Springe direkt zu Inhalt

Quatrième Partie. de la Methode

 

Table des matières

 

1.re Partie. 1.er Traité

1.re Section. Chap. 1-6

1.re Section. Chap. 7-11

2.me Section. Chap. 1-4

2.me Section. Chap. 5-8

Introduction

 

2.me Traité. Logique

1.re Partie

2.me Partie

3.e Partie

4.e Partie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

4.e Partie.

de la Methode.

 

 

 

Quoique très importante, cette partie |[405] de la Logique, est celle qu’en Général on traitoit autres fois avec le moins d’etendue, Compara­tivement aux autres ; celle dont les idées etoient le plus mal determinées et celle enfin où L’on s’etoit le plus mal decidé. on distinguoit deux especes de methodes, mais on les Caracterisoit avec si peu d’exactitude, quil etoit à peu près impossible de se faire une bonne Notion d’aucune ; et l’on donnoit ensuite la preference à celle qui incontestablement ne la merite point. penetrés de ces vices de L’ancienne Logique, nous tache­rons de les eviter : après avoir bien determiné la notion qu’on doit se faire de la methode en Général et en particulier, nous raisonnerons les motifs qui doivent faire preferer l’une des deux especes à l’autre.

   

 

 

   

Chapitre 1.er

Notion de La methode en Général et en particulier.

 

methode en Gé­néral

 

122. La methode en Général, est l’art |[406] de disposer ses Pensées, de la Maniere la plus propre à decouvrir La Verité, ou à la Communiquer aux Autres, Lorsqu’on la trouvée.

 

 

on a cru qu’ayant un double but, la methode devoit etre divisée en deux especes, C. à. d. que, dans l’exposition de la verité Connue, on devoit Suivre des procedés differents de ceux qui la font decouvrir ; et en Con­sequence on a distingué deux methodes : celle destinée à chercher la verité est appellée Analyse ; et l’on a nommé Synthese, celle qui devoit servir à Communiquer aux autres, la verité trouvée.


synthese et ana­lyse

 

on a cru qu’ayant un double but, la methode devoit etre divisée en deux especes, C. à. d. que, dans l’exposition de la verité Connue, on devoit Suivre des procedés differents de ceux qui la font decouvrir ; et en Con­sequence on a distingué deux methodes : celle destinée à chercher la verité est appellée Analyse ; et l’on a nommé Synthese, celle qui devoit servir à Communiquer aux autres, la verité trouvée.



Notion qu’on s’en est Faite d’après L’Ety­mo­logie des noms.

 

123. ces deux mots, Synthese et Analyse, sont grecs, comme la pluspart des mots techniques, et ils signifient Composition et decomposition ; ce qui fait d’abord entendre que, dans la Synthese, on Considere les choses Comme formées, et dans l’analyse, comme defaites, C. à. d. que, dans l’une, on montre la chose toute entiere, |[407] pour en faire ensuite ob­server les parties ; et que, dans l’autre, on Commence par montrer les parties, pour faire voir ensuite la chose toute entiere : d’où il est venu que certains Logiciens ont Comparé ces deux methodes, mais avec bien p[e]u de Justesse, à la double maniere dont on peut faire une Généalogie ; il n’y a de vrai, dans cette comparaison, si ce n’est que, Comme dans une Géné­alogie, on peut egalement Commencer ou finir par le même point, de même aussi la Synthese commence par où L’analyse finit ; et que reci­proquement L’analyse Commence par où la synthese finit. mais la com­paraison est vicieuse, à tout autre egard ; et d’abord, qu’on connoisse ou non, la suite des Générations, on pourra egalem.t la trouver ou L’exposer, soit qu’on commence par les ayeux, ou les descendants, il n’y a donc rien dans cette double maniere de Proceder, qui ressemble plus particulierem.t à L’une des deux methodes qu’à L’autre : en second Lieu, soit qu’on Commence |[408] les Généalogies par L’un ou par l’autre bout, on ne trouve Jamais que des individus, C. à. d. des parties de la serie, tandis qu’au Contraire la synthese Commence par un ensemble, ou un Tout.


de ce que
la syn­these appelle prin­cipes.

 

124. Toutes nos premieres idées sont individuelles ; et nous n’en for­mons de générales et abstraites, qu’après avoir observé separément beau­coup d’individus ; (1. tr. 30.) celles-ci sont donc le resultat des premieres, et elles supposent un ensemble ou d’idées, ou d’operations de L’entende­ment. aussi est-ce par elles, que la synthese commence, pour descendre ensuite à des Particularités, par le moyen du Raisonnement. ces idées Générales sont ce qu’elle appelle assès improprement principes, et l’on peut préssentir d’après cela, la forme de ses procedés ; mais nous devons faire Connoitre les denominations quelle leur donne.



