dans l’avenir.

Hélas ! quand reviendront de semblables momens ?
Faut-il que tant d’objets, si doux et si charmans,
Me laissent vivre au gré de mon âme inquiète ?
Ah ! si mon cœur osait encor se renflammer !
Ne sentirai-je plus de charme qui m’arrête ?
        Ai-je passé le temps d’aimer ? (La Font., liv. 9, fab. 2.)

Présent em­ployé pour le futur.

 

 

|123 1005. Souvent la forme du présent est aussi employée pour exprimer une action future, comme quand on dit : je pars demain à huit heures précises. Mais il est évident que ce n’est pas la forme je pars qui, par elle-même, exprime un futur ; c’est le mot demain qui lui donne cette signification, et si l’on dit : je pars et non pas je partirai, c’est peut-être pour exprimer qu’on est aussi résolument décidé à partir que si l’on partait dans le moment ; on veut faire connaître combien il est certain qu’on partira (a) [17].

Futur passé, ou composé.

 

 

1006. Mais si je dis : j’aurai labouré mon champ lorsque vous reviendrez, j’exprime une action qui n’est pas faite encore, qui est par conséquent future au moment où j’en parle, mais qui sera passée lorsqu’une autre action future, dont je parle aura lieu.

Cette forme exprime donc tout à la fois un futur par rapport au moment où l’on parle, et un passé par rapport à une autre action future ; c’est à cause de ce double point de vue qu’on appelle cette forme futur passé, |124 et l’on voit facilement dans quel sens ces deux mots n’impliquent pas contradiction. On l’appelle aussi futur composé, parce que cette forme, ainsi que plusieurs autres (994, 995, 996, 998), est composée d’une forme du verbe avoir et du participe du verbe labourer.

Voici les deux formes du futur dans les vers suivans :

Alors je jouirai du fruit de mes travaux :
   Je n’irai par monts ni par vaux,
       M’exposer au vent, à la pluie ;
       Je vivrai sans mélancolie :
Le soin que j’aurai pris, de soins m’exemptera. (La Font., liv. 4, fab. 3.)

Quand le moment viendra d’aller trouver les morts,
J’aurai vécu sans soins et mourrai sans remords. (Liv. 11, fab. 4.)

Forme négli­gée.

 

1007. Nous ne parlons pas de la forme j’aurai eu labouré, qui est absolument inutile.

Huit formes différentes.

 

 

1008. Voilà donc en tout jusqu’ici huit formes différentes des verbes ; huit temps, pour exprimer les différentes époques d’une action, ou d’une situation. Observons bien que toutes ces formes expriment la même idée fondamentale, l’existence avec l’action de labourer ; que tous les mots que nous venons d’analyser ont la même racine (la- |125 bourer) ; et que leur terminaison varie à mesure que, outre l’idée fondamentale, on veut exprimer une idée accessoire relative ou aux personnes, ou aux nombres, ou aux temps ; par ce moyen, chaque nouvelle nuance d’idée est exprimée par un signe différent, ainsi que cela doit être pour éviter la confusion.

Récapitulons les huit formes que nous avons reconnues jusqu’à présent, en commençant par celles qui expriment l’époque la plus reculée dans le passé. Le plus que parfait (j’avais labouré) (994) ; le prétérit antérieur (j’eus labouré) (995) ; le prétérit défini (je labourai) (997) ; le prétérit indéfini (j’ai labouré) (998) ; le prétérit simultané (je labourais) (999) ; le présent (je laboure) (1001) ; le futur simple ou absolu (je labourerai) (1004) ; le futur passé ou composé (j’aurai labouré) (1006) ; sans compter deux formes pour le passé (996), et une pour le futur (1007), rejetées comme inutiles. Ajoutons de plus qu’on forme quelquefois un prétérit composé en employant les verbes venir, sortir, (999), et qu’on exprime souvent le présent par la forme de l’imparfait (1002), et le futur par la forme du présent, moyennant quelques mots accessoires (1005).

Inflexions relatives aux nombres et aux personnes.

 

 

|126 1009. Chacune des huit formes, ou chacun des huit temps que nous venons d’analyser, a six inflexions différentes pour exprimer, concurremment avec l’idée fondamentale et avec l’idée accessoire relative aux différentes époques de la durée, deux autres idées accessoires relatives aux personnes et aux nombres. Je labourais, tu labourais, il ou elle labourait, nous labourions, vous labouriez, ils ou elles labouraient..... Je labourai, tu labouras, il ou elle laboura, nous labourâmes, vous labourâtes, ils ou elles labourèrent, etc., etc.

Modes.

 

 

1010. Il y a plus : si nous examinons attentivement toutes ces formes avec leurs inflexions variées, nous nous convaincrons que toutes ces formes, dans toutes les inflexions, expriment une même vue de l’esprit, c’est-à-dire que, dans toutes, notre entendement considère l’action de labourer comme affirmative, quelles que soient d’ailleurs les idées accessoires relatives aux époques, aux personnes et aux nombres : car, dans toutes ces formes et dans toutes leurs inflexions différentes, on affirme qu’on avait labouré, qu’on eut labouré, qu’on laboura, qu’on a labouré, qu’on labourait, qu’on laboure, qu’on labourera, qu’on aura |127 labouré ; voilà donc un point de vue général, une vue de notre entendement qui convient également et à chacune des huit formes, et à chacune des six inflexions de chaque forme, indépendamment de l’idée fondamentale exprimée par le verbe, et des idées accessoires et relatives aux époques, aux personnes et aux nombres. Ce sont ces points de vue généraux qu’on appelle modes des verbes.

Les modes des verbes sont donc différens points de vue sous lesquels notre entendement envisage l’action ou la situation exprimée par un verbe, indépendamment des idées accessoires relatives aux époques, aux nombres et aux personnes.

Mode indi­catif, ou affir­matif.

 

 

1011. Puisque les huit formes dont nous nous sommes occupés jusqu’à présent expriment toutes une affirmation positive ; dans toutes leurs inflexions, toutes ces formes appartiennent donc à un même mode, qu’on pourrait nommer mode affirmatif, afin d’indiquer par son nom le point de vue de l’esprit qui est commun à toutes les formes de ce mode : on l’appelle néanmoins le plus souvent indicatif.

Nous verrons dans la suite (1216) que ce sont les formes de ce mode, qui, avec, |128 celles du mode conditionnel dont nous allons parler, sont seules propres à exprimer un jugement.

Mode condi­tionnel, ou suppositif.

 

 

1012. Si je dis : je labourerais si mes bœufs étaient en état ; ou bien : j’aurais labouré, ou j’eusse labouré s’il n’avait pas plu, j’affirme aussi que je suis, ou que je serai, ou que j’eusse été dans la disposition de labourer ; mais cette affirmation n’est point ici positive, absolue, indépendante, comme elle l’est dans les formes de l’affirmatif (1011), puisqu’ici elle dépend d’une condition, ou d’une supposition, si mes bœufs étaient en état, s’il n’avait pas plu.

Si j’osais ajouter au mot de l’interprète,
J’inspirerais ici l’amour de la retraite ;
Elle offre à ses amans des biens sans embarras,
Biens purs, présens du ciel, qui naissent sous les pas. (La Font., liv. 11, fab. 4.)

L’action ou la situation exprimée par le verbe est donc envisagée ici sous un point de vue différent par notre entendement : ce n’est plus une affirmation absolue, indépendante ; ce n’est qu’une affirmation conditionnelle, dépendante d’une supposition : toutes les formes qui annoncent cette vue de l’esprit forment donc un nouveau mode (1010), que nous appellerons conditionnel ou |129 suppositif ; et nous allons analyser les différentes formes de ce mode.

Prétérit anté­rieur, ou plus que parfait du conditionnel.

 

 

1013. Elles sont en petit nombre, et il nous semble que cela doit être ainsi : car, quand on affirme positivement qu’une chose a été, ou qu’elle est, ou qu’elle sera, on peut avoir besoin de distinguer avec une certaine précision des époques plus ou moins éloignées ; et c’est pour cela que l’affirmatif est celui de tous les modes qui a le plus de formes différentes ; mais lorsque l’affirmation est conditionnelle, on n’a pas besoin de distinguer autant d’époques.

Ainsi lorsqu’on dit : j’aurais eu labouré avant telle époque, ou à telle époque, si le temps avait ou eût continué d’être beau ; il est évident qu’on exprime une action dépendante d’une condition, de la continuation du beau temps, ce qui est essentiel à toutes les formes du conditionnel ; et que de plus, relativement aux époques, cette action aurait déjà été terminée plus ou moins long-temps avant une autre action passée, lorsqu’on dit : avant telle époque ; ce qui constitue un plus que parfait (994), ou que du moins elle aurait été justement terminée à une époque passée, lorsqu’on dit à telle époque ; ce qui constitue un prétérit |130 antérieur (995) : et, comme cette forme est absolument la même dans les deux cas, et qu’elle n’exprime une action plus ou moins reculée dans le passé qu’à cause de certains mots accessoires, il est naturel de l’appeler prétérit antérieur ou plus que parfait du conditionnel.

Forme négli­gée.

 

1014. Nous ne parlons pas de la forme j’eusse eu labouré, qui n’exprime rien de plus que la précédente j’aurais eu labouré.

Prétérit du conditionnel.

 

 

1015. Quand on dit : j’aurais labouré, s’il n’avait pas plu ; ou j’eusse labouré, s’il n’avait pas plu, on exprime un rapport de simultanéité entre l’action exprimée par le verbe et une époque déjà passée ; c’est donc un prétérit ; et, puisque d’ailleurs l’action dont on parle a dépendu d’une condition, c’est le prétérit du conditionnel. S’il y a une différence dans les deux formes de l’auxiliaire ; il semble que j’aurais labouré indique l’époque pendant laquelle on aurait labouré, et que j’eusse labouré indique celle où cela eût été terminé : nous confondrons néanmoins ces deux nuances sous le nom commun de prétérit du conditionnel.

Ce prétérit, au reste, s’applique à toutes les époques passées, puisqu’on peut dire également : j’aurais ou j’eusse labouré ce |131 matin, j’aurais ou j’eusse labouré hier, j’aurais ou j’eusse labouré il y a vingt ans, si, etc. Dans tous ces cas, on ne parle que d’une action qu’on aurait entreprise à telle ou telle époque, si cette condition avait eu lieu. Si l’on veut présenter cette action comme finie à une époque déterminée, ou avant une époque fixe, il faut employer le plus que parfait, j’aurais ou j’eusse eu labouré il y a trois mois, si, etc.

Présent et futur du con­ditionnel.

 

 

1016. Examinons maintenant la forme je labourerais, si mes bœufs étaient en état ; il est évident qu’elle appartient au conditionnel, puisque l’action qu’elle exprime est subordonnée à une condition, et il est facile de voir qu’elle exprime un rapport de simultanéité au présent ou au futur, selon les circonstances. Car on dirait également : je labourerais dès à présent, si mes bœufs étaient en état ; et voilà un rapport de simultanéité à l’époque actuelle, un vrai présent, et alors étaient indique une époque présente, quoique sous la forme de l’imparfait (1003) : on pourrait dire aussi : je labourerais demain, ou la semaine prochaine, ou, etc., si mes bœufs étaient en état ; et alors voilà un rapport de simultanéité à une époque future, et le verbe |132 étaient exprime alors aussi un futur sous la forme de l’imparfait. Et puisque la forme je labourerais est absolument la même dans les deux cas, et qu’elle se prête également à ces deux sens, il faut l’appeler présent et futur du conditionnel.

La perte d’un époux ne va point sans soupirs ;
On fait beaucoup de bruit, et puis on se console :
Sur les ailes du temps la tristesse s’envole ;
        Le temps ramène les plaisirs.
        Entre la veuve d’une année
        Et la veuve d’une journée,
La différence est grande. On ne croirait jamais
        Que ce fût la même personne. (La Font., liv. 6, fab. 21.)

Trois formes du condition­nel.

 

 

1017. L’affirmation conditionnelle est donc le caractère distinctif de toutes les formes du conditionnel : nous jugeons inutile d’observer que la condition n’est pas toujours explicitement énoncée ; mais elle est sous-entendue. Dans ces vers de La Fontaine, par exemple :

..... On ne croirait jamais
   Que ce fût la même personne.

la condition sous-entendue est : si l’on s’en tenait aux apparences. Dans cette phrase : |133 on pourrait dire, etc., aucune condition n’est énoncée ; il y en a néanmoins une de tacitement supposée : on pourrait dire, etc. Si l’on voulait entrer dans les détails, ou si l’on voulait se défendre, ou s’il était permis de s’expliquer, ou, etc., selon les circonstances.

Les formes propres au mode conditionnel sont donc en commençant par l’époque la plus éloignée, le plus que parfait ou prétérit antérieur (1013) ; le prétérit (1015) ; et le présent et futur (1016), outre une forme jugée inutile (1014). De plus le prétérit a deux formes qui dépendent de son auxiliaire (1015).

Observation.

 

 

1018. Dans la phrase : je pars demain, si mes affaires sont terminées, il y a une condition, de laquelle dépend mon départ ; néanmoins je pars est une forme de l’indicatif, qui exprime ici un futur à cause des circonstances (1005), et cette phrase équivaut à celle-ci : je partirai demain, à condition que mes affaires seront terminées, ou pourvu que mes affaires soient terminées.

Impératif.

 

 

1019. Quelquefois on n’affirme pas ni positivement, ni moyennant une condition ; mais on ordonne, ou l’on prie de faire l’action, ou de se mettre dans la situation |134 exprimée par un verbe ; ce nouveau point de vue sous lequel notre esprit envisage la chose constitue le mode impératif, ainsi nommé d’un mot latin qui signifie commander. Le commandement ou la demande absolue est donc le point de vue, ou l’accessoire distinctif qui caractérise les formes de l’impératif. Il en a peu, parce que les formes du commandement ne peuvent guère être variées.

       Défendez-vous par la grandeur,
Alléguez la beauté, la vertu, la jeunesse,
       La mort ravit tout sans pudeur ;
Un jour le monde entier accroîtra sa richesse. (La Font., liv. 8, fab. 1.)

Présent de l’impératif.

 

 

1020. Cependant, ou l’on commande que la chose se fasse dès l’instant même de l’ordre reçu, comme laboure, qu’il laboure, labourons, labourez, qu’ils labourent, et cette forme a rapport à l’époque actuelle, c’est donc un présent ; ou bien elle exprime une chose qui doit toujours avoir lieu dans tous les instans de notre existence, et c’est encore un présent (1001). Soyons toujours justes. Tenons-nous sur nos gardes.

