Hautes-Pyrénées [63] (65)
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Hautes-Pyrénées [63] (65) |
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Tarbes, |
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Estarac, Auguste-François |
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* le 9 décembre 1758 à S.Pé-de-Bigorre, † le 2 juillet 1819 à S.Pé-de-Bigorre. |
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Avant la Révolution il entre chez les bénédictins et devient professeur de philosophie et de mathématiques transcendantales à l’université de Pau. Il est conseiller municipal de Pau en 1790, 1791 et 1792 et devient membre de l’assemblée électorale des Basses-Pyrénées. Il est choisi comme professeur de mathématiques pour l’École centrale de Pau et y reste jusqu’en novembre 1796. À partir de frimaire an 7 (novembre 1798) il travaille comme professeur de Grammaire générale à Tarbes pour remplacer Alexandre Berrut, ancien professeur des collèges de Périgueux, de Toulouse et de la Flèche. En l’an 8 (1799/1800) Estarac est remplacé par Louis-Jacques-Joseph Daube (1763-1847) pour retourner à l’École centrale de Pau comme professeur de mathématiques. Il est président de l’école des Basses-Pyrénées lors de la fermeture de celle-ci le 1er fructidor an 12 (19 août 1804). |
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1. Estarac, Auguste-François : Principes de grammaire française. 3 cahiers. 20 messidor an 7 (8 juillet 1799) (AN F17/1344/3) qui ont été intégrées dans la Grammaire générale de 1811, voir 8. 2. Lettre d’Estarac adressée au ministre de l’Intérieur. 21 germinal an 7 (10 avril 1799). Ms., 4 pp. nn. (AN F17/1344/24) (Cette lettre accompagne l’envoi du Cours élémentaire de Grammaire générale, voir 1.). 3. Extrait du procès-verbal de la séance du 18 floréal, an 7 [7 mai 1799] de la Répque composée des citoyens Palissot, Darcet, Daunou, Domergue, Ginguené, Jacquemont, Lebreton, Tracy, Lagrange. Ms., 11 pp. nn. (AN F17/1339). 4. Extrait du procès-verbal de la séance du 8. Vendemiaire, an 8. [30 septembre 1799] de la Répque composée des citoyens Palissot, Domergue, Tracy, Ginguené, Lebreton, Jacquemont, Darcet. 5. Lettre d’Estarac adressée au ministre de l’Intérieur. 30 brumaire an 8 (21 novembre 1799). Ms., 2 pp. nn. (AN F17/1339). 6. Lettre d’Estarac adressée au ministre de l’Intérieur. 7 prairial an 8 (27 mai 1800). Ms., 3 pp. nn. (AN F17/1344/24). 7. Lettre d’Estarac adressée au ministre de l’Intérieur. 21 Pluviôse an 9 (10 février 1801). Ms., 2 pp. nn. (AN F17/1344/24). 8. Estarac, Auguste-François : Grammaire générale. 2 tomes. Paris : chez H. Nicole 1811. |
6.1 |
Voir 2., 5., 6., 7. |
6.2 |
Voir 1. |
6.4 |
Cours d’arithmétique à l’usage des Ecoles publiques. Pau : P. Veronèse, an XI [1802/1803] ; Instruction sur le nouveau système des poids et mesures. Pau : Daumon ; Questionnaire concernant la culture des vignes, 25 germinal an XII. (Delfour, 311) |
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7.2 |
2. « Citoyen Ministre, En Fructidor dernier, époque où j’étais encore Professeur de Grammaire générale à l’Ecole-centrale des Hautes-Pyrenées, j’eus l’honneur de vous envoyer une copie de mon Cours élémentaire de Grammaire-générale; & vous m’en accusâtes la réception quelques jours après. Etant alors dangereusement malade, je ne pus ni copier moi-même mes cahiers, ni en surveiller la copie, ni la corriger: cette copie doit être naturellement très inexacte & très fautive, d’autant plus qu’elle fut faite fort à la hâte & par plusieurs mains différentes. Je me déterminai néanmoins à vous l’envoyer, telle qu’elle était, ne pouvant pas faire mieux, & espérant d’ailleurs qu’elle suffirait pour vous faire connaître la coupe générale & le plan de mon ouvrage; sa distribution, son ensemble, la liaison que j’ai tâché de mettre entre toutes les parties, & la méthode que j’y ai suivie. Je ne me dissimule pas, Citoyen Ministre, qu’on est naturellement porté à être content de ses propres ouvrages: néanmoins, je me serais toûjours défié de la bonté du mien, sans l’approbation motivée de deux membres de l’Institut-national, mes collègues à l’Ecole-centrale de Tarbes: mais, après les suffrages du Cn [?Ramond] & du Cn [?Dangas], juges très compétents & très éclairés, & à