L’un des pre­miers procedés de la syn­these est de definir tous les mots quelle doit em­ployer.

 

Elle definit d’abord les mots dont elle veut se servir : nous avons deja parlé des definitions ; (sup. 1.re part ch. 2). |[409] il Suffit donc d’ajouter ici que les partisans de la Synthese, trop scrupuleux observateurs de L’usage, definissent quelques fois des mots dont le Sens est deja Si clair, que les definitions ne servent qu’à L’embrouiller ; que d’autres fois ils veulent même definir ce qui ne peut pas etre l’objet d’une definition, c. à. d. les mots, signes des idées Simples ; (31.) que quelques fois encore ils ne Conservent pas aux mots, dans toute la serie de leurs Raisonne­ments La Signif.on qu’ils leur avoient d’abord donné. ce reproche a été fait à Euclide Lui-même, et avec raison ; Par en parlant de la maniere dont un angle peut etre divisé en deux parties, ce qui se fait en Tirant une Ligne du Sommet, à une base supposée ; il dut nécéssairement ne plus prendre le Mot angle, Comme designant la rencontre de deux lignes ; chose evidement indivisible, et néanmoins il lui avoit précedement donné cette signification.






abus qu’a sou­vent produit cette Pre­caution.

 

125. il faut enfin observer qu’après avoir fait des definitions, Certains auteurs |[410] les ont regardées Comme exprimant la nature des choses definies, et que de là sont Souvent Venues de graves disputes sur les choses mêmes qui paroissoient le moins Susceptibles de devenir un Sujet de Contestation. C’est par Suite de cette meprise, qu’ayant defini le nombre Ce Par quoi s’exprime la quantité de chaque chose, un ancien Geometre Soutint avec un acharnement qui alloit Jusqu’à la colere, que L’unité etoit un nombre ; Et voici Les arguments qu’il employoit contre ceux qui, après avoir defini le nombre une Collection d’unités, ne pouvoient pas etre de son sentiment.

La partie est de même nature que le tout ;
or l’unité est une partie d’une Collection d’unités ;
donc L’unité est de même nature qu’une collection d’unités.
Elle est nombre par Consequent.

Mais ses adv.res repondirent aussitost qu’un soldat, Partie d’une armée, n’est point une armée ; qu’un quart de Cercle est une partie de cercle, et n’est point un Cercle ; qu’en un mot, et lors Même qu’une partie est de la même nature Qu’un Tout, ce qui n’arrive pas Toujours, il ne s’ensuit pas qu’elle doive porter le même Nom |[411] que le tout, et encore moins etre le Tout. ce premier Echec ne deconcerta pas le Vaincu ; il revint bientost à la charge avec ce nouveau moyen : il dit :

si d’un nombre donné, l’on n’ôte aucun nombre, le nombre donné demeure le même.

Or si [si] L’unité n’etoit pas nombre, on pourroit L’ôter, sans Que le nombre changeât : palpable absurdité ;

donc L’unité est Rééllement nombre.

Mais on renverra encore cette nouvelle batterie, en disant que, s’il pou­voit en etre ainsy, il arriveroit que, d’un cercle on pourroit ôter un demy Cercle, et avoir toujours un Cercle, parce qu’on n’auroit ôté aucun cercle. nous n’avons rapporté ces exemples, que pour faire mieux sentir Combien il est essentiel de bien determiner les idées dont dont on veut que les mots soient les Signes ; et Combien par consequent il est dangereux d’em­ployer des mots, avant d’avoir pris cette Precaution.

après les definitions viennent les axiomes

 

126. après les definitions, la synthese place des axiomes ; et /l’on/ Donne ce nom à toute proposition dont on apperçoit Lidentité, sous le secours d’aucun raisonnement. Telle |[412] est la Suivante : Le tout est plus grand que la partie. mais cette autre : les trois angles d’un Triangle sont egaux à deux angles droits, n’est point un axiome, quoiqu’elle soit aussi Certaine que la premiere ; et cette differente resulte de ce que dans celle-ci, il faut employer le raisonnement, pour decouvrir l’identité qui existe entre ses deux membres. Les axiomes ne se prouvent donc Point : ce seroit les obscurcir ; et, parce qu’en les Enonçant on semble demander à ceux à qui l’on parle, qu’ils veuillent bien les recevoir sans preuve, on les appelle aussi demandes. cependant il est des auteurs qui ne pouvant pas se faire à L’idée que quelque chose leur soit passé de confiance, ne font pas même grace de la demonstration des axiomes : Volf en a fait une, pour prouver que le tout est plus grand que la partie ; nous la rapporterons ailleurs, pour donner un exemple des procedés de la synthese.