Laissez dire les sots, le savoir a son prix. (La Font., liv. 8, fab. 19.)

|135 Laissez entre la colère
Et l’orage qui la suit
L’intervalle d’une nuit. (Liv. 8, fab. 20.)

Futur de l’impératif.

 

 

1021. Ou l’on indique une époque avant laquelle on demande que la chose soit faite : aye labouré tel champ, avant mon retour ; et cette forme exprime un rapport à une époque postérieure ; c’est donc un futur. La même forme exprime bien aussi un passé relativement à cette époque future que l’on indique ; car je demande que tel champ soit labouré avant mon retour, et l’on pourrait, par ce motif, l’appeler futur passé ou futur composé (1006) ; mais comme l’impératif n’a pas d’autre forme, nous l’appellerons simplement futur de l’impératif.

Pourquoi les temps de l’im­pé­ratif n’ont pas de pre­mière per­sonne au sin­gulier.

 

1022. Aucune des formes de l’impératif n’a de première personne au singulier, parce qu’ordinairement on ne se commande pas à soi-même ; on fait ce que l’on a en vue sans se le commander ; ou bien si l’on commande à soi-même, comme quand on se dit : prends courage, mon ami, on se sert de la seconde personne ; parce qu’alors on se décompose, en quelque sorte, en deux personnes, dont l’une commande et l’autre doit obéir.

Pourquoi le[s] |136 troi­sièmes per­sonnes sont pré­cédées de la con­jonction que.

 

 

1023. Les troisièmes personnes des deux |136 formes de l’impératif sont précédées de la conjonction que, parce qu’elles sont empruntées du subjonctif, dont nous allons nous occuper, et qu’on les suppose toujours précédées des mots je veux ou j’ordonne, ou autres semblables : je veux qu’il laboure ; j’ordonne qu’ils déguerpissent à l’instant. Le commandement ne peut guère se transmettre à la troisième personne que par l’intermédiaire d’un tiers qui le reçoit directement pour le transmettre : dites-lui qu’il m’apporte mes livres ; dites-lui est à l’impératif ; il exprime un commandement transmis directement et immédiatement, soit de vive voix, soit par écrit, à la personne à qui l’on s’adresse ; qu’il m’apporte est indifféremment à l’impératif, ou au subjonctif ; cette forme dépend toujours d’un verbe précédent, exprimé ou sous-entendu, comme toutes celles du subjonctif. Il en est de même de qu’il laboure, qu’il ait labouré, qu’ils aient labouré ; et voilà pourquoi les troisièmes personnes des deux formes de l’impératif, tant au singulier qu’au pluriel, sont toujours précédées de la conjonction que.

Subjonctif ou optatif.

 

 

1024. Quelquefois l’action ou la situation exprimée par un verbe dépend d’un verbe antérieur, énoncé ou sous-entendu, expri- |137 mant ou le désir, ou la crainte, ou le doute, ou quelqu’autre affection de l’âme, comme je doute qu’il laboure, je craignais qu’il ne labourât pas à temps, je désirais qu’il eût labouré avant telle époque, etc. Toutes les formes qui expriment cette vue particulière de l’esprit appartiennent à un autre mode appelé subjonctif, du mot latin subjungere, qui signifie joindre avec une sorte de dépendance. On l’appelle aussi optatif, du mot latin aptare, qui signifie désirer, parce que les formes de ce mode expriment souvent le désir que l’on a qu’une chose se fasse, ou qu’elle se fît, ou, etc.

Veuillent les immortels, conducteurs de ma langue,
Que je ne dise rien qui doive être repris. (La Font., liv. 11, fab. 7.)

Qu’on m’aille soutenir, après un tel récit,
       Que les bêtes n’ont point d’esprit. (La Font., liv. 10, fab. 1.)

suppléez je défie.

Présent et futur du sub­jonctif.

 

 

1025. Examinons les différentes formes de ce mode. Si je dis : je doute, ou je désire qu’il laboure dans ce moment ; je doute, ou je désire qu’il laboure la semaine prochaine, la forme qu’il laboure, qui est la même dans les deux cas, exprime un présent dans la première proposition, et un futur dans la |138 seconde. De même, à ces deux questions : laboure-t-il ? labourera-t-il ? dont la première appartient au présent, et la seconde à l’avenir, on peut résoudre également : je doute, ou je ne crois pas qu’il laboure ; conséquemment cette forme est tout à la fois un présent et un futur ; nous l’appellerons donc présent et futur du subjonctif.

Qu’en ses plus beaux habits d’Aurore au teint vermeil
Annonce à l’univers le retour du soleil ;
Et que devant son char ses légères suivantes
Ouvrent de l’Orient les portes éclatantes. (Segrais, églo. 5.e)

Imparfait du subjonctif.

 

 

1026. On peut dire également : on avait douté, on a douté, on douta, on doutait que je labourasse, etc., dans tous ces cas, l’action exprimée par la forme que je labourasse est passée au moment où l’on parle, mais elle paraît être simultanée avec l’instant de doute : cette forme exprime donc tout à la fois un passé et un présent, sous deux points de vue différens, et en même temps la dépendance qui caractérise toutes les formes du subjonctif (1024) ; nous devons donc l’appeler imparfait du subjonctif, par les mêmes raisons qui nous ont conduits à nommer l’imparfait ou le prétérit simultané de l’indicatif (999).

|139 Dans ces phrases : on désirait que je labourasse ; on souhaitait que j’apprisse la Grammaire, et d’autres semblables, les formes que je labourasse, que j’apprisse se rapportent à une époque passée au moment où l’on parle, et, sous ce point de vue, ce seraient des prétérits ; mais en même temps elles expriment une action qui était future au moment où l’on désirait, où l’on souhaitait ; ce ne sont donc pas des passés purs ; ce sont des passés nuancés par l’idée accessoire d’une époque différente : ce sont donc encore des imparfaits.

    J’aurais voulu vous choisir un sujet
Où je pusse mêler le plaisant et l’utile :
       C’était sans doute un beau projet,
       Si ce choix eût été facile. (La Font., liv. 12, fab. 1.)

Prétérit du subjonctif.

 

 

1027. Il a fallu que j’aie labouré exprime évidemment une action passée ; nul doute à cet égard ; mais il ne viendra pas chez moi qu’il n’ait labouré paraît exprimer une action future à cause du futur il ne viendra pas, d’où dépend la forme du subjonctif qu’il n’ait labouré : mais si l’on fait attention que, même dans cette dernière phrase, qu’il n’ait labouré exprime une action qui sera passée à l’époque où il pourra venir, à |140 l’époque de l’action exprimée par le verbe précédent, on ne sera pas étonné que nous donnions à cette forme le nom de prétérit du subjonctif. Ainsi le prétérit du subjonctif exprime ou une action déjà passée au moment où l’on parle, ou une action future dans ce moment, mais qu’on se représente comme déjà passée au moment où aura lieu celle qui est énoncée par le premier verbe.

Plus que par­fait du sub­jonc­tif.

 

 

1028. Pareillement : on avait craint que j’eusse labouré trop tôt est évidemment un plus que parfait, on désirerait que j’eusse labouré avant telle époque exprime un futur relativement à l’époque où je parle, mais un plus que parfait aussi par rapport à l’époque dont il s’agit : c’est pour cela que nous nommerons cette forme plus que parfait du subjonctif.

Forme né­gligée.

 

1029. Il y a encore la forme que j’eusse eu labouré qui marque plus particulièrement le temps où le labour eût été fini. Mais peut-être n’est-elle pas bien nécessaire.

Formes du subjonctif.

 

1030. Les formes propres au mode subjonctif sont donc : le plus que parfait (1028), le prétérit (1027), l’imparfait (1026), et le présent ou futur (1025), outre une forme peu nécessaire.

Infinitif.

 

 

|141 1031. Chaque verbe, excepté le modificatif commun être, exprime l’existence réelle ou intellectuelle d’un sujet avec une modification déterminée (990). Si, par abstraction, par une vue particulière de l’esprit, on envisage comme un être déterminé cette existence d’un sujet quelconque sous une relation à telle modification, le verbe est au mode appelé infinitif. Il exprime alors une action ou un état sans aucune idée accessoire, c’est-à-dire, sans aucun rapport ni aux époques, ni aux nombres, ni aux personnes ; labourer, souffrir, rendre, signifie simplement être labourant, être souffrant, être rendant, ou exister avec la modification de labourer, de souffrir, de rendre, sans exprimer si c’est moi ou un autre, un seul ou plusieurs, à présent, ou dans le temps passé, ou à l’avenir. Le mot infinitif n’exprime pas les propriétés de ce mode, mais il est consacré par l’usage.

Apprendre à se connaître est le premier des soins
Qu’impose à tout mortel la majesté suprême. (La Font., liv. 12, fab. 32.)

Travailler est le lot et l’honneur d’un mortel. (Voltaire.)

Mode attri­butif.

 

 

1032. Chaque verbe a, dans notre langue, deux participes de même nature que le verbe |142 auquel ils appartiennent, et expriment comme lui la combinaison de l’existence ou réelle ou intellectuelle, avec une modification déterminée ; labourant signifie la même chose que existant en produisant l’acte de labourer ; labouré signifie existant avec la modification d’être labouré. Les participes signifient donc l’espèce individuelle d’attribution ou de modification que chaque verbe exprime conjointement avec l’existence, et ils renferment les élémens de toutes les formes simples ou composées des verbes : ils forment donc un sixième mode que nous pouvons nommer attributif, d’après l’idée que nous venons d’en donner. Voyons quelles en sont les formes.

Deux formes de ce mode.










Participe ac­tif ou présent.

 

1033. Ce mode a, dans notre langue, deux formes impersonnelles ; l’une, toujours terminée en ant, exprime toujours simultanéité avec l’époque quelconque dont on parle (il avait été labourant, il eût été labourant, il fut labourant, il a été labourant, il est labourant, il sera labourant, il aura été labourant, etc. ; ou il avait labouré, il eût labouré, il laboura, il laboure, il labourera, il aura labouré). Cette première forme peut seule servir à décomposer les formes des verbes, et exprime particulièrement et pro- |143 prement l’énergie renfermée dans le sujet au moment même où il produit l’action, ou dans celui où il éprouve une situation : aimant, c’est-à-dire, faisant ou produisant, au moment même dont il s’agit, l’action d’aimer ; languissant, c’est-à-dire, étant, dans le moment même, dans un état de langueur. Ce double caractère de ce participe nous autorise à le nommer participe actif, à cause de l’énergie ou de l’activité qu’il indique dans le sujet, et participe présent, à cause de la simultanéité qu’il exprime toujours.

Fier et farouche objet toujours courant aux bois,
Toujours sautant aux prés, dansant sur la verdure,
       Et ne connaissant d’autres lois
Que son caprice : au reste, égalant les plus belles,
       Et surpassant les plus cruelles. (La Font., liv. 12, fab. 27.)

Participe pas­sif ou passé.

 

 

1034. L’autre forme du mode attributif a des terminaisons variées dans les différens verbes ; concourt, par sa combinaison avec les formes du verbe avoir, à la composition des formes composées des verbes, et, avec celles du verbe être, à la formation des passifs ; conserve, dans toutes ces combinaisons, un rapport d’antériorité à l’époque quelconque dont on parle ; a pour caractère particulier et distinctif d’exprimer, non |144 pas comme le participe précédent l’énergie du sujet qui produit l’action, mais le produit de l’action ou de la situation exprimée par le verbe auquel il appartient. Il avait été labouré, il eût été labouré, il fut labouré, etc., etc. Il est évident qu’ici ce n’est pas le sujet qui produit ou qui exerce l’action de labourer, comme dans le n.o précédent ; c’est, au contraire, lui qui la souffre, ou sur qui elle a été exercée : c’est pour cela qu’on appelle cette forme participe passif. De plus, dans tous ces cas, le labour est antérieur aux différentes époques exprimées par il avait été, il eût été, il fut, etc. ; le labour est exécuté, terminé ; et c’est pour ce dernier motif qu’on l’appelle aussi participe passé.

Mode inter­rogatif.






Le sujet se place après le verbe dans di­vers cas.

 

1035. Quelquefois on n’affirme ni positivement (1011), ni moyennant une condition (1012, 1017), on ne commande pas (1020), on n’exprime pas le doute ou le désir (1024) relativement à l’action ou à la situation exprimée par un verbe ; on est dans l’ignorance ou dans l’incertitude à cet égard, et l’on questionne pour savoir ce qui en est : ce nouveau point de vue forme un nouveau mode que l’on doit naturellement appeler mode interrogatif. Il a les mêmes formes que l’affirmatif et que |145 le conditionnel (1008, 1017), avec cette seule différence que, dans le mode interrogatif, les substantifs personnels se placent après le verbe, au lieu de se mettre devant comme dans les autres modes. Avais-je labouré ? eus-tu labouré ? a-t-il labouré ? labourâmes-nous ? labouriez-vous ? labourent-ils ? etc.

Mais ces hivers, dont la triste froidure
Gerce nos fruits, jaunit notre verdure,
Que servent-ils ? et que servent ces jours
Tous inégaux, tantôt longs, tantôt courts ? (J.-B. Rouss., allégo. 3, liv. 2.)

 

 

1036. Cette transposition des substantifs personnels a aussi lieu lorsqu’on s’énonce hypothétiquement, quoiqu’on n’interroge pas. On dit, par exemple, eussé-je labouré mon champ plutôt que vous, je n’en serais pas plus avancé ; c’est-à-dire, lors même que j’aurais labouré, etc. ; ou, dans l’hypothèse même que j’eusse, ou que j’aurais labouré, etc. Dût-on me persécuter et me blâmer, je ferai toujours mon devoir ; c’est-à-dire, dans la supposition même qu’on dût me blâmer, etc. Enfin le sujet se place aussi après le verbe, lorsqu’on exprime un vœu, un souhait par exclamation.

|146 Puisse le ciel tous deux vous prendre pour victimes,
Et laisser choir sur vous les peines de mes crimes !
Puissiez-vous ne trouver, dedans votre union,
Qu’horreur, que jalousie et que confusion !
Et, pour vous souhaiter tous les malheurs ensemble,
Puisse naître de vous un fils qui me ressemble ! (P. Corneille, Rodog., act. 5, sc. 4.)

Récapitulation.

 

1037. Réunissons maintenant sous un seul point de vue toutes les formes d’un verbe dans tous ses modes.

Infinitif.

 

 

1.o L’infinitif, sans idée accessoire relative aux nombres, ni aux personnes, ni aux époques, et exprimant simplement la combinaison de l’existence avec une modification déterminée (1031). On l’emploie souvent comme un vrai substantif.