qui leur amitié pour moi faisait un devoir de me dire la vérité toute entiere, je pouvais, sans trop de présomption, penser que mon ouvrage avait quelque mérite. Depuis ma convalescence, je l’ai retouché avec soin; j’y ai |[2] consacré touts les moments de loisir que me laissent mes occupations à l’Ecole-centrale de Pau, & j’y ai fait des additions, & des corrections considérables. Je me suis attaché principalement à mettre beaucoup de méthode dans le plan & dans la distribution de l’ouvrage, de la liaison dans les principes, de la suite & de la netteté dans les idées, de la clarté & de la simplicité dans le style, & une grande variété dans les citations nombreuses que j’ai multipliées à dessein, autant pour donner aux Eleves une connaissance succincte de notre Littérature & les cultiver, par l’attrait du plaisir, à l’étude d’une science absolument négligée dans les Département[s] méridionaux, que pour leur fournir l’occasion fréquente de faire, sous la direction de leurs Professeurs, des comparaisons & des critiques motivées qui puissent former leur goût & [?trouver] [?un] profit de l’instruction. J’ai saisi toutes les occasions de les accoutumer à la réflexion, de leur faire acquérir cet esprit de curiosité & de recherche, ce génie méditatif, qui, devenu habituel & appuyé sur une analyse rigoureuse, devient enfin un génie créateur, un génie à grandes découvertes: & seize ans d’expérience dans l’enseignement public me donnent peut-être quelque avantage, sinon pour l’étendüe & pour le fonds de la science, au moins pour la maniere dont il convient de la présenter au jeunes-gens. Vous trouverez sans doute, Citoyen Ministre, que je parle beaucoup trop de moi-même. Eh! bien, voici mon seul, mon unique motif. Je puis en faire la confidence à un Ministre ami de l’humanité & des sciences, à un Philosophe pratique que touts les coeurs sensibles, & les Professeurs en particulier, regardent à juste-titre comme leur ami. |[3] Je ne prétends pas à la gloire littéraire: Je ne me suis jamais reconnu les talents nécessaires pour y parvenir. Je n’ai jamais espéré que monCours élémentaire de Grammaire-générale pût être adopté par le Gouvernement pour les Ecoles-centrales, puisque j’avais pour concurrents touts les Professeurs, & le Cn Urbain Domergue, membre de l’Institut-national. Mais j’aurais désiré que la Commission, chargée de l’examen des livres élémentaires, eût trou jugé le mien utile au Public & digne de l’impression, & qu’elle en eût rendu un compte suffisamment avantageux pour en faciliter le débit. Ne croyez pas, Citoyen Ministre, que ce soit de ma part une spéculation d’avarice; vous savez que la cupidité s’associe mal avec la culture des sciences. Voici donc mon coeur à découvert; voici mon motif, dont je puis m’honorer aux yeux d’un Philosophe humain & sensible. J’ai quatre soeurs & deux freres, à qui la révolution a fait perdre, ainsi qu’à moi, leur petite fortune consistant en capitaux: j’ai le bonheur de posséder encore le premier instituteur de mon enfance, vieillard infirme, [?phoque] septuagénaire, réduit à... Je n’ai que mon traitement, presque toujours mal payé... Vous devinerez tout le reste, vous l’ami de l’humanité; vous qui savez respecter les coeurs sensibles & délicats; vous qui ne sauriez blâmer la noble fierté de la vertu, lors même qu’elle a pour compagne la misere... & vous m’épargnerez de plus amples détails. C’est par une spéculation du même genre que j’ai rédigé une instruction sur les poids & mesures, que j’ai crüe utile au Département des Basses-Pyrénées, que j’habite, & dont le bureau de l’école vous a adressé un Exemplaire. L’administration centrale m’a fait dire officiellement que l’impression serait à mes frais, quoi qu’elle ait voulu mettre à la tête de cet Ecrit un arrêté qui semblerait |[4] indiquer le contraire; & elle n’en a fait prendre aucun Exemplaire, ni pour ses bureaux, ni pour le service des administrations de []. Il est bien dur, Citoyen Ministre, de ne vivre que de larmes & de travail, de ne pouvoir pas faire subsister ses []; & de ne pouvoir pas payer les dettes les plus sacrées du coeur & de la nature, avec le fruit de ses [?veilles] [...]. »