Theoremes et Lemmes.

 

127. Les Definitions et les axiomes etant Enoncés, on Pose des Theo­remes : C’est ainsy qu’on appelle les propositions dont il faut demontrer la Verité. quelques fois Cependant on a besoin, pour la preuve dune |[413] Proposition, d’en demontrer auparavant quelqu’autre ; et ces Propositions auxiliaires se nomment Lemmes. Lorsque les propositions ont pour but d’enseigner la maniere de faire quelque operation, et de demontrer L’exactitude du procedé qu’on indique, elles s’appellent Problemes.


Demonstrations

 

128. Les Raisonnements qu’on Fait après avoir rempli à tous les pre­liminaires dont on vient de parler, se nomment demonstrations ; mais il s’en faut Souvent beaucoup que ce nom leur Convienne. nous avons indiqué (81.) les vrais Caracteres de la demonstration, et l’on ne peut S’y meprendre, qu’autant qu’ebloui par l’appareil des raisonnements syn­thetiques, on n’imagine que, parce qu’ils sont presentés Sous la forme de ceux des Geometres qui Employent Communement la Synthese, ils doivent etre aussi rigoureusement exacts. ce qui est une enorme meprise dont Condillac rapporte mille exemples dans son Traité des Systemes.





Notion de L’ana­lyse

 

129. Passons maintenant à L’analyse : ses procedés n’ont aucune ap­parence scientifique ; Comme nous l’avons dit ailleurs, (1. tr. 90.) ils peuvent etre Comparés à ceux d’un |[414] horloger qui veut faire Con­noitre le mechanisme d’une montre. pour cela, il doit faire voir en detail, toutes les pieces qui entrent dans sa Composition ; faire remarquer la maniere dont chaque roue s’engrène avec les autres, et Continuer ainsy Jusqu’à ce que la machine qu’il a d’abord decomposée, soit recomposée, C. à. d. donc que L’analyse Consiste à observer dans un ordre successif les qualités d’un objet, pour leur donner dans lesprit, l’ordre simultané dans lequel elles existent. d’où il Suit que, decomposant pour recomposer, cette methode avoit été très mal determinée, lorsque, s’en Tenant Trop Servilement à L’Etymologie de son nom, on croyoit qu’elle ne Consistoit qu’à decomposer, Comme la Synthese, à Composer. de même qu’il est impossible d’avoir, du Corps de L’homme, L’idée la plus complette qu’on puisse s’en former, si l’on n’a celle de ses os, de ses muscles, de ses nerfs, de ses arteres &.a &.a il est tout aussi peu possible de bien Con­noitre ce corps, si l’on ne fait qu’en voir separément les os, les muscles, les nerfs &.a il est donc essentiel à toute methode de faire des Com­po­sitions ; et l’on doit ajouter qu’il en est non |[415] Plus aucune qui ne doive faire des decompositions. Toute methode en effet employe le rai­sonnem.t ; Or, pour raisonner, il faut reunir des idées, C. à. d. Com­poser, et pour Suivre un raisonnement, il faut en saisir separément toutes les parties, C. à. d. decomposer. L’analyse Compose donc, comme la syn­these ; et celle-ci decompose comme l’analyse. la difference de ces deux methodes ne peut donc Consister que dans l’ordre suivant lequel elles font ces deux operations : L’une decompose, pour recomposer et L’autre compose pour decomposer.

Regles Com­munes aux deux methodes






differement en­ten­dues

 

130. Sous le rapport des regles, il est aisé de voir qu’ayant toutes deux le même objet, et le même instrument, L’analyse et la synthese doivent avoir des regles Communes, quelle que soit dailleurs la difference qui resulte de leur maniere de Commencer. aussi a-T’il toujours et Générale­ment été convenu qu’il falloit aller du Connu à L’inconnu, par la raison que, pour donner à quelqu’une des idées qu’il n’a pas, il faut le prendre à celles qu’il a ; c’est à ce que l’on sçait, que commence tout ce qu’on ignore et tout ce qu’il est possible d’apprendre. |[416] il a été Con­venu de même quil faut Commencer par les idées les plus simples, pour passer de là aux Complexes. mais n’etant pas d’accord sur ce qu’en ce Genre, on doit regarder Comme le plus simple, il est arrivé que, Con­ve­nant des mêmes principes, on a adopté des pratiques differentes : chés les uns, les idées générales et abstraites, sont les plus simples : d’autres au Contraire regardent comme plus Simples, et avec raison, les idées parti­culieres que les sens Transmettent. cependant puisque cette diversité n’a pas empeché qu’on ne s’accordât sur les regles Générales, on doit re­gar­der comme Communes aux deux methodes, celles que nous allons exposer.