L’oisiveté pèse et tourmente :
S’occuper c’est savoir jouir :
L’âme est un feu qu’il faut nourrir,
Et qui s’éteint s’il ne s’augmente. (Voltaire.)

Mes parens, reprit-il, ne m’ont point fait instruire ;
Ils sont pauvres, et n’ont qu’un trou pour tout avoir :
Ceux du loup, gros messieurs, l’ont fait apprendre à lire. (La Font., liv. 12, fab. 17.)

L’attributif ; deux formes.

 

2.o L’attributif, qui a deux formes, le participe présent ou actif (1033), et le participe passé ou passif (1034).

L’indicatif ; huit formes.

 

 

|147 3.o L’indicatif ou affirmatif a pour caractère distinctif l’affirmation positive : les formes en sont le plus que parfait, le prétérit antérieur, le prétérit défini, le prétérit indéfini, le prétérit simultané, le présent, le futur simple ou absolu, et le futur passé ou composé ; sans compter trois formes que nous avons cru pouvoir négliger, et sans compter de plus qu’on exprime quelquefois un futur avec la forme du présent et un présent avec la forme de l’imparfait (1008).

Le condi­tion­nel ; trois formes.

 

 

4.o L’affirmation conditionnelle ou dépendante d’une supposition est l’accessoire distinctif du mode conditionnel ou suppositif. Les formes qui lui appartiennent sont le prétérit antérieur ou plus que parfait, le prétérit et le présent ou futur ; sans compter une autre forme que nous avons cru devoir négliger (1017).

L’impératif ; deux formes.

 

5.o Le commandement ou la prière sont le point de vue particulier qui constitue l’impératif : il n’a que deux formes, le présent et le futur, n’a pas de première personne au singulier, et a toujours la troisième personne précédée de la conjonction que (1019-1023).

Subjonctif ou optatif ; quatre formes.

 

6.o Le subjonctif ou optatif exprime le doute, le désir ou la crainte, ou toujours |148 une dépendance d’un verbe antérieur énoncé ou sous-entendu ; toutes les inflexions, dans toutes les formes, sont précédées par la conjonction que, à cause de cette même dépendance. Ces formes sont le plus que parfait, le prétérit, l’imparfait et le présent et futur, outre une forme négligée (1030).

L’interrogatif ; onze formes.

 

7.o L’interrogatif est le point de vue particulier qui constitue le mode interrogatif : les formes sont les mêmes que celles de l’affirmatif et du conditionnel, en plaçant les substantifs personnels à la suite (1035). Il a donc onze formes.

Nombre total des formes et des inflexions de chaque verbe.

 

 

1038. Chaque verbe, excepté ceux qui sont défectifs, a donc en tout trente-deux formes usitées et cinq formes qu’on peut négliger ; et, puisque chaque forme a six inflexions différentes pour exprimer encore les idées accessoires des nombres et des personnes (excepté l’infinitif, l’attributif et l’impératif), il s’ensuit que chaque verbe exprime réellement cent soixante-quinze idées différentes par cent soixante-quinze inflexions variées (508), exprimant toutes la même idée fondamentale, la même combinaison de l’existence avec une modification déterminée, et de plus des idées accessoires variées et relatives aux personnes, aux nombres, aux différentes époques de la |149 durée, et à différentes vues de notre entendement qui tantôt affirme positivement, tantôt conditionnellement, tantôt ordonne ou prie, tantôt doute ou craint, ou désire, tantôt interroge, etc. Nous avons donc eu raison de considérer (512) la formation des verbes comme l’un des plus sublimes efforts du génie de l’homme.

Conjuguer.

 

 

1039. Conjuguer un verbe c’est en rassembler, par écrit ou de vive voix, toutes les inflexions dans toutes les formes de chacun des sept modes dont nous venons de parler.

Conjuguai­sons.

 

 

1040. On classe communément les verbes français en quatre conjugaisons, distinguées l’une de l’autre par la terminaison de l’infinitif.

1.o Ceux qui ont l’infinitif terminé en er, comme labourer, chanter, danser, etc., etc.

2.o Ceux qui l’ont terminé en ir, comme sentir, ravir, finir, jouir, etc., etc.

3.o Ceux qui l’ont terminé en oir, comme recevoir, percevoir, etc.

4.o Ceux qui l’ont terminé en re, comme rendre, prendre, apprendre, etc.

Verbes auxi­liaires.

 

1041. Le verbe avoir et le verbe être, qui n’appartiennent à aucune de ces quatre conjugaisons, s’appellent verbes auxiliaires ; le |150 premier, parce qu’il entre dans les formes composées de tous les verbes, ainsi que nous l’avons déjà vu ; et le second, parce que c’est par ce moyen qu’on prouve, par la décomposition, que tous les modificatifs combinés expriment l’existence jointe à un attribut déterminé (991), et qu’il est d’ailleurs indispensable pour la formation de nos passifs, si l’on peut dire que nous avons des passifs dans notre langue. Nous allons conjuguer chacun de ces auxiliaires en entier, avant de donner un modèle de chacune des quatre conjugaisons en er, en ir, en oir, et en re.

Conjugaison de AVOIR.

 

1042. Conjugaison du verbe auxiliaire avoir.

 

1.o INFINITIF.

Avoir.

 

2.o ATTRIBUTIF.

1.o Participe présent ou actif........
2.o Participe passé ou passif.......

Ayant.
Eu, eue.

 

3.o INDICATIF, OU AFFIRMATIF.

1.o Plus que parfait.

J’avais eu....... avant qu’il n’arrivât.
Tu avais eu.
Il ou elle avait eu.

} singulier.

Nous avions eu.
Vous aviez eu.
Ils ou elles avaient eu.

} pluriel.

 

|151 2.o Prétérit antérieur.

J’eus eu........ antérieurement à lui.
Tu eus eu.
Il ou elle eut eu.

} singulier.

Nous eûmes eu.
Vous eûtes eu.
Ils ou elles eurent eu.

} pluriel.

 

3.o Prétérit défini.

J’eus........... il y a six mois, jadis.
Tu eus.
Il ou elle eut.

} singulier.

Nous eûmes.
Vous eûtes.
Ils ou elles eurent.

} pluriel.

 

4.o Prétérit indéfini.

J’ai eu ce matin, cette année, autrefois.
Tu as eu.
Il ou elle a eu.

} singulier.

Nous avons eu.
Vous avez eu.
Ils ou elles ont eu.

} pluriel.

 

5.o Imparfait, ou prétérit simultané.

J’avais.. la fièvre, lorsque vous vîntes.
Tu avais.
Il ou elle avait.

} singulier.

Nous avions.
Vous aviez.
Ils ou elles avaient.

} pluriel.

 

6.o Présent.

J’ai.. actuellement, ou habituellement.
Tu as.
Il ou elle a.

} singulier.

|152 Nous avons.
Vous avez.
Ils ou elles ont.

} pluriel.

 

7.o Futur simple, ou absolu.

J’aurai.. ce soir, demain, dans vingt ans.
Tu auras.
Il ou elle aura.

} singulier.

Nous aurons.
Vous aurez.
Ils ou elles auront.

} pluriel.

 

8.o Futur passé, ou futur composé.

J’aurai eu.... lorsqu’il viendra.
Tu auras eu.
Il ou elle aura eu.

} singulier.

Nous aurons eu.
Vous aurez eu.
Ils ou elles auront eu.

} pluriel.

 

4.o CONDITIONNEL, OU SUPPOSITIF.

1.o Prétérit antérieur, ou plus que parfait.

Cette forme manque dans ce verbe ; ce devrait être : j’aurais eu eu.

 

2.o Prétérit, qui a deux formes.

J’aurais eu, ou j’eusse eu..... si l’on m’avait aidé.
Tu aurais eu, ou tu eusses eu.
Il ou elle aurait eu, ou il ou elle eût eu.

} singulier.

Nous aurions eu, ou nous eussions eu.
Vous auriez eu, ou vous eussiez eu.
Ils ou elles auraient eu, ou ils ou elles eussent eu.

} pluriel.

 

|153 3.o Présent, ou futur.

J’aurais... beau jeu, si l’on voulait, etc.
Tu aurais.
Il ou elle aurait.

} singulier.

Nous aurions.
Vous auriez.
Ils ou elles auraient.

} pluriel.

 

5.o IMPÉRATIF.

1.o Présent.

Aye.... pitié des malheureux.
Qu’il ou qu’elle ait.

} singulier.

Ayons.
Ayez.
Qu’ils ou qu’elles aient.

} pluriel.

 

2.o Futur.

Aye eu.... soin de lui, avant mon re­tour.
Qu’il ait eu, ou qu’elle ait eu.

} singulier.

Ayons eu.
Ayez eu.
Qu’ils ou qu’elles aient eu.

} pluriel.

 

6.o SUBJONCTIF, OU OPTATIF.

1.o Plus que parfait.

On voudrait, ou l’on désirerait Que j’eusse eu.
       Que tu eusses eu.
       Qu’il ou qu’elle eût eu.

} singulier.

       Que nous eussions eu.
       Que vous eussiez eu.
       Qu’ils ou qu’elles eussent eu.

} pluriel.

 

|154 2.o Prétérit.

On doute, ou l’on a craint Que j’aye eu.. peur.
       Que tu ayes eu.
       Qu’il ou qu’elle ait eu.

} singulier.

       Que nous ayons eu.
       Que vous ayez eu.
       Qu’ils ou qu’elles aient eu.

} pluriel.

 

3.o Imparfait.

On doutait, on souhaita Que j’eusse... raison.
       Que tu eusses.
       Qu’il ou qu’elle eût.

} singulier.

       Que nous eussions.
       Que vous eussiez.
       Qu’ils ou qu’elles eussent.

} pluriel.

 

4.o Présent, ou futur.

On désire, on craindra Que j’aye... tort.
       Que tu ayes.
       Qu’il ou qu’elle ait.

} singulier.

       Que nous ayons.
       Que vous ayez.
       Qu’ils ou qu’elles aient.

} pluriel.

 

 

 

7.o INTERROGATIF.

Ce mode a toutes les formes de l’affirmatif et du conditionnel (1035). Nous ne le placerons désormais dans aucune conjugaison.

Conjugaison de ETRE.

 

1043. Conjugaison du modificatif commun être.

 

1.o INFINITIF.

Être.

 

|155 2.o ATTRIBUTIF.

1.o Participe présent ou actif........
2.o Participe passé ou passif.......

Etant.
Eté, sans féminin.

 

3.o AFFIRMATIF, OU INDICATIF.

1.o Plus que parfait.

J’avais été.... saigné, lorsqu’on vint m’appeler.
Tu avais été.
Il ou elle avait été.

} singulier.

Nous avions été.
Vous aviez été.
Ils ou elles avaient été.

} pluriel.

 

2.o Prétérit antérieur.

J’eus été.... sensible, antérieurement à ces épreuves.
Tu eus été.
Il ou elle eut été.

} singulier.

Nous eûmes été.
Vous eûtes été.
Ils ou elles eurent été.

} pluriel.

 

3.o Prétérit défini.

Je fus.... malade hier, le mois dernier, il y a dix ans.
Tu fus.
Il ou elle fut.

} singulier.

Nous fûmes.
Vous fûtes.
Ils ou elles furent.

} pluriel.

 

|156 4.o Prétérit indéfini.

J’ai été... mécontent de lui aujour­d’hui, cette année.
Tu as été.
Il ou elle a été.

} singulier.

Nous avons été.
Vous avez été.
Ils ou elles ont été.

} pluriel.

 

5.o Imparfait, ou prétérit simultané.

J’étais.... à la campagne, lorsque je reçus sa lettre.
Tu étais.
Il ou elle était.

} singulier.

Nous étions.
Vous étiez.
Ils ou elles étaient.

} pluriel.

 

6.o Présent.

Je suis.... habituellement sérieux.
Tu es.
Il ou elle est.

} singulier.

Nous sommes.
Vous êtes.
Ils ou elles sont.

} pluriel.

 

7.o Futur simple, ou futur absolu.

Je serai.... plus réservé, à l’avenir.
Tu seras.
Il ou elle sera.

} singulier.

Nous serons.
Vous serez.
Ils ou elles seront.

} pluriel.

 

|157 8.o Futur passé, ou futur composé.

J’aurai été.... justifié avant son retour.
Tu auras été.
Il ou elle aura été.

} singulier.

Nous aurons été.
Vous aurez été.
Ils ou elles auront été.

} pluriel.

 

4.o CONDITIONNEL, OU SUPPOSITIF.

1.o Prétérit antérieur.

Cette forme manque, ou est inutile ; elle serait : j’aurais eu été.

 

2.o Prétérit, qui a deux formes.

J’aurais été, ou j’eusse été.... perdu si l’on, etc.
Tu aurais été, ou tu eusses été.
Il ou elle aurait été, ou il ou elle eût été.

}  singulier.

Nous aurions été, ou nous eussions été.
Vous auriez été, ou vous eussiez été.
Ils ou elles auraient été, ou il [sic] ou elles eussent été.

} pluriel.

 

3.o Présent et futur.

Je serais... inconsolable, s’il ne réus­sissait pas.
Tu serais.
Il ou elle serait.

} singulier.

Nous serions.
Vous seriez.
Ils ou elles seraient.

} pluriel.

 

5.o IMPÉRATIF

1.o Présent.

Sois.... sage, si tu veux être heureux.
Qu’il ou qu’elle soit.

} singulier.

|158 Soyons.
Soyez.
Qu’ils ou qu’elles soient.

} pluriel.

 

2.o Futur.

Aye été.. purgé avant le prochain accès.
Qu’il ou qu’elle ait été.

} singulier.

Ayons été.
Ayez été.
Qu’ils ou qu’elles aient été.

} pluriel.

 

6.o OPTATIF, OU SUBJONCTIF.

1.o Plus que parfait.

On avait douté... Que j’eusse été... assez prudent.
       Que tu eusses été.
       Qu’il ou qu’elle eût été.

} singulier.

       Que nous eussions été.
       Que vous eussiez été.
       Qu’ils ou qu’elles eussent été.

} pluriel.

 

2.o Prétérit.

On a voulu... Que j’aye été... trop franc.
       Que tu ayes été.
       Qu’il ou qu’elle ait été.

} singulier.

       Que nous ayons été.
       Que vous ayez été.
       Qu’ils ou qu’elles aient été.

} pluriel.

 

3.o Imparfait.

On craignit.... Que je ne fusse... élu.
       Que tu fusses.
       Qu’il ou qu’elle fût.

} singulier.

