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Dixième Leçon.

Manuel Des élèves du Cours de Grammaire-Générale Par Demandes et par Réponses.

Table des matières

 

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Dixième Leçon.

121.

D.

Qu’est-ce que la méthode ?

 

R.

Ce mot vient du grec mεtοδος, composé de mεθα, trans ou per, et du nom οδος, via. Une méthode est donc la manière d’arriver à un but par la voie la plus convenable. Ainsi, par rapport à la logique, la méthode est l’art de disposer ses idées, de manière qu’on les entende soi-même, avec plus d’ordre, et qu’on les fasse entendre aux autres avec plus de fidélité.

122.

D.

Combien y a-t-il de sortes de méthodes ?

 

R.

On dit communément qu’il y a deux sortes de méthodes : l’une qu’on appelle analyse, et l’autre synthèse. Les modernes y ajoutent la méthode de Descartes.

123.

D.

Qu’est-ce que la méthode analytique ?

 

R.

L’analyse se fait lorsque, par les détails, on parvient à ceque l’on cherche ; c’est une sorte d’induction, on l’appelle aussi méthode de résolution, ou de décomposition.

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124.

D.

Quelles sont les règles particulières de la méthode analytique ?

 

R.

La méthode analytique sert à résoudre une question et à trouver la vérité. On commence par les choses les plus composées, et on remonte pas-à-pas, et comme par dégrés, aux moins composées et plus simples.

L’analyse consiste plus dans le jugement et dans l’adresse de l’esprit, que dans des règles particulières. Elle procède toujours du connu à l’inconnu ; c’est un arbre généalogique qu’on commence depuis le dernier descendant en rémontant jusqu’au la chef : exemple[ :] du fils, au père, du père à l’ayeul etc ...

125.

D.

Qu’est-ce que la synthèse ?

 

R.

La synthèse qu’on appelle aussi méthode de composition, consiste à commencer par les choses les plus générales, pour passer à celles qui le sont moins : par exemple, expliquer les genres, avant que d’expliquer les espèces et de parler des individus. On l’appelle encore méthode de doctrine, parceque ceux qui enseignent, commencent ordinaire.mt par les principes généraux.

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126.

D.

Quelles sont les règles particulières de la méthode synthétique ?

 

R.

On se sert de la méthode synthétique pour enseigner aux autres les vérités que l’on sait. On commence par les choses les plus générales et les plus simples pour passer aux moins générales et plus composées. C’est un arbre généalogique qui descend de la tige commune au dernier descendant : exemple[ :] du père au fils, du fils au petit fils [?etca]...

127.

D.

Y a-t-il des règles communes aux deux précedentes méthodes ?

 

R.

Voici quelques principes de méthode :

1.o Aller toujours du connu à l’inconnu.

2.o Concevoir nettement et distinctement le point précis de la question.

3.o Ecarter tout cequi est inutile et étranger à la question.

4.o N’admettre pour vrai que ceque l’on connait évidemment pour être vrai.

5.o Eviter la precipitation et la prévention.

6.o Ne comprendre dans ses jugemens rien de plus que cequ’ils présentent à l’esprit.

7.o Diviser le sujet dont il s’agit en autant |[78] de parties que cela est nécessaire, pour l’éclaircir et le bien traiter.

128.

D.

Laquelle de ces deux méthodes doit-on préférer ?

 

R.

L’une et l’autre méthode peut être suivie pour enseigner : mais l’analyse est souvent la plus propre, parcequ’elle suit l’histoire de nos idées, en nous menant du particulier au général.

129.

D.

Qu’entendez-vous par la méthode Cartésiène ?

 

R.