Principale Regle

 

131. L’une de ces Regles est de bien comprendre L’etat de la question, ce qui veut dire qu’il faut bien saisir les rapports qui sont entre les in­con­nues ; Puisque cest ceux-Là qui doivent faire decouvrir celles-ci. dans le probleme que nous avons donné pour exemple de l’artifice du Raisonne­ment, (77.) nous n’eussions Jamais decouvert les inconnues, si nous n’avions bien compris que, d’après les Conditions, elles doivent etre d’un coté, dans un rapport degalité, et, de l’autre, comme 2 est à 1. c. à. d. L’une double de l’autre.


moyens à em­ployer Pour s’y Conformer


reduire la ques­tion à sa plus sim­ple ex­pres­sion

connoitre toutes les signif.ons de chacun de ses mots.

 

132. Mais il est evident, que, pour se Conformer à la regle ci dessus, il faut non |[417] seulement reduire la question, ainsy qu’on l’a dit plus haut, (ib.) à son expression la plus Simple, afin de rapprocher les idées, et fixer ensuite cette expression par des Signes ; mais encore si bien con­noitre la Signification de tous les mots qui composent l’Enoncé de la question, qu’on soit assuré de pouvoir les prendre dans tous les Sens que peuvent leur donner ceux qui la proposent. c’est pour n’avoir pas fait assès d’attention à cela, qu’homere, au rapport d’herodote, ne sut pas resoudre cette question que lui fit un enfant : quelle est la chose dont on peut dire : Je l’aisse ce que Je prends, et Je remporte ce que Je ne prends pas ? parce que cet enfant faisoit le mêtier de la peche, le grand homme crut que les mots de la question, Se rapportoient à ce Genre de profession, et il ne sut pas deviner L’Enigme. après avoir Joui de son petit Triomphe, L’enfant dit au Poëte, qu’il ne S’agissoit point de la peche ordinaire, mais bien de celle qu’avec son Peigne, il Faisoit au milieu de ses cheveux ; et alors la question parut très claire, et bien Facile à resoudre.

connoitre toutes les conditions de la question




suppléér les essen­tielles lorsquil y en a des sous-en­tendues


Elaguer les oiseuses

 

133. une autre consequence de la regle etablie, (131.) c’est qu’il faut bien connoitre les Conditions de la question. Or, à cet egard, on doit observer que quelqu’une d’essentielle peut quelquefois etre sous-enten­due, et qu’alors la question est insoluble, |[418] que d’autres fois il peut y en avoir d’oiseuses, et que celles-ci rendent la question difficile, Jusqu’à Ce qu’on a Reconnu qu’elles y sont indifferentes. en demandant, par exemple, Si un homme Peut etre rendu immobile, pendant qu’il tient son doigt dans l’oreille, on fait une question qui ne renferme pas toutes les Conditions nécéssaires pour sa solution, dans le cas où le fait dont on parle, soit supposé possible ; puisquil est evident que l’introduction d’un doigt dans l’oreille, ne peut pas causer seule, la Cessation du mouvement. s’il est vrai qu’un homme puisse etre rendu immobile, pendant tout le Temes [= ?Temps] qu’il tiendra un doigt dans l’oreille, ce sera, seule­ment lorsqu’en même Temps, il aura son bras passé autour d’un arbre, ou d’un autre Corps de cette forme, dressé le Long de sa taille, Touchant À terre par l’un de ses bouts, et atteignant de l’autre, à une hauteur qui ex­cede celle de cet homme. on a donc omis dans l’Enoncé de cette question une Condition essentielle, comme on en a inseré d’oiseuses dans la sui­vante, où l’on demande Comment une personne belle et Richement parée, ne peut pas s’empêcher d’etre portée vers Tel ou Tel point, quoiqu’elle ne voie rien qui la fasse remuer. cette personne se trouvera dans le cas de la question, lorsqu’elle sera dans un vaisseau agité par le Vent, ou qu’elle sera Tombée dans un Lieu dont la pente rapide, entraine tout vers le fonds, |[419] mais les Circonstances de la Parure Et de la beauté ne peuvent influer En rien Sur ces effets.


il Faut diviser les questions com­plexes pour les traiter par par­celles.