       Que nous fussions.
       Que vous fussiez.
       Qu’ils ou qu’elles fussent.

} pluriel.

 

|159 4.o Présent et futur.

On désire, on doutera... Que je sois... discret.
       Que tu sois.
       Qu’il ou qu’elle soit.

} singulier.

       Que nous soyons.
       Que vous soyez.
       Qu’ils ou qu’elles soient.

} pluriel.

 

Observations.

 

 

1044. On voit, par les deux tableaux précédens, que le verbe avoir se suffit à lui-même, qu’il n’emprunte rien d’aucun autre, et que les formes composées en sont formées par la réunion des formes simples du même verbe avec un participe passé ; au lieu que les formes composées du verbe être exigent le concours des formes du verbe avoir. On verra bientôt qu’il en est de même pour les autres verbes.

1045. Il faut distinguer soigneusement le futur simple ou absolu de l’affirmatif, et le présent et futur du conditionnel (j’aurai, j’aurais ; je serai, je serais) ; on confond souvent l’un avec l’autre, soit en parlant, soit en écrivant, ce qui est une faute qui expose à des contre-sens graves. Il faut appliquer la même remarque à tous les autres verbes.

De même, il faut distinguer avec soin le prétérit défini de l’indicatif, de l’imparfait |160 du subjonctif (je fus, je fusse ; tu fus, tu fusses, etc. J’eus, j’eusse,... nous eûmes, nous eussions, etc.)

1046. La seconde personne du singulier d’une forme quelconque est terminée par un s, excepté à l’impératif ; observation utile pour l’orthographe.

Verbes ré­guliers.

 

1047. Nous allons maintenant donner un modèle (a) [18] de chacune des quatre conjugaisons.

Les verbes réguliers se conjuguent tous de la même manière que leurs modèles respectifs, soit en er, soit en ir, soit en oir, soit en re ; et on les appelle réguliers parce qu’ils suivent dans toutes leurs formes le modèle de leur conjugaison ; d’où il suit évidemment qu’ils ne sont ni réguliers, ni irréguliers par leur nature, mais relativement au modèle que l’on a choisi : en sorte que, si l’on prenait un autre modèle, ce qui est absolument arbitraire, ceux qui étaient irréguliers dans le premier cas, pourraient être réguliers dans le second, et réciproquement.

Conjugaison des verbes ré­guliers en er.

 

1048. Conjugaison des verbes réguliers en er.

 

|161

MODÈLE, OU PARADIGME, AIMER.

 

1.o INFINITIF.

Aimer.

 

2.o ATTRIBUTIF.

1.o Participe présent ou actif........
2.o Participe passé ou passif.......

Aimant.
Aimé, aimée.

 

3.o INDICATIF, OU AFFIRMATIF.

1.o Plus que parfait.

J’avais aimé... N... avant de l’avoir vu.
Tu avais aimé.
Il ou elle avait aimé.

} singulier.

Nous avions aimé.
Vous aviez aimé.
Ils ou elles avaient aimé.

} pluriel.

 

2.o Prétérit antérieur.

J’eus aimé... lorsque je vins à savoir, etc.
Tu eus aimé.
Il ou elle eut aimé.

} singulier.

Nous eûmes aimé.
Vous eûtes aimé.
Ils ou elles eurent aimé.

} pluriel.

 

3.o Prétérit défini.

J’aimai... la vertu, dès mon enfance.
Tu aimas.
Il ou elle aima.

} singulier.

Nous aimâmes.
Vous aimâtes.
Ils ou elles aimèrent.

} pluriel.

 

|162 4.o Prétérit indéfini.

J’ai aimé... toute ma vie à m’occuper.
Tu as aimé.
Il ou elle a aimé.

} singulier.

Nous avons aimé.
Vous avez aimé.
Ils ou elles ont aimé.

} pluriel.

 

5.o Imparfait, ou prétérit simultané.

J’aimais.... la sagesse, lorsqu’il en ex­posait les lois.
Tu aimais.
Il ou elle aimait.

} singulier.

Nous aimions.
Vous aimiez.
Ils ou elles aimaient.

} pluriel.

 

6.o Présent.

J’aime... toujours ma patrie.
Tu aimes.
Il ou elle aime.

} singulier.

Nous aimons.
Vous aimez.
Ils ou elles aiment.

} pluriel.

 

7.o Futur simple, ou futur absolu.

J’aimerai... la raison, à mesure que j’aurai de l’expérience.
Tu aimeras.
Il ou elle aimera.

} singulier.

Nous aimerons.
Vous aimerez.
Ils ou elles aimeront.

} pluriel.

 

|163 8.o Futur passé, ou futur composé.

J’aurai aimé... à faire le bien, toute ma vie.
Tu auras aimé.
Il ou elle aura aimé.

} singulier.

Nous aurons aimé.
Vous aurez aimé.
Ils ou elles auront aimé.

} pluriel.

 

4.o CONDITIONNEL, OU SUPPOSITIF.

1.o Prétérit antérieur, ou plus que parfait.

J’aurais eu aimé... avant tel temps, si l’on, etc.
Tu aurais eu aimé.
Il ou elle aurait eu aimé.

} singulier.

Nous aurions eu aimé.
Vous auriez eu aimé.
Ils ou elles auraient eu aimé.

} pluriel.

 

2.o Prétérit, qui a deux formes.

J’aurais aimé, ou j’eusse aimé... la mu­sique, si, etc.
Tu aurais aimé, ou tu eusses aimé.
Il ou elle aurait aimé, ou il ou elle eût aimé.

} singulier.

Nous aurions aimé, ou nous eussions.
Vous auriez aimé, ou vous eussiez aimé.
Ils ou elles auraient aimé, ou ils ou elles eussent aimé.

} pluriel.

 

3.o Présent, ou futur.

J’aimerais... à me rendre utile, si j’en avais l’occasion et les moyens.
Tu aimerais.
Il ou elle aimerait.

} singulier.

|164 Nous aimerions.
Vous aimeriez.
Ils ou elles aimeraient.

} pluriel.

 

5.o IMPÉRATIF.

1.o Présent.

Aime... toujours tes semblables.
Qu’il ou qu’elle aime.

} singulier.

Aimons.
Aimez.
Qu’ils ou qu’elles aiment.

} pluriel.

 

2.o Futur.

Aye aimé.
Qu’il ou qu’elle ait aimé.

} singulier.

Ayons aimé.
Ayez aimé.
Qu’ils ou qu’elles aient aimé.

} pluriel.

 

6.o SUBJONCTIF, OU OPTATIF.

1.o Plus que parfait.

On voudrait... Que j’eusse aimé... l’étude dans ma jeunesse.
       Que tu eusses aimé.
       Qu’il ou qu’elle eût aimé.

} singulier.

       Que nous eussions aimé.
       Que vous eussiez aimé.
       Qu’ils ou qu’elles eussent, etc.

} pluriel.

 

2.o Prétérit.

On a douté... Que j’aye aimé la botanique.
       Que tu ayes aimé.
       Qu’il ou qu’elle ait aimé.

} singulier.

       Que nous ayons aimé.
       Que vous ayez aimé.
       Qu’ils ou qu’elles aient aimé.

} pluriel.

 

|165 3.o Imparfait.

On craignit... Que j’aimasse... le luxe.
       Que tu aimasses.
       Qu’il ou qu’elle aimât.

} singulier.

       Que nous aimassions.
       Que vous aimassiez.
       Qu’ils ou qu’elles aimassent.

} pluriel.

 

4.o Présent et futur.

On désire...Que j’aime... toujours le travail.
       Que tu aimes.
       Qu’il ou qu’elle aime.

} singulier.

       Que nous aimions.
       Que vous aimiez.
       Qu’ils ou qu’elles aiment.

} pluriel.

 

 

 

Nous avons déjà dit pourquoi nous ne donnons pas en détail les formes de l’interrogatif (1035, 1042).

Remarques.

 

 

1049. Observons 1.o que le prétérit antérieur de l’indicatif est facile à confondre avec le prétérit du conditionnel (j’eus aimé, tu eus aimé, etc., j’eusse aimé, tu eusses aimé, etc.) ; le futur simple de l’indicatif avec le présent et futur du conditionnel (j’aimerai, tu aimeras, etc., j’aimerais, tu aimerais, etc.) ; et le prétérit défini avec l’imparfait de l’indicatif (j’aimai, tu aimas, etc., j’aimais, tu aimais, etc.). Il faut s’accoutumer à distinguer avec soin ces différentes formes.

 

 

|166 2.o Que le plus que parfait du subjonctif n’est que la seconde forme du prétérit du conditionnel, dont toutes les inflexions sont précédées par la conjonction que (j’eusse aimé, tu eusses aimé, etc. ; que j’eusse aimé, etc.).

3.o Que, dans cette première conjugaison, on forme le singulier du présent et futur du subjonctif, en faisant précéder par la conjonction que les trois inflexions du singulier du présent de l’indicatif (j’aime, tu aimes, il ou elle aime ; que j’aime, que tu aimes, qu’il ou qu’elle aime.)

4.o Qu’il y a en tout onze formes simples, non compris celles du mode interrogatif : savoir, une à l’infinitif, deux à l’attributif, quatre à l’affirmatif, une au conditionnel, une à l’impératif, et deux à l’optatif ; et dix formes composées, quatre à l’affirmatif, trois au conditionnel, une à l’impératif et deux à l’optatif.

Verbes irré­guliers de la première con­jugaison.

 

1050. Parmi les verbes dont l’infinitif est en er, ceux qui ne se conjuguent pas exactement, comme aimer, sont nommés irréguliers (1047). Tels sont :

Aller.

 

1.o Aller.... Participe présent, allant... Participe passé, allé.... Prétérit défini, j’allai.... Imparfait, j’allais.... Présent, |167 je vas, tu vas, il ou elle va, nous allons, vous allez, ils ou elles vont ; voilà une première irrégularité ; conformément au modèle aimer, on devrait dire : j’alle, tu alles, il ou elle alle, ils allent.... Futur, j’irai, au lieu de j’allerai qu’exigerait la régularité... Présent du conditionnel, j’irais, et non pas j’allerais. (Au reste, on aura déjà observé que le présent et le futur du conditionnel est toujours formé du futur simple de l’affirmatif, avec un très-léger changement ; je serai, je serais, j’aurai, j’aurais, j’irai, j’irais).... Présent de l’impératif, va, ce devrait être alle... Imparfait du subjonctif, que j’allasse,... Présent, que j’aille.

Nous ne donnons que les formes simples, parce qu’on sait que les formes composées résultent de la combinaison des formes du verbe auxiliaire avoir et du participe passé du verbe dont il s’agit.

On dit aussi : je fus, au lieu de j’allai ; j’avais été ou j’étais allé, et non pas j’avais allé ; j’ai été ou je suis allé, et non pas j’ai allé, etc., etc.

Puer.

 

 

2.o Puer... Participe présent, puant... Point de participe passé... Point de prétérit défini... Imparfait, je puais... Présent, je pus, tu pus, il put, nous puons, vous puez, ils |168 puent, au lieu de je pue, tu pues, etc.... Futur, je puerai... Présent du conditionnel, je puerais..... Présent du subjonctif, que je pue.

Employer.

 

 

3.o Employer n’est irrégulier qu’au futur simple de l’affirmatif, et par conséquent au présent et futur du conditionnel qui en est formé. J’emploirai... J’emploirais, au lieu de j’employerai, j’employerais.

Envoyer.

 

4.o Il en est de même d’envoyer : j’enverrai, j’enverrais, et non pas j’envoyerai, j’envoyerais.

Conjugaison des verbes ré­guliers en ir.

 

1051. Conjugaison des verbes réguliers en ir. Finir.

 

1.o INFINITIF.

Finir.

 

2.o ATTRIBUTIF.

1.o Participe présent ou actif........
2.o Participe passé ou passif.......

Finissant.
Fini, finie.

 

3.o AFFIRMATIF, OU INDICATIF.

1.o Plus que parfait.

J’avais fini... avant qu’il ne commençât.
Tu avais fini.
Il ou elle avait fini.

} singulier.

Nous avions fini.
Vous aviez fini.
Ils ou elles avaient fini.

} pluriel.

 

|169 2.o Prétérit antérieur.

J’eus fini.... mon travail plus tôt que lui.
Tu eus fini.
Il ou elle eut fini.

} singulier.

Nous eûmes fini.
Vous eûtes fini.
Ils ou elles eurent fini.

} pluriel.

 

3.o Prétérit défini.

Je finis.... hier de me rendre malade.
Tu finis.
Il ou elle finit.

} singulier.

Nous finîmes.
Vous finîtes.
Ils ou elles finirent.

} pluriel.

 

4.o Prétérit indéfini.

J’ai fini.... de transcrire ce matin.
Tu as fini.
Il ou elle a fini.

} singulier.

Nous avons fini.
Vous avez fini.
Ils ou elles ont fini.

} pluriel.

 

5.o Imparfait, ou prétérit simultané.

Je finissais.... cette lecture, lorsqu’il vint me redemander le livre.
Tu finissais.
Il ou elle finissait.

} singulier.

Nous finissions.
Vous finissiez.
Ils ou elles finissaient.

} pluriel.

 

|170 6.o Présent.

Je finis... toujours avec plaisir ce que j’ai fait avec soin.
Tu finis.
Il ou elle finit.

} singulier.

Nous finissons.
Vous finissez.
Ils ou elles finissent.

} pluriel.

 

7.o Futur simple, ou futur absolu.

Je finirai.... cette besogne ce soir.
Tu finiras.
Il ou elle finira.

} singulier.

Nous finirons.
Vous finirez.
Ils ou elles finiront.

} pluriel.

 

8.o Futur passé, ou futur composé.

J’aurai fini... lorsqu’il en sera temps.
Tu auras fini.
Il ou elle aura fini.

} singulier.

Nous aurons fini.
Vous aurez fini.
Ils ou elles auront fini.

} pluriel.

 

4.o CONDITIONNEL, OU SUPPOSITIF.

1.o Prétérit antérieur, ou plus que parfait.

J’aurais eu fini... avant tel temps, si l’on ne m’eût pas détourné.
Tu aurais eu fini.
Il ou elle aurait eu fini.

} singulier.

Nous aurions eu fini.
Vous auriez eu fini.
Ils ou elles auraient eu fini.

} pluriel.

 

|171 2.o Prétérit, qui a deux formes.

J’aurais fini, ou j’eusse fini... plus tôt sans les obstacles.
Tu aurais fini, ou tu eusses fini.
Il ou elle aurait fini, ou il ou elle eût fini.

} singulier.