5. « Citoyen Ministre, Votre lettre du 15 de ce mois en suppose une autre qu’il parait que vous m’avez écrite antérieurement, & que je n’ai point reçue, non plus que les ouvrages dont vous me dites qu’elle était accompagnée. Je suis donc privé des lumieres que j’aurais pû puiser & dans vos réflexions, & dans ces ouvrages; & cette perte est d’autant plus sensible pour moi que, dans ce pays-ci, je ne peux guere avoir aucune espèce de secours de ce genre. Je sollicite de votre bonté de chercher les moyens de me faire parvenir ce que vous m’aviez destiné, & de m’envoyer de plus les notes & le jugement du Conseil d’Instruction publique sur les différentes parties de mon ouvrage. Enrichi de ces matériaux précieux, je le reverrai avec soin, je ferai usage de vos réflexions, je me conformerai aux décisions du Conseil d’Instruction publique, je ferai touts mes efforts pour rendre mon travail utile au Public. & encouragé par votre approbation & par celle de vos prédécesseurs, bien flatteuses l’une & l’autre pour moi, je me livrerai à cette révision avec autant d’ardeur que de sévérité. Mais, Citoyen Ministre, si vous m’abandonnez à mes propres moyens, il me sera toujours absolument impossible de faire imprimer mon Cours Elémentaire de Grammaire-générale. []. votre lettre que le Conseil d’Instruction publique se contente de l’approuver dans son ensemble & dans la plupart des détails, [...] |[2] [...] cet ouvrage avait toujours très peu de débit, dans un pays surtout où le nom de la Grammaire-générale est à peine connu, loin qu’on en connoisse l’importance, le but & la nécessité; où le desir de l’instruire est à peu près nul; où les fortunes sont très bornées, & où néanmoins les frais d’impression sont beaucoup plus considérables qu’à Paris. Le zele pour le bien du département que j’habite m’engagea, au commencement de l’année dernière, à faire imprimer une instruction simple & méthodique sur le nouveau systême des poids & mesures: votre prédécesseur donna à cette petite brochure l’approbation la plus flatteuse; & il invita l’administration centrale à en prendre [?au moins] six cents exemplaires pour ses bureaux & pour en envoyer dans toutes les communes du Département (il y a six cents communes); cependant l’administration centrale n’en prit que cinquante exemplaires; & j’y suis pour trois cents francs de déboursés. Je ne suis pas en situation, Citoyen Ministre, de m’exposer à une nouvelle perte de ce genre. Je peux & je dois vous parler avec abandon & avec confiance, puisque, par votre place, vous devez être le protecteur naturel & [] des Professeurs. Je n’ai pas d’autres moyens de subsistance que mon traitement & ces moyens, touts faibles qu’ils sont, doivent servir à mon entretien, à celui de quatre soeurs & de deux frerres, touts âgés, & enfin à celui du premier instituteur de mon enfance, vieillard infirme & plus que septuagénaire, que j’ai le bonheur de posseder encore. Salut & respect [...]. »
6. « Citoyen Ministre, Je n’ai reçu qu’hier un paquet qui m’était annoncé depuis longtemps de la part de la commission d’Instruction publique. J’y ai trouvé un rapport de la commission sur la seconde partie de mon cours de Grammaire-générale, en date du 18 Floréal, an 7; un autre rapport, en date du 28 Fructidor, an 7, sur la troisieme & la quatrieme parties de mon cours; une lettre du Ministre Quinette, en date du 20 Brumaire, an 8; un ouvrage imprimé du Cn Domergue, & quelques cahiers imprimés du Cn Traci. Ce retard, Citoyen ministre, est l’exemple légitime de mon silence & l’apologie de mon inactivité, malgré les instances que m’ont faites le Ministre Quinette par sa lettre du 15 Brumaire de l’an 8, & le Ministre Laplace par la sienne du 20 Frimaire suivant, pour m’engager à mettre de suite la derniere main à mon cours de Grammaire-générale, affin de pouvoir le livrer à l’impression. Jaloux de mériter de plus en plus l’approbation de la commission d’Instruction publique & celle du Gouvernement, & désirant donner à mon ouvrage tout le degré d’utilité que je peux lui donner, j’attendais de jour en jour les rapports de la commission, qui m’étaient annoncés, affin de mettre à profit les lumieres & les critiques pour la perfection d’un ouvrage destiné à devenir classique. Un autre motif, étranger à ce retard, m’a jetté dans le découragement, & m’a fait perdre tout désir de revoir mon ouvrage: c’est |[2] qu’ayant prévenu successivement