Thomas dans l’éloge de Descartes, en 1767, donnent le tableau abrégé de cette méthode. Descartes, dit-il, établit pour principe, de ne regarder comme vrai, que cequi est évident, c’est-à-dire, cequi est clairement contenû dans l’idée de l’objet qu’il contemple : tel est le fameux doute méthodique de Descartes. Tel est le premier pas qu’il fait pour en sortir, et la première règle qu’il établit. C’est cette règle qui a fait la révolution de l’esprit humain : pour diriger l’entendement, il joint l’analyse au doute. |[79] Décomposer les questions, et les diviser en plusieurs branches ; avancer par dégrés des objets les plus simples aux plus composés, et des plus connus, aux plus cachés ; combler l’intervalle qui est entre les idées éloignées, et les remplir par toutes les idées intermédiaires ; mettre dans ces idées un tel enchainement que toutes se déduisent aisément les unes des autres, et que les énoncer, ce soit, pour ainsi dire, les démontrer ; voilà les autres règles qu’il a établies, et dont il a donné l’exemple.[ »]

Descartes est un autre Fabius, cunctando rem philosophicam restituit.

130.

D.

La méthode de Descartes est-elle bien importante ?

 

R.

Le doute philosophique de Descartes, a rendu le service important de dissiper une infinité de préjugés qui offusquaient la raison humaine. Chez Descartes, Douter méthodiquement, c’est examiner, balancer, enfin c’est de ne donner son assentiment à une proposition, qu’elle ne soit bien connue, par elle-même, ou déduite d’autres propositions connues par elles-mêmes.

|[80]

   

131.

D.

Est-il bien utile de suivre servilement une méthode quelconque ?

 

R.

La méthode dans un ouvrage, dans un discours, est l’art de disposer ses pensées dans un ordre propre à les prouver aux autres, ou à le leur faire comprendre avec facilité.

La méthode est avantageuse dans un ouvrage, et pour l’écrivain, et pour son lecteur. A l’égard du premier, elle est d’un grand secours à son invention. Lorsqu’un homme a formé le plan de son discours, il trouve quantité de pensées qui naissent de chacun de ses points capitaux, et qui ne s’étaient pas offerts à son esprit, lorsqu’il n’avait examiné son sujet qu’en gros. Les avantages qui reviennent d’un tel discours au lecteur, répondent à ceux que l’écrivain en rétire : il conçoit aisément chaque chose, il y observe tout avec plaisir, et l’impression en est de longue durée.

Mais quelques louanges que nous donnions à la méthode, nous n’approuvions pas ces auteurs, et surtout ces orateurs méthodiques à l’excès, qui dès l’entrée d’un discours n’oublient jamais d’en exposer l’ordre, la symétrie, la division. L’arrangement doit se faire sentir à mesure que le discours avance : si l’ordre y est regulièrement observé, il n’échappera point aux personnes intelligentes.

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132.

D.

Je poursuis mon plan de ne point séparer, dans l’étude d’une science, la pratique de la théorie ; or je vous demande de nous faire connaître la meilleure manière d’étudier ?

 

R.

Les études malfaites gâtent l’esprit au lieu de le perfectionner. Les études doivent être conduites avec choix. L’esprit humain a ses bornes en général, et chaque esprit a les siennes en particulier. En étudiant, il faut accoutumer notre esprit à comparer, à combiner ensemble les idées que nous donnent les personnes qui nous instruisent de vive voix, ou par leurs écrits. Afin d’en tirer de nouvelles lumières, par les rapports que nous découvrons entre ces idées, par nos réfléxions.

133.

D.

Y a-t-il un choix à faire dans les études ?

 

R.

Ouï sans doute ; et dans ce choix des études, il faut donner la préférence à celles qui sont utiles généralement à tous les hommes ; telle est, par exemple la logique. Elle rend l’homme raisonnable, en rendant ses pensées justes, ses raisonnemens exacts. Elle nous apprend à mettre |[82] de l’ordre et de la précision dans tout ceque nous disons, et dans tout ceque nous écrivons. L’ambiguité est un défaut dont la logique nous garantit. L’obscurité n’est jamais le vice de ceux qui contraitent l’habitude de mettre de la suite dans leurs idées, et de l’arrangement dans leurs réfléxions.

134.

D.

Quel est le plus sûr moyen de s’instruire ?

 

R.