Nous aurions fini, ou nous eussions fini.
Vous auriez fini, ou vous eussiez fini.
Ils ou elles auraient fini, ou ils ou elles eussent fini.

} pluriel.

 

3.o Présent et futur.

Je finirais... à l’instant, ou demain, si l’on me donnait du secours.
Tu finirais.
Il ou elle finirait.

} singulier.

Nous finirions.
Vous finiriez.
Ils ou elles finiraient.

} pluriel.

 

5.o IMPÉRATIF.

1.o Présent.

Finis... ton devoir à l’instant.
Qu’il ou qu’elle finisse.

} singulier.

Finissons.
Finissez.
Qu’ils ou qu’elles finissent.

} pluriel.

 

2.o Futur.

Aye fini.. cette tâche, avant mon retour.
Qu’il ou qu’elle ait fini.

} singulier.

Ayons fini.
Ayez fini.
Qu’ils ou qu’elles aient fini.

} pluriel.

 

|172 6.o OPTATIF, OU SUBJONCTIF.

1.o Plus que parfait.

On avait voulu..Que j’eusse fini... demain.
       Que tu eusses fini.
       Qu’il ou qu’elle eût fini.

} singulier.

       Que nous eussions fini.
       Que vous eussiez fini.
       Qu’ils ou qu’elles eussent fini.

} pluriel.

 

2.o Prétérit.

On a craint....Que j’aye fini... trop tôt.
       Que tu ayes fini.
       Qu’il ou qu’elle ait fini.

} singulier.

       Que nous ayons fini.
       Que vous ayez fini.
       Qu’ils ou qu’elles aient fini.

} pluriel.

 

3.o Imparfait.

On doutait.....Que je finisse.... à temps.
       Que tu finisses.
       Qu’il ou qu’elle finît.

} singulier.

       Que nous finissions.
       Que vous finissiez.
       Qu’ils ou qu’elles finissent.

} pluriel.

 

4.o Présent et futur.

On désire......Que je finisse.... de suite, ou de­main.
       Que tu finisses.
       Qu’il ou qu’elle finisse.

} singulier.

       Que nous finissions.
       Que vous finissiez.
       Qu’ils ou qu’elles finissent.

} pluriel.

 

Remarques.

 

 

|173 1052. Le prétérit défini et le présent de l’affirmatif ne diffèrent que par les inflexions du pluriel (je finis, tu finis, il ou elle finit, nous finîmes, vous finîtes, ils ou elles finirent ; je finis, tu finis, il ou elle finit, nous finissons, vous finissez, ils ou elles finissent) ; et l’imparfait du subjonctif ne diffère du présent et futur du même mode que par la troisième personne du singulier (que je finisse, que tu finisses, qu’il ou qu’elle finît, etc. ; que je finisse, que tu finisses, qu’il ou qu’elle finisse, etc.) Il faut bien retenir ces différences pour ne pas confondre les temps les uns avec les autres.

Quant aux formes simples et composées, nous ne répéterons pas la remarque que nous avons faite précédemment (1049).

Autres mo­dèles de con­ju­gaisons en ir.

 

1053. Plusieurs grammairiens admettent trois autres modèles de conjugaisons en ir, afin de diminuer le nombre des verbes irréguliers, et ils prennent pour cela les verbes sentir, ouvrir, tenir. Voici en quoi leurs formes diffèrent de celles du verbe finir.

 

1.o INFINITIF.

 

Sentir.

Ouvrir.

Tenir.


2.o ATTRIBUTIF.

Part. présent.

Part. passé.

Sentant.

Senti.

Ouvrant.

Ouvert.

Tenant.

Tenu.


|174 3.o INDICATIF.

Prétérit défini.

Imparfait.

Présent.

Futur simple.

Je sentis.

Je sentais.

Je sens.

Je sentirai.

J’ouvris.

J’ouvrais.

J’ouvre.

J’ouvrirai.

Je tins.

Je tenais.

Je tiens.

Je tiendrai.


4.o CONDITIONNEL.

Prés. et futur.

Je sentirais.

J’ouvrirais.

Je tiendrais.


5.o IMPÉRATIF.

Présent.

Sens.

Ouvre.

Tiens.


6.o SUBJONCTIF.

Imparfait.

Prés. et fut.

Que je sentisse.

Que je sente.

Que j’ouvrisse.

Que j’ouvre.

Que je tinsse.

Que je tienne.

 

Observations.

 

 

1054. Nous ne donnons que la première personne de chaque forme simple, parce qu’avec celle-là on peut facilement trouver les autres.

Les formes composées n’offrent aucune difficulté, puisqu’elles sont toujours composées des formes du verbe avoir et du participe passé de chaque verbe.

Observez que l’imparfait du subjonctif se forme du prétérit défini de l’indicatif (je finis, que je finisse ; je sentis, que je sentisse ; j’ouvris, que j’ouvrisse ; je tins, que je tinsse.[)]

Verbes con­jugués comme Finir.

 

1055. On conjugue comme finir les verbes unir, punir, munir, et tous ceux qui ont la première personne du singulier du présent de l’affirmatif en is, j’unis, je punis, je munis, etc., et leurs composés.

Irréguliers.

 

|175 1056. Les irréguliers de cette classe sont :

1.o Bénir.

 

1.o Bénir, qui a deux participes différens, bénit, bénite, lorsqu’il s’agit de choses, pain bénit, eau bénite ; et béni, bénie, lorsqu’il est question de personnes ; vous êtes bénie entre toutes les femmes.

2.o Fleurir.

 

 

2.o Fleurir, qui est régulier dans toutes ses formes lorsqu’il est employé dans le sens propre, mais qui, au figuré (243), est irrégulier dans les formes suivantes : le commerce florissait, et non pas fleurissait ; les arts sont florissans, et non pas fleurissans.

3.o Haïr.

 

3.o Haïr, qui est irrégulier dans les trois premières personnes du présent de l’affirmatif, je hais, tu hais, il ou elle hait, qu’on prononce je hès, tu hès, il ou elle hèt, comme si ces trois mots étaient écrits avec un è ouvert.

Verbes con­jugués comme Sentir.

 

1056 (bis). Consentir, ressentir, pressentir, mentir, démentir, dormir, endormir, se repentir, servir, desservir, sortir, ressortir (lorsqu’il signifie sortir de nouveau), partir, repartir (lorsqu’il signifie répliquer et partir de nouveau), se conjuguent comme sentir.

Ressortir.

 

 

Mais ressortir (lorsqu’il signifie être dans la dépendance, dans le ressort), et répartir (lorsqu’il signifie partager) se conjuguent comme finir. Cette affaire ressortissait à tel |176 tribunal, et non pas ressortait ; il ressortit à ma jurisdiction, et non pas il ressort, etc. Il repartait pour l’armée ; en conséquence, il répartissait ses biens entre ses amis. Nous avons déjà observé (894) que repartir s’écrit dans le premier cas par un e muet et dans le second par un é fermé.

Irréguliers.

 

1057. Il y a un grand nombre dsirréguliers dans cette classe :

1.o Bouillir.

 

 

1.o Bouillir... Présent de l’affirmatif, je bous, tu bous, il ou elle bout, nous bouillons, etc., au lieu de je bouils, etc.... Futur simple, je bouillirai ou je bouillerai... Présent du conditionnel, je bouillirais ou je bouillerais.

2.o Courir.

 

 

2.o Courir... Participe passé, couru, courue, au lieu de couri, selon le modèle. Prétérit défini, je courus, au lieu de je couris, et par conséquent (1054), imparfait du subjonctif, que je courusse, et non pas courisse... Futur simple, je courrai, et non pas je courirai, comme sentirai, et conséquemment (1049) présent et futur du conditionnel, je courrais... Discourir, parcourir, recourir, accourir, secourir, concourir, tous composés de courir, se conjuguent comme courir.

3.o Fuir.

 

3.o Fuir... Participe présent, fuyant... Présent de l’affirmatif, je fuis, tu fuis, il ou elle fuit, nous fuyons, etc.

4.o Mourir.

 

 

|177 4.o Mourir... Participe passé, mort et non pas mouri... Présent de l’indicatif, je meurs, tu meurs, il meurt, nous mourons, etc... Prétérit défini, je mourus, et non pas mouris, et par conséquent, imparfait du subjonctif (1054), que je mourusse... Futur simple, je mourrai... Présent du conditionnel (1049), je mourrais... Présent et futur du subjonctif, que je meure, que tu meures, qu’il meure, que nous mourions, etc., qu’ils meurent.

5.o Vêtir.

 

5.o Vêtir... Participe passé, vêtu... Revêtir, revêtu... On dit je revêts ; je vêts n’est pas usité. Les autres formes sont régulières.

6.o Acquérir, Querir.

 

 

6.o Querir n’est usité qu’à l’infinitif... Acquérir... Participe présent, acquérant... Participe passé, acquis, au lieu de acquéri... Présent de l’affirmatif, j’acquiers, tu acquiers, il acquiert, nous acquérons, vous acquérez, ils acquièrent... Futur simple, j’acquerrai... Présent et futur du conditionnel, j’acquerrais... Imparfait du subjonctif, que j’acquisse... Conjuguez de même conquérir.

7.o Faillir.

 

7.o Faillir... Participe passé, failli... Prétérit défini, je faillis. Il n’a pas d’autres formes.

Verbes con­jugués comme Ouvrir.

 

1058. On conjugue comme ouvrir les verbes rouvrir, entr’ouvrir, découvrir, recouvrir, offrir, souffrir, couvrir.

Irréguliers.

 

|178 1059. Les irréguliers de cette classe sont :

1.o Cueillir.

 

1.o Cueillir... Participe passé, cueilli, au lieu de cueillert... Futur simple, je cueillerai... Présent et futur du conditionnel, je cueillerais... Conjuguez de même les composés accueillir, recueillir.

2.o Saillir.

 

 

2.o Saillir, lorsqu’il signifie s’avancer en dehors, n’a guère que cette forme et le participe présent saillant... Lorsqu’il signifie s’élancer ou s’élever, il a le participe passé sailli, et par conséquent toutes les formes qui se composent de ce participe et des formes du verbe avoir. On dit aussi : les eaux saillissent... Les composés assaillir, tressaillir n’ont guère d’autre forme usitée que le participe passé assailli, tressailli, et les formes qui en dépendent.

Verbes con­jugués comme Tenir.

 

1060. Tous les composés de tenir et de venir, tels que soutenir, s’abstenir, maintenir, obtenir, appartenir, retenir, venir, convenir, parvenir, survenir, devenir, etc., se conjuguent comme le verbe tenir.

Conjugaisons des verbes ré­guliers en oir.

 

1061. Conjugaison des verbes réguliers en oir. Recevoir.

 

1.o INFINITIF.

Recevoir.

 

2.o ATTRIBUTIF.

1.o Participe présent ou actif........
2.o Participe passé ou passif.......

Recevant.
Reçu, reçue.

 

|179 3.o INDICATIF, OU AFFIRMATIF.

1.o Plus que parfait.

J’avais reçu.... mon congé, avant telle époque.
Tu avais reçu.
Il ou elle avait reçu.

} singulier.

Nous avions reçu.
Vous aviez reçu.
Ils ou elles avaient reçu.

} pluriel.

 

2.o Prétérit antérieur.

J’eus reçu.... mon paquet, lorsqu’il vint.
Tu eus reçu.
Il ou elle eut reçu.

} singulier.

Nous eûmes reçu.
Vous eûtes reçu.
Ils ou elles eurent reçu.

} pluriel.

 

3.o Prétérit défini.

Je reçus... cette agréable nouvelle hier.
Tu reçus.
Il ou elle reçut.

} singulier.

Nous reçûmes.
Vous reçûtes.
Ils ou elles reçurent.

} pluriel.

 

4.o Prétérit indéfini.

J’ai reçu... sa visite ce matin.
Tu as reçu.
Il ou elle a reçu.

} singulier.

Nous avons reçu.
Vous avez reçu.
Ils ou elles ont reçu.

} pluriel.

 

|180 5.o Imparfait, ou prétérit simultané.

Je recevais.... les assurances de son amitié, au moment où il me trahissait.
Tu recevais.
Il ou elle recevait.

} singulier.

Nous recevions.
Vous receviez.
Ils ou elles recevaient.

} pluriel.

 

6.o Présent.

Je reçois... toujours les conseils en bonne part.
Tu reçois.
Il ou elle reçoit.

} singulier.

Nous recevons.
Vous recevez.
Ils ou elles reçoivent.

} pluriel.

 

7.o Futur simple, ou futur absolu.

Je recevrai... sa réponse demain.
Tu recevras.
Il ou elle recevra.

} singulier.

Nous recevrons.
Vous recevrez.
Ils ou elles recevront.

} pluriel.

 

8.o Futur passé, ou futur composé.

J’aurai reçu.... ses malles quand il arrivera.
Tu auras reçu.
Il ou elle aura reçu.

} singulier.

Nous aurons reçu.
Vous aurez reçu.
Ils ou elles auront reçu.

} pluriel.

 

|181 4.o CONDITIONNEL, OU SUPPOSITIF.

1.o Prétérit antérieur, ou plus que parfait.

J’aurais eu reçu... l’expédition, s’il en avait eu le temps.
Tu aurais eu reçu.
Il ou elle aurait eu reçu.

} singulier.

Nous aurions eu reçu.
Vous auriez eu reçu.
Ils ou elles auraient eu reçu.

} pluriel.

 

2.o Prétérit, qui a deux formes.

J’aurais reçu, ou j’eusse reçu... mes pro­visions, si le chef de bureau n’eût pas été absent.
Tu aurais reçu, ou tu eusses reçu.
Il ou elle aurait reçu, ou il ou elle eût reçu.

} singulier.

Nous aurions reçu, ou nous eussions reçu.
Vous auriez reçu, ou vous eussiez reçu.
Ils ou elles auraient reçu, ou ils ou elles eussent reçu.

} pluriel.

 

3.o Présent et futur.

Je recevrais... vos excuses, si je les croyais sincères.
Tu recevrais.
Il ou elle recevrait.

} singulier.

Nous recevrions.
Vous recevriez.
Ils ou elles recevraient.

} pluriel.

 

|182 5.o IMPÉRATIF.

1.o Présent.

Reçois..... tous les événemens avec patience et résignation.
Qu’il ou qu’elle reçoive.

} singulier.

Recevons.
Recevez.
Qu’ils ou qu’elles reçoivent.

} pluriel.

 

2.o Futur.

Aye reçu... ton acquit avant de revenir.
Qu’il ou qu’elle ait reçu.

} singulier.

Ayons reçu.
Ayez reçu.
Qu’ils ou qu’elles aient reçu.