 

134. Les Conditions de cette espece doivent donc etre elaguées, et cette regle S’etend à tout ce qui n’est pas directement utile pour la solution qu’on Cherche ; puisqu’en negligeant cette precaution, on ne peut que S’embarrasser, et obscurcir le Sujet qu’on veut Traiter. mais, Si l’on veut Toujours eviter cet inconvenient, il n’en faut pas demeurer Là, lorsque les questions sont Complexes : on doit encore ?? diviser /ces sortes de ques­tio[n]/ et les Traiter par parcelles, après les avoir distribuées en Livres ou chapitres, articles ou Paragraphes, et en mettant entre toutes ces di­visions, l’ordre le plus Conforme à la Génération des idées. cet ordre rapproche les choses, les Lie et facilité par là l’exercice des operations de l’esprit ; il fait mieux voir la serie et l’ensemble des pensées ; il nous met en etat de saisir les rapports qu’il nous est important d’appercevoir ; il fait remarquer ce qui a été oublié, ou ce qui n’a pas été assès approfondi ; il nous rend enfin L’etude agréable. mais si l’ordre Plait, si plusieurs au­teurs, dailleurs estimables, se sont rendus difficiles à suivre, pour n’en avoir Pas mis assès dans leurs ecrits, d’autres aussi sont sur, rebutants et Confus à force qu’ils affectent cet ordre : ne pas diviser assès, et trop diviser, sont deux defauts qu’il faut egalement eviter.

   

 

 

   

Chapitre 2.me

Laquelle des deux methodes doit etre Preferée.

 

sentiment de Condillac sur la syn­these

1.re motif de pre­fe.ce en fa­veur de l’ana­lyse

 

135. après avoir dit de la Synthese, qu’elle est une methode Tenebreuse, qui Commence Toujours par où il faut finir, et que cependant on appelle methode de Doctrine, Condillac ajoute, « Je n’en donnerai pas une notion plus precise, soit parce que Je ne la comprends pas, soit parce qu’il n’est pas possible de la Comprendre ». Ce temoignage Sembleroit d’abord devoir etre Balancé par celui du Commun des Geometres qui n’em­ployent L’analyse, qu’autant qu’ils y sont forcés, qui croient la Synthese plus Simple, plus courte, et plus propre à L’instruction ; mais à ce Temoignage contraire au premier, on oppose celui de Clairaut, d’Euler, et de la Grange qui ont preferé L’analyse à la Synthese ; et l’opinion de ces hommes est assurément d’un grand [?poids].

2.me motif pris de ce que la me­thode qui fait de­couvrir la ve­ri­té est plus propre que toute autre à l’ex­poser.

 

136. Ces motifs ne sont pas dailleurs les seuls qu’on Puisse faire valoir en faveur de l’analyse : il en est d’autres qui Sont plus directs. d’abord en convient Généralem.t que l’analyse est une methode d’invention, il Faut donc, pour lui preferer la synthese, se Persuader et persuader aux autres qu’afin d’apprendre les decouvertes qui ont été faites, il y a un moyen qui vaut mieux que celui par lequel nous pouvions nous-mêmes faire ces decouvertes ; or assurément ce seroit là Tenter L’impossible.


3.e motif pris de la dif­ference que les partisans de la syn­these disent etre Lana­lyse et elle.

 

137. nous observerons en second Lieu, que, pour |[421] Caracteriser ce qui distingue ces deux methodes, les partisans de la Synthese ont dit qu’elles ne different que comme le chemin qu’on fait, en montant d’une Vallée sur une montagne, et celui qu’on fait en descendant de la mon­tagne dans la vallée ; or on ne peut Tirer de ces Paroles d’autre Con­sequence, que celle-ci : C’est que ce Sont Là deux methodes contraires, et que, Si L’une est bonne, l’autre est nécéssairement mauvaise. on ne peut aller en effet que du connu à L’inconnu ; Or si L’inconnu est Sur la mon­tagne, ce ne sera pas en descendant, qu’on y arrivera ; et s’il est dans la plaine, ce ne sera pas en montant ; il ne peut donc pas y avoir deux chemins Contrairés pour y arriver.

4.e motif pris de ce que les idées par les­quelles la synthese Com­mence ne sont pas les plus sim­ples.