vos trois prédécesseurs les Cns François C de Neufchâteau, Quinette & Laplace, de l’impossibilité où je suis & où je serai toujours de faire imprimer mon cours, si je suis abandonné à mes propres moyens, ils ne m’ont jamais répondu, sur cet article, que par des promesses vagues, assurant qu’ils étaient disposés à faire pour moi tout ce qui dépendroit d’eux. Néanmoins, Citoyen Ministre, je n’ai pas passé ce temps dans l’oisiveté. Occupé de l’enseignement des Mathématiques, j’étais en peine de trouver un cours d’algèbre assez développé, dans un pays où les Eleves ne trouvent aucun secours de ce genre, & où il n’y a pas de répétiteurs. Je désirais un cours élémentaire bien simple, bien méthodique, où l’enchaînement mutuel des parties soulageât l’attention des Eleves, en réflétait la lumiere d’une partie à l’autre, formait de toutes les parties un ensemble facile à saisir & à retenir, & où les difficultés fussent assez applanies pour prévenir le dégoût sans [?l’] être néanmoins assez pour engendrer la paresse ou pour dispenser de toute réflexion. Ce cours, j’ai tâché de le faire, en profitant pour cela de l’expérience que me donnent quinze ans d’enseignement dans cette partie, & si je n’ai pas réussi, j’aurai du moins fait preuve de bonne volonté. J’espère cependant, Citoyen Ministre, que la commission d’Instruction publique trouvera dans ce manuscrit, si vous m’autorisez à l’envoyer dès qu’il sera mis au net, la même clarté, la même méthode, le même enchaînement, le même esprit analytique, qu’elle a remarqués dans mon cours de Grammaire-générale; & si vous jugez qu’il puisse être utile pour faciliter les progrès de l’instruction, je m’engagerai volontiers à rédiger dans le même plan des traités d’arithmétique, de géométrie & d’application de l’algèbre à la |[3] géométrie & aux sections coniques, pour completter un cours de Mathématiques tel que le prescrit votre lettre du 9 Ventôse dernier: j’ai déjà les matériaux tout prêts & il ne s’agira que de les mettre en ordre si vous m’y encouragez. Une longue expérience m’inspire la confiance, non pas de faire un ouvrage plus savant que ceux que nous avons déjà dans cette partie, mais d’en faire peut-être un plus utile & plus généralement approprié à la portée de la grande majorité des Eleves, dont j’ai eu si souvent occasion d’observer les difficultés, l’embarras & les dégoûts.
J’attendrai vos ordres, Citoyen Ministre, sur cet objet, ainsi que sur le parti que je dois prendre relativement à mon cours de Grammaire-générale. Salut & respect. [...] »
7. « Citoyen Ministre, J’envoyai, il y a près de trois ans, mon cours de Grammaire-générale au ministère de l’Intérieur, pour me conformer à la circulaire du Cn François de Neufchâteau. La commission d’Instruction publique, après avoir examiné les différentes parties de ce cours, en vota l’impression dans ses rapports du 18 Floréal & du 28 Fructidor an 7, qui m’ont été envoyés par la commission. Touts vos prédécesseurs m’ont constamment promis des secours & des encouragements au nom du Gouvernement, pour me faciliter les moyens de faire imprimer ce manuscrit, & à titre de récompense de mes travaux. Je réclame l’effet de ces promesses si souvent renouvellées, Citoyen Ministre, aujourd’hui que le premier magistrat de la République est aussi l’un des premiers parmi les sçavants, aujourd’hui que Chaptal est ministre de l’Intérieur, & que tout ce qui a rapport aux sciences & à l’amélioration de l’instruction publique a des droits efficaces sur l’attention & sur l’intérêt du premier Consul & de son Ministre. |[2] Votre prédécesseur [] m’autorisa l’an passé à lui envoyer mon cours d’algèbre; il m’en a accusé la réception pour la séance du 13 Thermidor dernier. J’ignore encore si cet ouvrage a été examiné & le jugement qu’on en a porté. S’il avait été jugé favorablement, je vous demanderais la permission de vous envoyer mon cours d’arithmétique rédigé sur le même plan & dans les mêmes vües. J’ai l’honneur de vous saluer respectueusement. […] » |
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3. Extrait du procès-verbal de la séance du 18 floréal, an 7 [7 mai 1799] de la Répque composée des citoyens Palissot, Darcet, Daunou, Domergue, Ginguené, Jacquemont, Lebreton, Tracy, Lagrange. Ms., 11 pp. nn. (AN F17/1339).