} pluriel.

 

6.o OPTATIF, OU SUBJONCTIF.

1.o Plus que parfait.

On voudrait... Que j’eusse reçu... ses offres.
       Que tu eusses reçu.
       Qu’il ou qu’elle eût reçu.

} singulier.

       Que nous eussions reçu.
       Que vous eussiez reçu.
       Qu’ils ou qu’elles eussent reçu.

}  pluriel.

 

2.o Prétérit.

On a douté.... Que j’aye reçu... ces nouvelles.
       Que tu ayes reçu.
       Qu’il ou qu’elle ait reçu.

} singulier.

       Que nous ayons reçu.
       Que vous ayez reçu.
       Qu’ils ou qu’elles aient reçu.

} pluriel.

 

|183 3.o Imparfait.

On désirait... Que je reçusse... mal ses avances.
       Que tu reçusses.
       Qu’il ou qu’elle reçût.

} singulier.

       Que nous reçussions.
       Que vous reçussiez.
       Qu’ils ou qu’elles reçussent.

} pluriel.

 

4.o Présent ou futur.

On craint... Que je ne reçoive... la confirmation de cette nouvelle.
       Que tu reçoives.
       Qu’il ou qu’elle reçoive.

} singulier.

       Que nous recevions.
       Que vous receviez.
       Qu’ils ou qu’elles reçoivent.

} pluriel.

 

Verbes con­jugués comme recevoir.

 

1062. On conjugue sur ce modèle les verbes devoir, redevoir, concevoir, apercevoir, décevoir, percevoir.

Irréguliers.

 

1063. Il y a un grand nombre de verbes irréguliers en oir.

1.o Seoir.

 

 

1.o Seoir, quand il signifie être convenable, n’a que la troisième personne des formes simples : il sied bien ou mal, il seyait, il siéra, il siérait, qu’il siée. Point de prétérit défini, et par conséquent point d’imparfait du subjonctif.

Lorsqu’il signifie prendre séance, il n’a que l’infinitif seoir, le participe présent séant, et quelquefois le participe passé sis.

2.o Surseoir.

 

 

|184 2.o Surseoir... Participe passé, sursis, et par conséquent les formes composées... Prétérit défini, je sursis... Imparfait, je sursoyais... Présent, je sursois... Futur, je surseoirai... Présent et futur du conditionnel, je surseoirais... Imparfait du subjonctif (formé du prétérit défini), que je sursisse.

3.o S’asseoir.

 

 

3.o Asseoir et s’asseoir... Participe présent, s’asseyant... Participe passé, assis... Prétérit défini, je m’assis... Imparfait, je m’asseyais... Présent, je m’assieds, tu t’assieds, il s’assied, nous nous asseyons, vous vous asseyez, ils s’asseyent... Futur, je m’assiérai... Présent du conditionnel, je m’assiérais... Imparfait du subjonctif, que je m’assisse... Présent, que je m’asseoie.

Conjuguer de même rasseoir, se rasseoir.

4.o Voir et ses composés.

 

 

4.o Voir... Participe présent, voyant... Participe passé, vu, vue... Prétérit défini, je vis... Imparfait, je voyais... Présent, je vois, tu vois, il voit, nous voyons, vous voyez, ils voient... Futur, je verrai... Présent du conditionnel, je verrais... Imparfait du subjonctif, que je visse... Présent, que je voie.

Conjuguez de même entrevoir et revoir... Prévoir fait au futur je prévoirai, et au présent du conditionnel je prévoirais, et non pas je préverrai, je préverrais, comme l’exi- |185 geraient les formes correspondantes du verbe voir, dont il est composé.

5.o Pourvoir.

 

 

5.o Pourvoir... Prétérit défini, je pourvus, et non pas je pourvis... Futur, je pourvoirai... Présent du conditionnel, je pourvoirais... Imparfait du subjonctif (formé du prétérit défini), que je pourvusse.

6.o Savoir.

 

 

6.o Savoir... Participe présent, sachant, au lieu de savant ou savoyant, conformément au modèle... Participe passé, su, sue... Prétérit défini je sus (et par conséquent, imparfait du subjonctif, que je susse)... Imparfait, je savais... Présent, je sais, tu sais, il sait, nous savons, vous savez, ils savent... Futur, je saurai, et conséquemment présent du conditionnel, je saurais... Présent du subjonctif, que je sache.

7.o Mouvoir.

 

 

7.o Mouvoir... Participe présent, mouvant... Participe passé, mu, mue... Prétérit défini, je mus (imparfait du subjonctif, que je musse)... Imparfait je mouvais... Présent, je meus, tu meus, il meut, nous mouvons, vous mouvez, ils meuvent... Futur, je mouvrai, et présent du conditionnel, je mouvrais... Présent du subjonctif, que je meuve, etc., que nous mouvions, etc.

De même les composés promouvoir, émouvoir.

8.o Pouvoir.

 

 

|186 8.o Pouvoir... Participe présent, pouvant... Participe passé, pu... Prétérit défini, je pus (et imparfait du subjonctif, que je pusse)... Imparfait, je pouvais... Présent, je peux, tu peux, il peut, nous pouvons, vous pouvez, ils peuvent. Futur, je pourrai, et présent du conditionnel, je pourrais... Présent du subjonctif, que je puisse.

9.o Valoir.

 

 

9.o Valoir... Participe présent, valant... Participe passé, valu. Prétérit défini, je valus... Imparfait, je valais... Présent, je vaux, tu vaux, il vaut, nous valons, vous valez, ils valent... Futur, je vaudrai... Présent du conditionnel, je vaudrais... Imparfait du subjonctif, que je valusse... Présent du subjonctif, que je vaille, etc., que nous valions, etc., qu’ils vaillent.

De même se prévaloir.

10.o Vouloir.

 

 

10.o Vouloir... Participe présent, voulant... Participe passé, voulu... Prétérit défini, je voulus (imparfait du subjonctif, que je voulusse)... Imparfait, je voulais... Présent ; je veux, tu veux, il veut, nous voulons, vous voulez, ils veulent... Futur, je voudrai... Présent du conditionnel, je voudrais... Présent du subjonctif, que je veuille, etc., que nous voulions, etc., qu’ils veuillent.

11.o Choir.

 

 

11.o Choir n’est usité qu’à cette forme |187 et au participe passé chu, chue autrefois chute : ce dernier féminin s’est conservé dans les proverbes chercher chape-chute, trouver chape-chute, pour dire profiter de la négligence de quelqu’un.

Messer loup attendait chape-chute à la porte,
Il avait vu sortir gibier de toute sorte. (La Font., liv. 4, fab. 16.)

12.o Echoir.

 

 

12.o Echoir... Participe présent, échéant... Participe passé, échu, échue... Prétérit défini, j’échus (et son dérivé, imparfait du subjonctif, que j’échusse)... A la troisième personne du singulier du présent de l’indicatif on dit il échoit ou il échet... Futur, j’écherrai... Présent du conditionnel, j’écherrais... Présent du subjonctif, que j’échoie.

13.o Déchoir.

 

 

13.o Déchoir... Participe passé déchu, déchue... Prétérit défini, je déchus (imparfait du subjonctif, que je déchusse)... Imparfait, je déchoyais... Présent, je déchois, etc., nous déchoyons... Futur, je décherrai... Présent du conditionnel, je décherrais. Présent du subjonctif, que je déchoie.

Conjugaison des verbes en re.

 

1064. Conjugaisons des verbes terminés en re. Rendre.

 

1.o INFINITIF.

Rendre.

 

2.o ATTRIBUTIFS.

1.o Participe présent ou actif........
2.o Participe passé ou passif.......

Rendant.
Rendu, rendue.

 

|188 3.o INDICATIF, OU AFFIRMATIF.

1.o Plus que parfait.

J’avais rendu témoignage à la vérité avant lui.
Tu avais rendu.
Il ou elle avait rendu.

} singulier.

Nous avions rendu.
Vous aviez rendu.
Ils ou elles avaient rendu.

} pluriel.

 

2.o Prétérit antérieur.

J’eus rendu... le dépôt, lorsqu’on vint le réclamer.
Tu eus rendu.
Il ou elle eut rendu.

} singulier.

Nous eûmes rendu.
Vous eûtes rendu.
Ils ou elles eurent rendu.

} pluriel.

 

3.o Prétérit défini.

Je rendis... toujours hommage aux vrais talens.
Tu rendis.
Il ou elle rendit.

} singulier.

Nous rendîmes.
Vous rendîtes.
Ils ou elles rendirent.

} pluriel.

 

4.o Prétérit indéfini.

J’ai rendu... toujours justice aux in­tentions pures.
Tu as rendu.
Il ou elle a rendu.

} singulier.

Nous avons rendu[.]
Vous avez rendu.
Ils ou elles ont rendu.

} pluriel.

 

|189 5.o Imparfait, ou prétérit simultané.

Je rendais... justice à ses talens, dans le temps qu’il me déchirait.
Tu rendais.
Il ou elle rendait.

} singulier.

Nous rendions.
Vous rendiez.
Ils ou elles rendaient.

} pluriel.

 

6.o Présent.

Je rends... toujours à chacun ce qui lui est dû.
Tu rends.
Il ou elle rend.

} singulier.

Nous rendons.
Vous rendez.
Ils ou elles rendent.

} pluriel.

 

7.o Futur simple, ou futur absolu.

Je rendrai... demain vos livres.
Tu rendras.
Il ou elle rendra.

} singulier.

Nous rendrons.
Vous rendrez.
Ils ou elles rendront.

} pluriel.

 

8.o Futur passé, ou futur composé.

J’aurai rendu... son cheval, avant qu’il n’en ait besoin.
Tu auras rendu.
Il ou elle aura rendu.

} singulier.

Nous aurons rendu.
Vous aurez rendu.
Ils ou elles auront rendu.

} pluriel.

 

|190 4.o CONDITIONNEL, OU SUPPOSITIF.

1.o Prétérit antérieur, ou plus que parfait.

J’aurais eu rendu... les pièces avant la décision, si on les eût réclamées.
Tu aurais eu rendu.
Il ou elle aurait eu rendu.

} singulier.

Nous aurions eu rendu.
Vous auriez eu rendu.
Ils ou elles auraient eu rendu.

} pluriel.

 

2.o Prétérit, qui a deux formes.

J’aurais rendu, ou j’eusse rendu... ce service, si j’en avais eu le moyen.
Tu aurais rendu, ou tu eusses rendu.
Il ou elle aurait rendu, ou il ou elle eût rendu.

} singulier.

Nous aurions rendu, ou nous eussions rendu.
Vous auriez rendu, ou vous eussiez rendu.
Ils ou elles auraient rendu, ou ils ou elles eussent rendu.

} pluriel.

 

4.o Présent et futur.

Je rendrais... tout son éclat à ma pa­trie, si cela dépendait de moi.
Tu rendrais.
Il ou elle rendrait.

} singulier.

Nous rendrions.
Vous rendriez.
Ils ou elles rendraient.

} pluriel.

 

|191 5.o IMPÉRATIF.

1.o Présent.

Rends.... les armes à l’instant.
Qu’il ou qu’elle rende.

} singulier.

Rendons.
Rendez.
Qu’ils ou qu’elles rendent.

} pluriel.

 

2.o Futur.

Aye rendu... ce dépôt, avant qu’on ne te cite en justice.
Qu’il ou qu’elle ait rendu.

} singulier.

Ayons rendu.
Ayez rendu.
Qu’ils ou qu’elles aient rendu.

} pluriel.

 

6.o SUBJONCTIF, OU OPTATIF.

1.o Plus que parfait.

On aurait voulu..Que j’eusse rendu... des soins à cette personne.
       Que tu eusses rendu.
       Qu’il ou qu’elle eût rendu.

} singulier.

       Que nous eussions rendu.
       Que vous eussiez rendu.
       Qu’ils ou qu’elles eussent rendu.

} pluriel.

 

2.o Prétérit.

On doutera....Que j’aye rendu... ces propos.
       Que tu ayes rendu.
       Qu’il ou qu’elle ait rendu.

} singulier.

       Que nous ayons rendu.
       Que vous ayez rendu.
       Qu’ils ou qu’elles aient rendu.

} pluriel.

 

|192 3.o Imparfait.

On désirait......Que je rendisse.... mes pouvoirs.
       Que tu rendisses.
       Qu’il ou qu’elle rendît.

} singulier.

       Que nous rendissions.
       Que vous rendissiez.
       Qu’ils ou qu’elles rendissent.

} pluriel.

 

4.o Présent et futur.

On veut........Que je rende.... ma vie tranquille.
       Que tu rendes.
       Qu’il ou qu’elle rende.

} singulier.

       Que nous rendions.
       Que vous rendiez.
       Qu’ils ou qu’elles rendent.

} pluriel.

 

Quatre autres modèles de con­jugaisons en re.

 

1065. Outre le verbe rendre, on prend communément quatre autres modèles pour conjuguer les verbes terminés en re, afin de diminuer le nombre des irréguliers. Nous allons donner le tableau des formes simples de ces quatre nouveaux modèles : les formes composées n’offrent aucune difficulté.

 

1.o INFINITIF.

Plaire.

Paraître.

Réduire.

Craindre.

 

2.o ATTRIBUTIF.

Participe présent ou actif.

Plaisant.

Paraissant.

Réduisant.

Craignant.

 

Participe passé ou passif.

Plu.

Paru.

Réduit.

Craint.

 

|193 3.o AFFIRMATIF.

Prétérit défini.

Je plus.

Je parus.

Je réduisis.

Je craignis.

 

Prétérit simultané.

Je plaisais.

Je paraissais.

Je réduisais.

Je craignais.

 

Présent.

Je plais.

Je parais.

Je réduis.

Je crains.

 

Futur simple.

Je plairai.

Je paraîtrai.

Je réduirai.

Je craindrai.

 

4.o CONDITIONNEL.

Présent et futur.

Je plairais.

Je paraîtrais.

Je réduirais.

Je craindrais.

 

5.o IMPÉRATIF.

Présent.

Plais.

Parais.

Réduis.

Crains.

 

6.o OPTATIF.

Imparfait.

Que je plusse.

Que je parusse.

Que je réduisisse.

Que je craignisse.

 

Présent et futur.

Que je plaise.

Que je paraisse.

Que je réduise.

Que je craigne.

 

Verbes con­jugués comme rendre.

 

1066. Tous les verbes terminés en dre, pre, cre, tre, se conjuguent généralement comme le verbe rendre.

Irréguliers.

 

1067. Les irréguliers de cette classe sont :

1.o Absoudre, et dissoudre.