La lecture est un bon moyen pour nous éclairer et pour nous instruire, pourvû qu’on sache l’art de lire. Parmi ceux qui lisent, il y en a peu qui sachent lire utilement. Les uns lisent trop. Il en est des livres à peu près comme de la lumière : la trop grande quantité éblouït, aveugle, et nuit plus qu’elle ne sert. Il y en a beaucoup qui lisent sans choix ; d’autres enfin ne lisent pas assez pour meubler leur esprit d’une quantité suffisante d’idées des choses pour en juger.

135.

D.

Comment doit-on régler ses lectures ?

 

R.

Il faut lire dans de justes bornes, ni trop, ni trop peu. Il faut lire avec attention |[83] et avec choix, pour acquérir des connaissances utiles, et capables de nous former l’esprit et le coeur. Il faut méditer cequ’on lit ; il faut pénétrer le sens des expressions en consultant l’usage. Il ne faut /pas/ se contenter d’effleurer les choses qu’on lit ; il faut réfléchir : il faut s’arreter de tems en tems pour approfondir et pour bien déméler cequ’on lit. Enfin il faut faire des analyses de ses lectures, un précis de cequ’on a remarqué de meilleur ; l’écrire, en parler, se faire un plaisir de communiquer cequ’on a appris. Le plus excellent moyen de s’instruire, c’est d’instruire les autres.

 

 

Harmonisations

Toutes les phrases ainsi que les noms propres de personnes commencent par une majuscule.

Les titres de chapitres sont suivis dun point.

Dans les cas dinversion de la forme verbe-til/elle/on > verbe-t-il/elle/on.

 

19 D. > 19. D.

Première leçon > Première Leçon.

 

a (prép.) > à

agréments > agrémens

ame(s) > âme(s)

arguments > argumens

auroient > auraient

aussitot > aussitôt

bientot > bientôt

celles-la > celles-là

ce que, ce qui > ceque, cequi

Cesar > César

châque > chaque

conformite > conformité

connaîssances, connoissances > connaissances

connoître > connaître

connû > connu

decompositions > décompositions

déméleroit > démélerait

demonstrative > démonstrative

desir(s) > désir(s)

desorte > de sorte

developpement > dévéloppement

dévélope, dévéloper ; dévélopement > dévéloppe, dévélopper ; dévéloppement

echapera > échappera

echappe(nt) > échappe(nt)

ecrivain > écrivain

elles mêmes > elles-mêmes

enthimême > enthymème

épichéreme, epichéreme > epichéréme

etablit > établit

etais > étais

étendûe (n.) > étendue

étendûs (part. passé de « étendre ») > étendus

éxacte(s ); éxactement > exacte(s) ; exactement

éxamen > examen

éxaminé > examiné

éxaminer > examiner

éxaminons > examinons

éxemplaire > exemplaire

éxemple > exemple

éxistence > existence

fâcher > facher

faisons > fesons

faisant > fesant

génerale ; gènèralement > générale ; généralement

gén.̃le, gnle > générale

gout > goût

grammaire générale > grammaire-générale

Gram.̃re > Grammaire

instruments > instrumens

la quelle > laquelle

legislateurs > législateurs

naitre > naître

necessaire, necessairement > nécessaire, nécessairement

necessite > nécessité

oeïl > œil

operations > opérations

ou (pronom relatif) > où

où (conjonction) > ou

parconséquent > par conséquent

parlaquelle > par laquelle

personnel > personel

physiologistes > phisiologistes

plustôt > plutôt

prémiers > premiers

premieres > premières

qu’elle(s) (adjectif interrogatif/pronom interrogatif) > quelle(s)

quest-ce que > qu’est-ce que

quoiquelles > quoiqu’elles

raisonable(s) > raisonnable(s)

raisonant, raisonement, raisonemens, raisoner < raisonnant, raisonnement, raisonnemens, raisonner

raisonnements > raisonnemens

(re)connaitre > (re)connaître

régle(s) > règle(s)

resistence > résistance

retorquer > rétorquer

seroit > serait

sucessivement > successivement

sur ; surément, surement ; sureté > sûr ; sûrement ;sûreté

tantot > tantôt

très adj. > très-adj.