« Le Membre chargé d’examiner les cahiers du Citoyen Estarac professeur de Grammaire Gale à Tarbes, Dépt des hautes pyrénées a dit: L’ouvrage du Citoyen Estarac est bien plus volumineux que celui dont je viens de vous entretenir, et ne renferme peut être pas autant de vues. cependant il est très recommandable sous beaucoup de rapports. premièrement ce n’est pas seulement un commencement ou un plan d’ouvrage; le sujet est traité presque entièrement, il est très bien distribué, et il est présenté suivant une très bonne méthode, et dans un ordre si parfait que quoique l’ouvrage soit composé de près de 700 paragraphes, ils sont tous numérotés et ils se rapellent tous les uns les autres avec la justesse et la précision qui unissent les propositions d’un raisonnement |[2] bien suivi. Cet usage de numéroter les paragraphes a été pratiqué par Wolf; et à cause de cela, bien de gens l’apellent assez mal à propos suivant moi, la Méthode Wolfienne. il n’est pas généralement approuvé. on prétend qu’il répand sur un écrit un vernis de contrainte et de sécheresse. je ne le pense pas, et en fait d’ouvrage didactique, je crois cet usage très utile pour aider l’élève à étudier et pour empêcher le maitre de divaguer. au reste si c’est un défaut, c’est un de ceux auxquels ne peuvent atteindre les auteurs dont les raisonnements ne sont pas rigoureux. Car il rend l’inconséquence si palpable, qu’on est forcé de la faire disparoître. Cette propriété est gênante, elle pourroit bien être la cause pour laquelle l’usage de numéroter les paragraphes n’a été admis d’abord que dans les livres de mathématiques; et peut être est-ce à cette manière d’entrer d’entrer le monde qu’il doit sa réputation de sécheresse. mais on commence à le porter dans d’autres sciences; et je suis persuadé qu’elles n’en deviendront pas plus arides, mais plus exactes; l’ouvrage que j’examine en est une preuve. Il est encor un avantage fort à considérer suivant moi, dans les cahiers d’un cours destiné à une Ecole Centrale, c’est que par les nombreux exemples qu’il tire de la langue latine, il entretient dans l’usage de cette langue les jeunes gens qui ont cessé d’en faire le sujet d’une étude expresse. par toutes ces raisons, |[3] il mérite que nous l’examinions un peu en détail. Considérant que la Grammaire est la science de la parole, que le but de la parole est d’exprimer la pensée, et qu’on ne peut analyser la parole sans savoir analyser la pensée, le Citoyen Estarac commence par donner quelques notions succinctes sur les idées et leurs différentes espéces, et sur les opérations de l’ame. ce qu’il dit des idées est très court. quant aux opérations de l’ame, il y reconnoit l’attention, la comparaison, le jugement, l’imagination, la Réflexion, le Raisonnement qui composent l’entendement, et le desir, les passions, l’esperance, la volonté, qui forment ce qu’on appelle encor la volonté en prenant ce mot dans un sens plus étendu. l’entendement et la volonté réunis sont, dit-il, la faculté de penser toute entière. ce seroit le cas de répéter les opérations que nous avons déjà faites plusieurs fois sur cette doctrine, laquelle est ici exposée très rapidement; mais je passe à la partie Grammaticale. L’auteur établit que la Grammaire est la première partie de l’art de penser, et que les langues sont des Méthodes d’analyse plus ou moins exactes; puis il donne une idée du langage d’action, de ses usages et des ses effets. tout cela est purement et uniquement Condillac, excessivement abrégé, je dirois même tronqué. ensuite il annonce qu’il va partager la Grammaire Gale en Grammaire élémentaire qui traite des mots isolés et en Syntaxe qui renferme les principes d’après lesquels ces mots sont rassemblés pour former une |[4] proposition. La Grammaire élémentaire est divisée en quatre chapitres qui traitent du matériel des mots, de leur valeur, de leur étymologie, et de leur espéce Grammaticale. Dans le premier, on fait voir que les mots sont composés de sons et d’articulations qui forment des syllabes, et on explique que la prosodie consiste dans l’accent et la quantité. ce Chapitre ne contenant point d’aplications à aucune langue est nécessairement très court. Dans celui qui traite de la valeur des mots, l’auteur prononce à la vérité que presque toutes nos erreurs ne viennent que de ne pas bien déterminer cette valeur. mais il n’apporte aucune preuve de cet important principe, le fondement de toute la raison humaine; et il ne lui donne aucun développement; apparemment il les reserve pour la partie logique de son cours que nous n’avons pas encor. après avoir distingué, dans les mots, le sens propre et le sens figuré, il entre dans un assez grand détail sur les tropes. il explique la nature de quatorze des principaux, et donne des règles sur leur usage; cela est suivi de quelques réflexions sur