 

 

1.o Absoudre... Participe présent, absolvant... Participe passif, absous, absoute... Point |194 de prétérit défini, ni, par conséquent, d’imparfait du subjonctif... Imparfait, j’absolvais... Présent, j’absous, tu absous, il absout, nous absolvons, vous absolvez, ils absolvent... Futur, j’absoudrai... Présent du conditionnel, j’absoudrais... Présent du subjonctif, que j’absolve.

Dissoudre se conjugue de même.

2.o Coudre et ses composés.

 

 

2.o Coudre... Participe présent, cousant... Participe passif, cousu, cousue... Prétérit défini, je cousis, autrefois je cousus ; et, par conséquent, imparfait du subjonctif, que je cousisse... Imparfait, je cousais... Présent, je couds, tu couds, il coud, nous cousons, vous cousez, ils cousent... Futur, je coudrai... Présent du conditionnel, je coudrais... Présent du subjonctif, que je couse.

Conjuguez de même recoudre et découdre.

3.o Mettre et ses composés.

 

3.o Mettre... Participe présent, mettant... Participe passé, mis, mise... Prétérit défini, je mis, et imparfait du subjonctif, que je misse... Imparfait, je mettais... Présent, je mets, tu mets, il met, nous mettons, vous mettez, ils mettent... Futur, je mettrai... Présent du conditionnel, je mettrais... Présent |195 de l’impératif, mets... Présent du subjonctif, que je mette.

Les composés permettre, omettre, commettre, émettre, démettre, etc., se conjuguent de même.

4.o Moudre et ses com­posés.

 

 

4.o Moudre... Participe présent, moulant... Participe passé, moulu, moulue... Prétérit défini, je moulus... Imparfait du subjonctif, que je moulusse... Imparfait, je moulais... Présent, je mouds, tu mouds, il moud, nous moulons, etc... Futur, je moudrai... Présent du conditionnel, je moudrais... Présent du subjonctif, que je moule.

Mêmes formes pour les composés remoudre et émoudre.

5.o Prendre et ses compo­sés.

 

5.o Prendre... Participe présent, prenant... Participe passé, pris, prise... Prétérit défini, je pris... Imparfait, je prenais... Présent, je prends, tu prends, il prend, nous prenons, vous prenez, ils prennent... Futur, je prendrai... Présent du conditionnel, je prendrais... Présent de l’impératif, prends... Imparfait du subjonctif, que je prisse... Présent, que je prenne.

Il en est de même des composés apprendre, comprendre, surprendre, etc., etc.

6.o Résoudre.

 

6.o Résoudre... résolvant... resolu, ou resous, selon le sens (1089)... je resolus... que je |196 résolusse. Les autres formes comme absoudre.

7.o Suivre et ses composés.

 

 

7.o Suivre... suivant... suivi, suivie... je suivis... je suivais... je suis, tu suis, il suit, nous suivons, vous suivez, ils suivent... je suivrai... je suivrais... suis... que je suivisse... que je suive.

Conjuguez de même s’ensuivre et poursuivre.

8.o Vivre et ses composés.

 

 

8.o Vivre... vivant... vécu... je vécus (autrefois je véquis)... je vivais... je vis, tu vis, il vit, nous vivons, vous vivez, ils vivent... je vivrai... je vivrais... vis... que je vécusse (autrefois que je véquisse)... que je vive.

On conjugue de même survivre et revivre.

Verbes qui se conjuguent comme plaire.

 

1068. On conjugue sur le modèle du verbe plaire, dont nous avons donné les formes simples (1065), tous les verbes terminés en aire, excepté les irréguliers.

Irréguliers.

 

1069. Ces irréguliers sont :

1.o Braire.

 

1.o Braire... il brait, ils braient... il braira, ils brairont... il brairait, ils brairaient. Il n’a pas d’autre forme.

2.o Faire et ses com­posés.

 

 

2.o Faire... faisant... fait, faite... je fis... je faisais... je fais... je ferai... je ferais... fais... que je fisse... que je fasse.

Conjuguez sur ce modèle les composés |197 défaire, refaire, surfaire, contrefaire, satisfaire, redéfaire.

Forfaire, malfaire, méfaire et parfaire n’ont, outre l’infinitif, que le participe passé forfait, malfait, méfait et parfait, et par conséquent les formes composées.

3.o Traire.

 

 

3.o Traire... trayant... trait... Point de prétérit défini ni d’imparfait du subjonctif je trayais... je trais, etc. nous trayons, etc... je trairai... je trairais... trais... que je traie.

Verbes con­jugés comme paraître.

 

1070. On conjugue sur le modèle du verbe paraître tous les verbes qui se terminent en aître.

Irréguliers.

 

1071. Les irréguliers de cette classe sont :

1.o Naître.

 

1.o Naître... naissant... né, née... je naquis... je naissais... je nais... je naîtrai... je naîtrais... nais... que je naquisse... que je naisse.

2.o Paître.

 

2.o Paître... paissant... pu... je paissais... je pais, etc., nous paissons... je paîtrai... je paîtrais... que je paisse... On dit : il a pu et repu. Le prétérit défini et par conséquent l’imparfait du subjonctif manquent.

Conjugaison des verbes ter­minés en ire.

 

1072. Sur le modèle du verbe réduire se conjuguent les verbes terminés en ire.

Irréguliers.

 

1073. Cette classe a pour irréguliers.

1.o Bruire.

 

1.o Bruire... bruyant... il bruyait... point d’autre forme.

2.o Boire.

 

|198 2.o Boire... buvant... bu, bue... je bus, nous bûmes... je buvais... je bois, tu bois, il boit, nous buvons, vous buvez, ils boivent... je boirai... je boirais... bois... que je busse... que je boive.

3.o Clorre.

 

3.o Clorre... clos... je clos, tu clos, il clot, point de pluriel... je clorai... je clorais... pas d’autre forme.

4.o Conclure.

 

 

4.o Conclure... concluant... conclu, conclue... je conclus, nous conclûmes... je concluais, nous concluions... je conclus, nous concluons... je conclurai... je conclurais... conclus... que je conclusse... que je conclue.

5.o Circoncire.

 

 

5.o Circoncire... circoncis... je circoncis, nous circoncîmes... je circoncis, nous circoncisons... je circoncirai... je circoncirais... que je circoncisse... que je circoncise.

6.o Confire, suffire.

 

 

6.o Confire... confisant... confit... je confis... nous confîmes... je confisais... je confis, nous confisons... je confirai... je confirais... que je confisse... que je confise.

Conjuguez de la même manière suffire, suffi.

7.o Dire et ses composés.

 

 

7.o Dire... disant... dit, dite... je dis, nous dîmes... je disais... je dis, nous disons, vous dites... je dirai... je dirais... dis... que je disse... que je dise.

Redire a exactement les mêmes formes.

|199 Dédire, contredire, interdire, médire, prédire, font à la seconde personne du pluriel du présent de l’affirmatif vous dédisez, contredisez, etc. ; les autres formes comme celles de dire.

Maudire fait nous maudissons, vous maudissez, ils maudissent ; au lieu de nous maudisons, etc... maudissant, participe actif ; le reste comme dire.

8.o Eclore.

 

8.o Eclore... éclos... il éclot, ils éclosent... il éclora, ils écloront... il éclorait, ils écloraient... qu’il éclose, qu’ils éclosent. Il n’a pas d’autre forme.

9.o Écrire et ses composés.

 

9.o Ecrire... écrivant... écrit, écrite... j’écrivis... j’écrivais... j’écris, nous écrivons... j’écrirai... j’écrirais... écris... que j’écrivisse... que j’écrive.

Les composés décrire, souscrire, circonscrire, etc., se conjuguent de la même manière.

10.o Frire.

 

10.o Frire... frit... Présent, je fris, sans pluriel... je frirai... je frirais... frie... les autres formes manquent.

11.o Lire et ses composés.

 

11.o Lire... lisant... lu, lue.... je lus, nous lûmes... je lisais... je lis, nous lisons... je lirai... je lirais... lis... que je lusse... que je lise.

Conjuguez de même relire, élire, réélire.

12.o Luire et ses composés.

 

|200 12.o Luire... luisant... lui... je luisais... je luis, nous luisons... je luirai... je luirais...luis... que je luise.

Il en est de même de reluire.

13.o Nuire.

 

13.o Nuire... nuisant... nui... je nuisis... je nuisais, etc., comme luire.

14.o Rire, sourire.

 

14.o Rire... riant... ri... je ris, nous rîmes... je riais... je ris, nous rions... je rirai... je rirais... ris... que je risse... que je rie.

Sourire se conjugue de même.

15.o Vaincre, convaincre.

 

 

15.o Vaincre... vaincu... je vainquis... je vainquais... je vaincs, tu vaincs, il vainc, (peu usité au singulier), nous vaincons, etc... je vaincrai... je vaincrais... vaincu... que je vainquisse... que je vainque.

Conjuguez de même le verbe convaincre.

Verbes con­jugués comme craindre.

 

1074. Sur le modèle du verbe craindre, on conjugue les verbes terminés en aindre, en eindre et en oindre ; tels que restraindre, atteindre.

 

 

 

 

DIFFÈRENTES ESPÈCES DE VERBES.

 

Ex more imponens cognata vocabula rebus.(Horat.)

 

 

 

1075. Nous avons déjà parlé des verbes réguliers et irréguliers (1047).

Défectifs.

 

 

1076. Nous en avons vu aussi plusieurs |201 (1050 2.o, 1057 7.o et 8.o, 1059 2.o etc., etc.) qui manquent d’une ou de plusieurs formes : ceux-ci s’appellent défectifs ou défectueux, du mot latin deficere qui signifie manquer.

Mono­per­son­nels ou im­per­son­nels.

 

 

1077. D’autres ne sont usités qu’à la troisième personne de quelques-unes de leurs formes, ou de toutes leurs formes, comme il avait fallu, il eut fallu, il fallut, il a fallu, il fallait, il faut, il faudra, il aura fallu, il faudrait, il aurait fallu, qu’il fallût, qu’il faille... Il pleut, il pleuvait, etc... Il convenait, etc. ; et comme ceux que nous avons cités 1062 1.o et 12.o, 1068 3.o, etc., etc. On les nomme impersonnels, parce qu’ils n’ont pas toutes les personnes, il serait plus exact de les appeler monopersonnels, comme n’ayant qu’une personne dans chaque forme.

Il se faut entr’aider : c’est la loi de nature.
       L’âne un jour pourtant s’en moqua ;
       Et ne sais comme il y manqua ;
       Car il est bonne créature. (La Font., liv. 8, fab. 17.)

Actifs et pas­sifs.

 

 

1078. Dans la proposition : la loi protège également tous les citoyens, la loi, qui est le sujet, exerce l’action exprimée par le verbe protège ; cette action tombe sur un objet différent (tous les citoyens) ; et ces |202 derniers mots sont le complément direct du verbe.

Dans la proposition : tous les citoyens sont également protégés par la loi, qui a le même sens que la précédente, les mots tous les citoyens, qui tout à l’heure étaient le complément du verbe, sont maintenant le sujet de la proposition ; mais ils n’exercent pas l’action exprimée par le verbe sont protégés, elle est, au contraire, exercée sur eux par la loi ; ils la souffrent ; ils en sont le terme, au lieu d’en être la cause ou le moteur.

Dans la première proposition le verbe protége est appelé actif, parce qu’il suppose de l’activité, de l’énergie dans le sujet, puisque c’est lui qui exerce l’action sur autrui.

Dans la seconde, le verbe sont protégés est passif ; parce que le sujet, loin d’avoir de l’activité, loin d’exercer l’action, est dans un état passif, puisque c’est sur lui que cette action est exercée par autrui.

Dans l’une comme dans l’autre l’action part toujours du même principe, du même moteur, la loi ; elle tombe toujours sur le même objet, sur le même terme, tous les citoyens, il n’y a de différence que dans la construction de la phrase.

|203 Ainsi les verbes sont actifs ou passifs selon que le sujet de la proposition exerce sur autrui, ou souffre lui-même de la part d’autrui l’action exprimée par le verbe.

Si nous avons réellement des verbes passifs en français.

 

 

1079. A la rigueur nous ne devrions pas admettre des verbes passifs dans notre langue, puisque nous n’avons pas des formes particulières, des inflexions distinctes pour les cas où l’action est exercée par autrui sur le sujet de la proposition. Les Latins expriment par un seul mot être aimé (amari), je suis aimé (amor), je serai aimé (amabor), etc., etc. : mais nous ne pouvons exprimer toutes les formes relatives au passif que par la combinaison des formes du verbe être avec le participe passé d’un autre verbe : ce n’est donc pas, rigoureusement parlant, pour nous une voix différente, et être aimé, je suis aimé, n’est pas plus un verbe passif que être malade, je suis malade ; or ce dernier est la réunion d’un adjectif, et non pas d’un participe, aux formes du verbe être.

Verbes d’état.

 

 

1080. Les verbes qui n’expriment ni action, ni passion, c’est-à-dire, ni une action exercée par le sujet sur autrui, ni une action soufferte par le sujet de la part |204 d’autrui, mais une situation, ou un état, comme languir, dormir, etc. ; ou même ceux qui expriment une action qui ne se termine sur aucun objet, ou bien qui n’ont pas de complément direct, comme marcher, parler, etc. ; ne sont donc ni actifs, ni passifs ; c’est pour cela qu’on les appelle verbes neutres, épithète qui signifie ni l’un ni l’autre. Nous les appelerons plus volontiers verbes d’état, parce qu’ils expriment réellement l’état, ou la situation où se trouve le sujet.

Verbes ré­fléchis.

 

 

1081. Lorsque le verbe est actif, ou que le sujet exerce l’action (1078), et qu’il l’exerce sur lui-même et non pas sur autrui, de manière qu’il soit tout à la fois le sujet de la proposition et le complément direct du verbe, le verbe s’appelle réfléchi, parce que l’action, qui part du sujet, rétrograde en quelque sorte, revient sur elle-même, et se réfléchit sur l’individu même qui l’a imprimée ; comme dans ces exemples : je me connais, pour je connais moi ; tu te trompes, pour tu trompes toi ; il se blesse, pour il blesse lui-même, etc.

Pour un mot quelquefois vous vous étranglez tous :
Ne vous êtes vous pas l’un à l’autre des loups ? (La Font., liv. 12, fab. 1.)

|205 Vous êtes-vous connus dans le monde habité ?
On ne le peut qu’aux lieux pleins de tranquillité :
Chercher ailleurs ce bien est une erreur extrême. (La Font., l. 12, f. 32.)

Résumé.