 

138. on Convient qu’il faut Commencer par les idées les plus simples ; (130.) mais les idées Générales par lesquelles la Synthese commence, sont-elles donc les plus Simples ? il est facile de voir, en se rappellant La maniere dont elles s’engendrent, qu’etant le resultat de nos Connois­sances particulieres, (1. tr. 30.) elles ont Commencé elles-mêmes à une idée individuelle ; et que par consequent elles ne sont point ce par quoi on doit debuter, pour Commencer à ce qu’il y a de plus simple.












de ce que la syn­these appelle prin­cipes n’est pas des principes

 

L’Erreur qui a fait regarder Ces sortes d’idées Comme les plus simples, vient de ce qu’etant L’effet naturel de l’usage de nos organes, et de |[422] la Limitation de notre esprit, (ib. 76. 78.) ces idées sont Communes à tous les hommes ; et comme chacun les forme à son insçu, c. à. d. sans remar­quer les decompositions et les abstractions qu’il fait pour Cela, on a ima­giné que, Si ces idées n’etoient pas innées, elles etoient au moins les premieres que nous acquerions, et par Consequent les plus Simples. Ce n’est pas tout ; Car lorsqu’on eut fait quelques decouvertes par l’effet du hazard, c. à. d. sans avoir remarqué Comment les operations de l’esprit avoient été dirigées, (et c’est ainsy que beaucoup de decouvertes se sont faites) et qu’on Put en demontrer la verité, en faisant voir qu’elles s’accordoient avec les idées Générales que personne ne revoquoit en doute, on ne douta plus que ces idées ne fussent la Source de nos Con­noissances ; on leur donna en consequence le nom de principes ; et l’on dit aussitost qu’il ne faut raisonner que par principes. cette assertion etoit Vraie en soi ; car elle veut Proprement dire qu’il faut Commencer Par le Commencement. mais le mot Principe, qui Signifie Commence­ment, ayant été alors appliqué à ce qui, soi-même, avoit commencé à autre chose, il s’en est Ensuivi qu’il ne Conserve plus sa vraie signif.on, et qu’aujourd’huy, dans la synthese, Principe est plustost une fin qu’un Commencement, Puisqu’elle Commence par où il faudroit finir.

la synthese n’est pas plus ex­ped.ve que L’analyse.

 

139. on pretend que la Synthese est plus expeditive, que L’analyse, et par Consequent preferable au |[423] moins à cet egard. mais on peut Lui disputer encore Cet avantage ; Car il n’y a pas d’auteurs qui tombent dans des details plus inutiles et des redites plus frequentes, que ceux qui suivent cette methode, sans en excepter même les Mathematiciens. il Suffit, par exemple, de reflechir Sur la maniere dont on Se fait l’idée d’un Tout et d’une Partie, pour voir evidement que celui-là est plus grand que celle-ci ; Cependant plusieurs Geometres modernes se sont crus obligés de demontrer cette verité, avec tout l’appareil des formes ; et nous allons rapporter cette demonstration que nous avons annoncée, (126.) comme exemple des procedés de la synthese.

 

 

Definition. (124.)

« un Tout est plus grand qu’un autre tout, lorsqu’une de ses Parties est egale à cet autre tout ; et un tout est plus Petit qu’un autre tout, lorsqu’il est egal à une partie de cet autre Tout. »

axiome. (126.)

« Le même est egal à lui-même. »

 

 

Theoreme.

« Le tout est plus grand que sa partie. »

Demonstration. (128.)

« un Tout est plus grand qu’un autre Tout, lorsqu’une de ses parties est egale à cet autre Tout : (par la definition) mais chaque partie d’un tout est egale à une partie de ce tout, c’est à dire, que chaque partie d’un Tout est egale à elle-même ; (par L’axiome) donc un Tout est plus grand que sa partie »

« il Faudroit un Commentaire, pour faire entendre ce raisonnement, dit Condillac, après l’avoir rapporté, au moins aurois-je besoin qu’on en fît un pour moy. |[423] Quoiqu’il en Soit, il me paroit que la definition n’est ni Plus Claire, ni plus evidente que le Theoreme, et que, par Consequent, elle ne sauroit servir à /sa/ Preuve. »


l’evidence des de­monstrations mathe­matique[s] ne prouve rien en Faveur de la syn­these.



elle est unique­ment due à la nature du sujet



Exemple qui le prouve.

 

 

140. ce que l’on cite de plus spacieux en faveur de la synthese, C’est l’evidence des demonstrations mathematiques, et l’approbation que tant de savants ont donnée à cette maniere de Raisonner. mais on doit obser­ver que, Si les mathematiques avoient été Susceptibles d’autant d’erreurs, d’obscurités et dequivoques, que les autres sçiences, la synthese ne les en auroit pas garanties ; la Certitude des Mathematiques est independante de cette methode, et vient uniquement de ce que les idées dont elles S’oc­cupent ont été determinées par l’analyse, et de ce qu’elles sont mises en œuvre par la Langue la mieux faite que l’on Connoisse. ces idées en effet sont toutes abstraites ; or c’est L’analyse seule qui a pû les rendre Telles ; et les Signes par lesquels elles sont Fixées, sont d’une simplicité qui se prête à toutes sortes de Combinaisons. ce n’est donc pas à la synthese, qu’il faut attribuer la clarté qui brille dans les demonstrations mathema­tiques ; mais à la nature du sujet auquel elle les applique : aussi ceux qui employoient cette Methode preferablem.t à L’analyse, n’ont-ils plus les mêmes avantages, dès qu’ils sortent de leurs Calculs. il est remarquable d’après Condillac, que Sur quatre Celebres metaphysiciens que nous avons : Descartes, Mallebranche, Leibnitz et Loke, le dernier, le seul qui ne fût pas Geometre, cependant laisse bien loin derriere Lui, les trois Premiers.