les synonymes et les homonymes qui terminent ce Chapitre. L’Etymologie étant un des grands moyens de reconnoître la vraie valeur des mots, le Chapitre qui en traite est une suite naturelle du précédent. l’utilité logique et grammaticale de l’étude de l’étymologie est |[5] très bien présentée. ensuite on parle de différentes espéces de mots ou dérivés, ou composés, ou modifiés suivant le but qu’on se propose et les moyens que l’on employe. Enfin le 4e Chapitre traite de l’espéce Grammaticale des mots. C’est là proprement l’analyse des éléments de la proposition; et elle me paroît excellente. Rapellons nous, dit d’abord le professeur, que la parole est un tableau dont la pensée est l’original. trois mots suffisent à la rig[u]eur pour exprimer tous nos jugements. ces trois mots sont le substantif, l’adjectif et la copule ou le verbe qui les unit. le besoin d’expressions plus precises, plus fines, ou plus brèves, a ensuite donné naissance successivement à l’article, au pronom, au participe, à la préposition, à l’adverbe, à la conjonction et à l’interjection. il détermine très bien leur nature et leur usage; et fait voir que ce n’est point arbitrairement que l’on a crée chacun d’eux, et qu’ils doivent se trouver dans toutes les langues vraiment complètes. mais ensuite remarquons qu’il n’y a dans la nature que des substances ou des manières d’être. je conclue qu’il ne peut y avoir dans le discours que des noms de substances ou des noms de modifications; et il partage ces dix espéces de mots en deux grandes classes, les substantifs et les modificatifs. Des premiers il en reconnoit de six espéces; des substantifs physiques, soit noms propres, soit noms communs, qui désignent les êtres existants dans la nature; |[6] Des substantifs artificiels qui expriment les produits de nos arts; des substantifs abstraits qui comprennent les noms des idées abstraites et les noms de classes, de genres, et d’espéces; des substantifs personnels, savoir les mots je, tu, il, te; des substantifs elliptiques tels que on, autrui, personne, quiconque, qui, lequel, rien, ce, celui, cela, quoi &c.; enfin des substantifs numéraux, savoir moitié, tiers, dixaine, vingtaine et les noms des chiffres. Passant aux modificatifs, il y reconnoit 1º des modificatifs particuliers; savoir les adjectifs, les participes, l’article et certains pronoms; 2º un modificatif commun, le verbe être, parce que, dit-il, il exprime l’existance qui est l’attribut nécessaire et universel de tous les êtres, et commun à tous; 3º des modificatifs combinés qui sont les verbes, parce qu’ils renferment tous le verbe être et un participe, le modificatif commun et un modificatif particulier; 4º des modificatifs de proposition qui sont les conjonctions; 5º des modificatifs d’attribut qui sont les prépositions et les adverbes; 6º Enfin les Interjections qu’il regarde bien comme des phrases elliptiques, comme des reste[s] du langage d’action, mais que, dit-il, si l’on veut absolument les classer, on peut appeller modificatif sentimental et dont au reste la syntaxe est uniquement du ressort de l’éloquence, et n’appartient pas du tout à la Grammaire. On doit peut être regarder comme superflue la |[7] [la] distribution de deux ou trois des six espéces de substantifs. mais à ce leger défaut près, si c’en est un, cette classification des mots si belle, si nette, si phylosophique; et les détails dans lesquels entre l’auteur sur l’analyse de ces mots, leur usage, leur forme, et les règles qui y président, sont si clairs et si solidement instructifs, que tout ce morceau me paroît vraiment excellent. Je passe à la seconde partie de la Grammaire Gle du Cen Estarac; après avoir examiné les mots isolés il les considère ici rassemblés et formant une proposition c’est à dire l’énonciation d’un jugement, ce qui est l’objet de la syntaxe. Il distingue la proposition de la phrase ou locution. Il voit une proposition partout où il y a l’expression totale d’un jugement. elle peut n’être que d’un mot. ambulabimus, amamus; sont des propositions complètes. La phrase est un assemblage de mots réunis pour l’expression d’une idée quelconque. ces mots [], [], [], [] &c. sont des phrases différentes; et ne sont qu’une même proposition, puisqu’ils n’expriment qu’un même jugement. Il traite d’abord de la matière de la proposition considérée logiquement; il y trouve avec les anciens un sujet, un attribut, une copule qu’il nomme idée principale, attribut et énonciation. Considérée Grammaticalement il n’y voit qu’un sujet et son attribut lequel est souvent exprimé par un seul mot, mais renferme toujours |[8] implicitement ou explicitement le modificatif commun être. je pense que cela auroit dû le conduire à remarquer que, considérée logiquement, la proposition ne renferme non plus qu’un sujet et un attribut; que ce qu’on nomme copule