 

 

1082. Ainsi, en comparant les formes d’un verbe avec celles d’un autre verbe pris arbitrairement pour modèle, il est régulier, ou irrégulier, en considérant le nombre des formes, il est ou il n’est pas défectif, selon qu’il a toutes les formes usitées, ou qu’il lui en manque quelqu’une ; en faisant attention au nombre d’inflexions nécessaires pour les trois personnes, il est ou il n’est pas monopersonnel, suivant qu’il manque de quelques-unes de ces inflexions, ou qu’il les a toutes ; en considérant le principe et le terme de l’action exprimée par un verbe, il est actif, ou passif, ou réfléchi, selon que l’action est exercée par le sujet sur autrui, ou par autrui sur le sujet, ou par le sujet sur lui-même ; et enfin un verbe est appelé verbe d’état lorsqu’il n’exprime qu’une situation, ou lorsqu’il exprime une action qui ne se termine nulle part.

 

|206

 

 

QUELQUES REMARQUES SUR LES VERBES.

 

Hæc animadvertant, tacitâque in mente volutent. (Man.)

 

Observations
sur le mode interrogatif.

 

 

1083. Dans toutes les formes du mode interrogatif (1035), le substantif personnel, qui est le sujet du verbe, se place après celui-ci : viendrez-vous ? partirons-nous ? On sépare alors le substantif personnel du verbe par un tiret.

Si le verbe a la troisième personne du singulier terminée par une voyelle, on met entre le verbe et le substantif personnel qui suit un t entre deux tirets, pour éviter l’hiatus désagréable que formerait le concours de deux voyelles. Viendra-t-il ? Changera-t-on ? Viendra-il ? chantera-on ? seraient trop durs à prononcer ; et notre langue est si amie de l’harmonie, qu’elle lui sacrifie les règles, ainsi que nous l’avons déjà observé (962.).

On emploie le t entre deux tirets dans tous les cas où le substantif personnel se place après le verbe (1036), si le verbe est terminé par une voyelle.

La plainte, ajouta-t-il, guérit-elle son homme ? (La Font., liv. 10, f. 16.)

|207................ Tout établissement
Vient tard et dure peu. La main des parques blêmes
De vos jours et des miens se joue également.
Nos termes sont pareils par leur courte durée.
Qui de nous, des clartés de la voûte azurée
Doit jouir le dernier ? est-il aucun moment
Qui vous puisse assurer d’un second seulement ?
Mes arrière-neveux me devront cet ombrage :
       Hé bien ! défendez-vous au sage
De se donner des soins pour le plaisir d’autrui ?
Cela même est un fruit que je goûte aujourd’hui. (La Font., liv. 11, fab. 8.)

Parlé-je ? chanté-je ?

 

 

1084. Par une raison semblable, si l’interrogation se fait à la première personne terminée par un e muet, on met un accent aigu sur l’e muet ; et l’on prononce et l’on écrit parlé-je bien ? Chanté-je juste ? Vous aimé-je assez ? et non pas parle-je bien ? ni parlai-je bien ? etc.

Veillé-je ? Et n’est-ce pas un songe que je vois ? (La Font., liv. 10, fab. 10.)

Si le verbe est monosyllabe, on prend une tournure différente, et l’on dit : est-ce que je mens ? est-ce que je perds ? et non pas mens-je ? perds-je ? qui seraient trop durs. Est-ce que je dis que vous avez tort ?

1085. Nous avons déjà remarqué (1036) que le sujet de la proposition se place à la |208 suite du verbe lorsqu’on raisonne hypothétiquement et dans d’autres circonstances.

Eussiez-vous mille fois plus de talens, vous n’êtes jamais dispensé d’être modeste.

Le sujet se place aussi après le verbe lorsqu’on rapporte un discours, et qu’après les premiers mots du discours on place les mots dit-il, répondit-il, ou d’autres semblables. Français, s’écria-t-il, votre liberté ne sera vraiment solide que lorsque vous respecterez religieusement les mœurs et la vertu.... Vous avez raison, répartit-il.

Le monde est vieux, dit-on : je le crois : cependant
Il le faut amuser encor comme un enfant. (La Font., liv. 8, fab. 4.)

Seconde per­sonne de l’im­pératif suivie d’un s devant y.

 

 

1086. Nous avons vu (1046) que la seconde personne du singulier du présent de l’impératif n’est pas terminée en ; néanmoins, si elle est suivie de l’adverbe y, on lui donne un s par euphonie. Vas-y toi-même. Cueilles-y des fleurs. Va-y, cueille-y, feraient des hiatus qu’il faut éviter.

On ne dit pas non plus menez-m’y, transporte-t’y, envoyez-m’y ; il faut dire : menez-y-moi, transportez-y-moi, envoyez-y-moi, etc.

Emploi des formes du
sub­jonctif.

 

 

1087. Les formes du subjonctif dépendent toujours d’un verbe précédent (1024) : elles |209 ne peuvent pas néanmoins être employées indifféremment ; la préférence des unes sur les autres doit être déterminée par la forme du verbe qui précède ; et quoiqu’on dise : je désire, ou je désirerais toujours que vous ayez raison dans cette circonstance, on doit dire : je désirerais ou j’aurais désiré que vous eussiez raison, et non pas que vous ayez.

Il s’en est allé ; il s’est enfui.

 

1088. Il faut dire : il s’en est allé et il s’est enfui, parce que enfui est un seul mot composé entre les deux parties duquel on ne peut pas mettre le verbe est : il s’est en allé, et il s’en est fui sont des fautes.

Résolu et ré­sous, parti­cipes du verbe ré­soudre.

 

1089. Le verbe résoudre a deux participes passés (1067 6.o) résolu et résous ; mais ces deux participes n’ont pas la même acception. On emploie le participe résous lorsqu’il s’agit de choses changées en d’autres : le soleil a résous le brouillard en pluie. Hors ce cas, on emploie le participe résolu. Il a résolu ce problême. Il a résolu de quitter la ville, de partir demain.

Vaillant n’est pas le parti­cipe du verbe valoir.

 

1090. Vaillant n’est pas le participe actif du verbe valoir (1063 9.o).

C’est un substantif qui signifie à peu près la même chose que capital, fortune, et que l’on emploie dans ces phrases du discours |210 familier : il n’a pas cinquante centimes vaillant ; il a douze mille francs vaillant.

En quoi le plu­riel de certains par­ticipes pas­sés et les se­condes per­sonnes de cer­tains temps dif­fèrent par l’or­tho­graphe.

 

1091. La seconde personne du pluriel de plusieurs formes des verbes est terminée par un é fermé ; il faut l’écrire alors par un z sans accent sur l’é ; au lieu que le pluriel masculin des participes s’écrit par un é fermé et par un s. Vous aimiez, vous aimez, vous aimerez, vous finiriez, vous rencontrassiez, etc. Ils sont aimés, ils furent labourés, ces airs seront mal exécutés.

Ne pas donner à deux verbes, réunis par une conjonction, le même complé­ment, lorsqu’ils en exigent de différens.

 

1092. Lorsque deux verbes réunis par une conjonction doivent avoir, l’un un complément direct, l’autre un complément indirect, il ne faut pas leur donner le même complément. Il ne faut donc pas dire : l’armée d’Italie bloqua et s’empara de Mantoue ; il faut dire : bloqua Mantoue et s’en empara, ou s’empara de Mantoue après l’avoir bloquée ; par ce moyen, chaque verbe a l’espèce de complément qu’il doit avoir. De même, au lieu de dire : j’aime et je me plais à la campagne, on doit dire : j’aime la campagne et je m’y plais.

Il faut faire la même remarque pour tous les mots quelconques qui ont des complémens différens. Boileau a eu tort de dire :

|211 Vos froids raisonnemens ne feront qu’attiédir
Un spectateur toujours paresseux d’applaudir.

il faut paresseux à.

Ne pas don­ner un complé­ment direct à un verbe qui en exige un in­direct.

 

1093. Il ne faut pas non plus donner un complément direct à un verbe qui en exige un indirect ; et réciproquement. Ne dites donc pas : on lui fournit tout ce qu’il a besoin, mais tout ce dont il a besoin. Au lieu de je l’ai parlé, je lui ai prié, dites je lui ai parlé, je l’ai prié. Cela sent l’ail, et non pas cela sent à l’ail. Cette viande sent le relent. Voilà qui sent la fleur d’orange, etc. Dans toutes ces phrases sentir est pour exhaler.

Les verbes ac­tifs ont pour au­xiliaire avoir.

 

1094. Les verbes actifs, dans toutes leurs formes composées, résultent de la combinaison des formes du verbe avoir et du participe passé du verbe dont il s’agit. Nos soldats ont toujours battu l’ennemi. Elle a chanté une ariette. Il avait labouré, etc.

Les passifs ont pour au­xiliaire être.

 

1095. Toutes les formes des verbes passifs résultent de la combinaison des formes du verbe être et du participe passé (1078) : j’avais été aimé, je fus aimé, j’étais aimé, je suis aimé, etc., etc.

Il en est de même des ver­bes réfléchis.

 

1096. Pour former les temps composés des verbes réfléchis, il faut aussi réunir les formes du verbe être avec le participe passé |212 du verbe réfléchi : je me suis fait du mal, et non pas je m’ai fait. Il s’est crevé les yeux, et non pas il s’a crevé. Et quoique l’on dise fort bien : je lui ai opposé ces difficultés ; il l’a reconnu ; ils l’ont endormi à force de le bercer, parce que tous ces verbes sont actifs (1094) ; on doit dire : je me suis opposé ces difficultés ; il s’est reconnu ; il s’est endormi à force d’être bercé, parce qu’ils sont réfléchis. Nous nous sommes reposés après nous être bien promenés.

Auxiliaires des verbes d’é­tat.

 

 

1097. Quant aux verbes d’état, il y en a qui, dans leurs formes composées, se conjuguent avec le verbe être, et d’autres qui ont toujours pour auxiliaire le verbe avoir. Ainsi, tomber, mourir, etc., ont toujours pour auxiliaire le verbe être. Je suis tombé tout à plat, et non pas j’ai tombé. Il est mort de ses blessures, etc. Au contraire, languir, dormir, marcher, croître, exceller, régner, souffrir, etc., se combinent avec les formes du verbe avoir. J’ai langui long-temps. Elle a dormi huit bonnes heures. Ils ont marché très-vite. Les Grecs avaient excellé dans les beaux-arts, etc., etc.

Choix à faire entre les ver­bes être et avoir.

 

 

1098. Dans bien des circonstances il y a un choix à faire entre le verbe être et le verbe avoir, considérés comme auxiliaires ; il |213 n’est pas du tout indifférent de prendre l’un plutôt que l’autre. On doit préférer les formes du verbe avoir lorsqu’on veut exprimer une action, et celles du verbe être lorsqu’on veut indiquer une situation : sans doute parce que ce dernier exprimant essentiellement et explicitement l’existence, il est aussi plus propre à marquer la modification sous laquelle existe le sujet, ou l’état dans lequel il se trouve.

D’après ce principe, on dit : il a sorti, de quelqu’un qui est rentré après être sorti, parce qu’on veut marquer, non pas l’état où il se trouve actuellement, puisqu’il est rentré, mais l’action qu’il a faite de sortir ; et l’on dit : il est sorti, de quelqu’un qui n’est pas rentré, parce qu’on veut marquer précisément la situation où il se trouve, celle d’être hors de chez lui. La première de ces deux phrases peut se changer en cette autre du même sens : il a été sortant, ce qui marque bien évidemment l’action qu’il a faite et non pas l’état où il se trouve, il a été faisant l’action de sortir. La seconde ne peut pas absolument se traduire par le moyen du participe actif sortant, sans en changer le sens ; il n’y a donc aucune nuance d’action dans cette phrase ; sorti fait là les fonctions et a |214 la nature d’un adjectif ; il exprime donc une modification, un état, une situation. On peut appliquer la même analyse aux phrases suivantes.

On dit : il a monté, ou, il a descendu l’escalier ; il a monté, ou, il a descendu tout seul et sans secours, parce qu’alors on a pour but positif d’exprimer l’action de monter, de descendre ; il a été montant ou descendant l’escalier, etc. Au lieu qu’on doit dire : il est monté, lorsqu’on veut exprimer qu’il est là haut ; et il est descendu, lorsqu’on veut dire qu’il est là bas ; on exprime alors, non pas l’action de monter ou de descendre, mais la situation où il se trouve après cette action.

Elle a demeuré à Paris, veut dire qu’elle y a séjourné à une époque quelconque ; elle a été demeurant à Paris : elle est demeurée à Paris, signifie qu’elle y est encore.

D’après cela, on peut choisir entre il a apparu et il est apparu ; la fièvre a cessé et la fièvre est cessée, etc., etc., et préférer celle de ces phrases qui exprime l’idée précise qu’on veut rendre, dans les cas surtout où cette précision est nécessaire.

Convenir ; son auxiliaire.

 

1099. Convenir, lorsqu’il signifie demeurer d’accord, se conjugue avec le verbe être ; |215 et quand il signifie être propre, être sortable, il se conjugue avec le verbe avoir. Cette maison m’a convenu, et nous sommes convenus du prix.

Avec ne, le présent de l’impératif.

 

1100. Avec ne il faut toujours mettre le présent de l’impératif et non pas celui du subjonctif, comme l’on fait mal à propos dans certains cantons. Ne fais pas cela, et non pas ne fasse pas. Ne vas pas là, et non pas n’aille pas là. On ordonne, en effet, de ne pas faire, de ne pas aller : c’est donc une forme de l’impératif qu’il faut employer ; et une forme du subjonctif, en pareil cas, est un solécisme.

Ne nous en moquons point : nous nous laissons séduire
       Sur aussi peu de fondement ;
       Et chacun croit fort aisément
       Ce qu’il craint, ou ce qu’il désire. (La Font., liv. 11, fab. 6.)

Jamais auprès des fous ne te mets à portée :
Je ne te peux donner un plus sage conseil. (La Font., liv. 9, fab. 8.)

La Fontaine s’est bien gardé de dire : ne nous en mocquions pas, ne te mette pas.

Faute com­mune.

 

1101. Il lui a payé six francs à-compte, et il lui reste encore quatre francs, est un autre solécisme : il faut dire, et il lui doit encore, ou il lui est encore redevable de, etc.

 

 

Notes

[17] (a) Autres exemples d’un futur exprimé par la forme du présent : je serai inconsolable s’il ne réussit pas. Cette réussite est évidemment dans l’avenir. Je serai mécontent de vous, si vous ne continuez pas à vous bien comporter, etc., etc.

[18] (a) Ce modèle s’appelle aussi paradigme.