Concluons donc que, Si L’analyse est la methode qu’on doit suivre dans la recherche de la verité, comme personne n’en a Jamais douté, c’est d’elle aussi qu’il faut se servir pour exposer les Verités Connues.

fin de la Logique et de la 1.re Partie du Cours

   

 

Harmonisations

Dans les cas d’inversion de la forme verbe sujet > verbe-sujet.

Dans les cas d’inversion de la forme verbe-t-il/elle > verbe-t’il/elle.

Dans les cas des substantifs et participes passés se terminant en -ée(s) : -éé(s) > -ée(s)

(p.ex. annéé(s), néé(s) > année(s), née(s))

Les phrases se terminent par un point.

Les titres sont en caractères gras et suivis d’un point.

Une citation commence et se termine par des guillemets.

 

1, 2, 3 …; 1o, 2o, 3o ...; 1.o, 2.o, 3.o … > 1., 2., 3. … (paragraphe)

1e, 2e, 3e …; 1_, 2_, 3_ …; 1.¯, 2.¯, 3.¯ ... > 1., 2., 3. … (paragraphe)

I, II, III … > I., II., III. …

1 traité/tr. > 1. traité/tr.

&a > &.a

a (prép.) > à

à (3. sg. prés. de « avoir ») > a

abbandonnant, abbandonne > abandonnant, abandonne

absolûes > absolues

abûs > abus

agens > agents

agreable(s), agreablement > agréable(s), agréablement

ainsi > ainsy

ambrasse, ambrasser > embrasse, embrasser

ambarrassé > embarrassé

appercoit, appercoivent, appercu(s) (n. et part. passé de « appercevoir »)

> apperçu(s), apperçoivent, apperçoit

apprenent > apprennent

appuie > appuye

après > après

apris > appris

assez, assèz > assès

assurement > assurément

attrîbuer > attribuer

au dela > au delà

aulieu > au lieu

au quel, aux quel(le)s > auquel, auxquel(le)s

aurais > aurois

aussy > aussi

aussytôt > aussitost

autruy > autrui

aveugle Né > aveugle-Né

ayent (3. pl. subj. prés. de « avoir ») > aient

batiment > bâtiment

baton > bâton

bientot > bientost

b[œ + "]te > boïte

c. a. d., c. a d., c. a. d, c. à d. > c. à. d.

celui ci, celle ci, ceux ci, celles ci > celui-ci, celle-ci, ceux-ci, celles-ci

celui cy > celui-ci

celui là, celle là, ceux là, celles là > celui-là, celle-là, ceux-là, celles-là

cest (adj. dém.) > cet

chap, chap. > chapitre

chès > chés

coëxistence, coexistence > co-existence

complete(s) > complette(s)

conclud > conclut

conclurre > conclure

conduitte (n. et participe passé de « conduire ») > conduite

connoître > connoitre

connûe > connue

coñoit > connoit

cotaux > coteaux

côté, cotté > coté(s)

création > creation

creé (participe passé de « créer ») > créé

décompose, décomposer, décomposition(s) > decompose, decomposer,

decomposition(s)

dejà > deja

demêle, demêler, demêlera, demêleroit > demele, demeler, demelera, demeleroit

démêlent, démêler, démêlons > demelent, demeler, demelons

demerite > démerite

demurée, demurent, demurer > demeurée, demeurent, demeurer

depandance > dependance

désagréable(s) > desagréable(s)

des (prép.), deslors > dès, dèslors

desque, des que > dèsque

d’eux (2) = deux

devellope, devellopé, devellopement, develloper > develloppe, develloppé, develloppement, devellopper

developées > develloppées

differẽment, differẽmment > differemment

differends (adj.) > differents

differens > differents

diffirence > difference

diminûe > diminue

d’iminué > diminué

durété > dureté

écarter > ecarter

echape, echaper, echapoit > echappe, echapper, echappoit

écrit > ecrit

-és > -ez (terminaison verbale du 2. pers. pl., p.ex. vous avés > vous avez)