n’est que le modificatif ou attribut commun; et que l’effet qu’il appelle énonciation n’est pas le produit de ce modificatif comme en lui même, mais du mode indicatif ou plutot énonciatif qu’on lui fait prendre. quoiqu’il en soit, notre auteur développe à merveille les différentes genres de sujets et d’attributs, avec ou sans compléments, et les différentes espéces de propositions, ainsi que leurs relations et leurs effets. Ensuite il vient à la forme de la proposition, c’est à dire à l’arrangement respectif de ses différentes parties. il traite 1º de la Concordance, des accidents des mots et de leur apposition; 2º du Régime et des différentes formes de compléments; et enfin de la construction qu’il distingue en analitique et figurée. Là il parle des différentes figures de constructions et il finit par discuter, d’après horace, l’autorité et les effets de l’usage sur tous ces objets. cette syntaxe me paroit en tout digne des mêmes éloges que la Grammaire élémentaire. Comme dans ces deux parties, il n’est question que de la langue parlée, elles sont l’une et l’autre suivies de règles de la langue écrite qui leur correspondent. ce traité de l’orthographe est précédé d’une petite |[9] histoire de l’écriture et d’une courte théorie des caractères, en sorte que le sujet est réellement envisagé sous tous ses aspects. Tel est, Citoyen, l’aperçu rapide que j’ai cru devoir vous donner de l’ouvrage du Citoyen Estarac. j’espère qu’il vous fera penser comme moi, que ce manuscrit est vraiment précieux; et qu’il remplit un grand nombre de conditions qui constituent un bon cours de Grammaire Gale. Il ne contient pas, si l’on veut, beaucoup de choses neuves; mais ce qu’il renferme est exposé avec une netteté et une clarté qui en rendent l’étude extremement facile et agréable. Il est d’ailleurs, et c’est un grand mérite, écrit d’un stile très pur. enfin il ne peut manquer d’être le texte d’un très bon enseignement, au moins pour la partie qui y est traitée avec une étendue suffisante. J’ajouterai qu’on pourroit encor le rendre infiniment plus utile, en le réunissant à l’ouvrage dont je vous ai rendu compte immédiatement auparavant. en effet vous avez pu remarquer que c’est la partie Grammaticale que le Cen Estarac a très bien traitée. sa partie idéologique est faible ou presque nulle. le Cen Gerard-Jannin, au contraire n’a traitée que celle-ci. car ce qu’il appelle la première partie de la Grammaire génerale, n’est encor que la métaphysique du langage. elle est excellente et elle manque entièrement chez le Cen Estarac, dont la 1re partie Grammaticale commence juste au même point que la deuxième de son collègue, à l’examen des |[10] éléments de la proposition. en supprimant dans l’ouvrage du professeur de Tarbes, les préliminaires qui sont insuffisantes, et y substituant tout ce que nous avons envoyé jusqu’a présent le Cen Jannin, nous aurions déja un cours si non parfait, du moins satisfaisant, auquel il ne manqueroit pour être absolument complet que quelques leçons spéciales sur les règles de la Grammaire Française, et quelques autres sur celles du Raisonnement. si je connoissois ces deux estimables instituteurs, je n’hésiterois pas à les inviter à cette réunion; et à leur proposer de leur envoyer reciproquement à chacun la copie de l’ouvrage de l’autre. Il y a d’autant plus lieu de croire que cela produiroit un bon effet qu’il est très remarquable qu’ils ont absolument les mêmes principes, comme vous en avez pu vous en apercevoir. mais je ne sais si le conseil et le Ministre peuvent faire en pareil cas ce que feroit un particulier. d’ailleurs peut être aussi est-il bon de les laisser travailler chacun de leur coté, et de les y [?exiter]. car s’il est à peu-près sur que le Cen Estarac ne fera jamais la partie idéologique aussi bien que le Cen Jannin, nous ne savons pas encor certainement si celui-ci ne fera pas une partie Grammaticale encor meilleure que l’autre: cela n’est pas vraissemblable, mais cela est possible car il est dans une très bonne volonté, et il y a toujours plus à parier que celui qui a bien fait le commencement d’un ouvrage, en fera bien la fin, qu’il n’y a à espérer que celui qui en a bien fait la fin, reviendra à en bien refaire le commencement. je finis par proposer au conseil, |[11] d’inviter le Ministre à écrire à ce professeur une lettre dans laquelle il l’[?engage] à donner dans son cours de Grammaire plus de développement à ce qui concerne les notions idéologiques et les effets métaphysiques du langage; et s’il a fait sur cet objet un travail séparé, à envoyer cette partie de son cours. / Le Conseil adopte cette proposition [...]. » 4. Extrait du procès-verbal de la séance du 8. Vendemiaire, an 8. [30 septembre 1799] de la Répque composée des citoyens Palissot, Domergue, Tracy, Ginguené, Lebreton, Jacquemont, Darcet.