éloigne > eloigne

empêcher > empecher

emploie, emploient > employe, employent

enfans > enfants

ennemy > ennemi

ennuy > ennui

énoncées, énoncent > enoncées, enoncent

en suit (il s’), en suivre (s’) > ensuit (il s’), ensuivre (s’)

ensuitte > ensuite

enthymeme > enthymême

enumeration > ennumeration

envertu > en vertu

envirronnant(s), envirronne(nt), envirronné(é) > environnant(s), environne(nt), environné(é)

êprouvant, êprouve, êprouvé, êprouver, êprouvons > eprouvant, eprouve, eprouver,

eprouvé, eprouvons

éprouve > eprouve

équivaut > equivaut

Etimologie > Etymologie

étonnement > etonnement

êtres > etres

eu (participe passé de « avoir ») > eû

événement > evenement

existance > existence

exclud > exclut

extention > extension

faira > fera

faloit, falu, falut > falloit, fallu, fallut

feurent (3. pl. passé simple de « être ») > furent

feussent (3. pl. subj. imparfait de « être ») > fussent

fîbres > fibres

foy > foi

frapent, frapés > frappent, frappés

garentir > garantir

general(e)(s), genéral(e)(s) > général(e)(s)

generation(s) > génération(s)

gout, gouter > goût, goûter

grouppes > groupes

hipotheze, hipothese, hypothese > hypotheze

honnete > honnête

horison > horizon

ib > ib.

icy > ici

il-y-a, il y-a(voit) > il y a(voit)

immediattement > immediatement

inacessible > inaccessible

inétendu(e) > inetendu(e)

instans > instants

insu (à son ~) > insçu

intelligens > intelligents

interêt > interet

intervale > intervalle

intimêment > intimement

joûit > jouit

la (adv.) > là

l’angage > langage

la quelle, le quel > laquelle, lequel

l’orsque > lorsque

luy > lui

mal aise > mal-aise

mêlange > melange

méle, mêlé(és) > mele, melé(es)

meme(s) > même(s)

memoire > mêmoire

-mt > -m.t (abréviation des adverbes se terminant en -ment)

méprendre > meprendre

méprise(s) > meprise(s)

metaphisiciens, metaphisique(s) > metaphysiciens, metaphysique(s)

millieu > milieu

moi, lui, elle, soi, nous, vous, eux même(s) > moi-, lui-, elle-, soi-, nous-, vous-, eux-même(s)

moy > moi

nait, (re)naitre, renaitront > naît, (re)naître, renaîtront

neanmoins > néanmoins

necessaire(s), necessairement > nécéssaire(s), nécéssairement

netteté > neteté

non identique, non identité, nonidentité > non-identique, non-identité

notre (le, la), notres (les) > nôtre (le, la), nôtres (les)

occasion, occasionnés, occasionnoient > occassion, occassionnés, occassionnoient

obéissons > obeissons

ote, oter > ôte, ôter

ou (pronom relatif ou adverbe) > où

ouie, oui > oûie

païs, paÿs > pays

paraitra > paroitra

parconsequent > par consequent

paroît > paroit

partisants > partisans

personnalité > personalité

peû > peu

phénomene > phenomene

phisique(s) > physique(s)

plutost > plustost

pouroit > pourroit

précaution(s) > precaution(s)

premisses > prémisses

prés > près

prèsque > presque

prévenir > prevenir

prevus > prevûs

pu > pû

qualites > qualités

quelque fois > quelquefois

rapellées > rappellées

raportée > rapportée

raports > rapports

réalité > realité

repetter > repeter

répond, répondent, répondre, répondu > repond, repondent, repondre, repondu

réunir > reunir

reussy > reussi

roze > rose

sait, savoir > sçait, sçavoir

scait, scavez, scauriez > sçait, sçavez, sçauriez

science(s) > sçience(s)

seçond(e)(s) > second(e)(s)

s’emblent > semblent

separement > separément

seureté > sureté

Siyllogismes > Syllogismes

sophystes > sophistes

sousentendue > sous-entendue

souvant > souvent

soy > soi

statûe > statue

Substilités > Subtilités

suitte > suite

sup > sup.

suposer > supposer

systême > systeme

tantôt > tantot

t’elle (adj. indéf. ou pron. indéf.) > telle

Tempetes > Tempêtes

tems > temps

Theeoremes > Theoremes

touts > tous

trés > très

très-adj./adv. > très adj./adv.

vîde > vide

vivacite > vivacité

voicy > voici

voilà > voilà

Voûte > Voute

vraye > vraie

vu(s), vue (participe passé de « voir ») > vû(s), vûe

vue (n.) > vûe (n.)

 

Document conservé au Centre historique des Archives nationales, Paris, Cote : F17/1344/3