« Un Membre a dit: Citoyens, dans la séance du 8. Fructidor dernier. avant de rendre compte des principes de Grammaire françoise et du Traité de l’art de raisonner du Citoyen Estarac, je vous fais part des heureux effets des lettres écrites depuis quelques tems par le Ministre à différents professeurs, et de l’excellent esprit qui a dicté les réponses. Elles continuent à être nombreuses et satisfaisantes. Depuis cette époque on m’en a communiqué en deux fois 14. pour les langues anciennes, 7. pour la Grammaire Gale, et 24. pour la Législation. dans ce nombre il en est une dont il est nécessaire que je vous entretienne. Elle renferme encor un ouvrage du Cen Estarac. Ce morceau, le 4me que nous envoye cet habile et zèlé professeur est destiné à former le commencement de son cours complet. Il traite expressément de l’analyse de la pensée. Vous vous rappelez que dans le premier manuscrit cette partie avoit été jugée un peu superficielle et trop abrégée. Le Cen Estarac |[2] a reconnu la justesse de l’observation; et s’est éfforcé d’accomplir vos vues. Ce nouveau traité d’idéologie contient 205 paragraphes et il ne remplace que les 67. Premiers de la Grammaire Gale. il est composé de quelques notions préliminaires, d’un chapitre sur les sensations, d’un sur l’entendement, et d’un sur la Volonté. Dans le 1er on considère la sensation d’abord dans les organes et ensuite dans l’ame. Le 2e est partagé en 13 sections qui traitent des perceptions, de l’attention, de la mémoire dont on distingue la réminiscence, de l’imagination, de la comparaison, du jugement, du raisonnement, de la réfléxion à propos de laquelle on parle de l’instruction des signes, des opérations de l’entendement qui naissent de la Réfléxion, (c’est principalement l’abstraction,) des idées, de leurs différentes espéces et de leur classification, de la Raison, et enfin de l’Esprit où l’on éxamine ses différentes nuances telles que le bon sens, l’intelligence et la sagacité[,] le dicernement, le jugement, la pénétration, le gout, le talent, le genie &c. &c. Le 3e chapitre moins étendu parle dans cinq divisions distinctes du besoin, du desir, des passions de l’espérance, et de la volonté proprement dite. Je n’entrerai pas dans plus de détails parce que cela seroit inutile. Il me paroît impossible de juger un ouvrage de ce genre d’après ce que peut dire un tiers. Je me trouve même fort embarassé de vous peindre l’impression que j’en ai reçue. Je crains que l’habitude que j’ai d’envisager ces objets sous un autre point de vue n’influe malgré moi sur la manière dont j’ai été affecté: je sens qu’il m’est impossible de prévoir l’effet que cet ouvrage peut faire sur d’autres esprits et par conséquent de prédire son succès dans le public. Tel est le malheur d’un sujet qui n’a pas encor |[3] été approfondi ni même précisé, et dont on n’a guère parlé jusqu’à présent que d’après des visions théologiques ou avec de[s] locutions poëtiques, ensorte qu’il n’y a rien de bien prouvé ni de bien reconnu. Ne pouvant parler que d’après mon sentiment intime, je ne dissimulerai pas qu’il y a dans cet écrit quelques attentions qui ne m’ont pas paru rigoureusement conforme[s] à la [?science] physique, nottamment au sujet des effets de la lumière sur les sens; que la supposition de l’existance d’une substance spirituelle servant de base à plusieurs explications ne m’a semblé ni nécessaire ni motivée; que je ne trouve pas non plus qu’on ai nettement expliqué la distinction entre la réminiscence et la mémoire, ni comment le desir nait du besoin et comment les desirs factices dérivent des desirs naturels, et surtout, que je suis faché de ne pas voir dans l’ouvrage un bon développement des effets de la frequente répétition des mêmes opérations intellectuelles. J’ajouterai que certaines choses sur les différentes espéces d’esprit m’ont semblé n’être pas d’une justesse parfaite et n’être pas là à leur place. J’en dirai autant d’une partie de ce qui a trait aux passions et à quelques autres objets. Cela me paroît appartenir plus à un traité de morale qu’à un traité d’idéologie. Les citations sont très multipliées. quelques unes me semble[nt] peu heureuses, ne prouvant rien pour ce qui est en question. Enfin je voudrois moins d’accesoires, et plus de détails sur le fond du sujet, l’ensemble de cet écrit me paroissant plutôt un discours général sur nos facultés intellectuelles, qu’une exposition méthodique et scrupuleuse sur la manière dont elles naissent et agissent en nous, et y produisent le vaste systême d’idées qui remplit nos têtes depuis la perception la plus simple, jusqu’à la conception la plus composée. Cependant je le repette, je puis |[4] fort bien voir [?tout] sur tous ces points, ou du moins sur la plupart. De plus, certaines choses déplacées en elles même[s]. Telles que les citations et les moralités, sont utile[s] ici, pour ramener les jeunes gens à leurs cours de langues anciennes et de littérature et les préparer à celui de morale et de Législation; [?entout] malgré mes critiques, je suis loin de contester le mérite de l’ouvrage. Si c’est la partie du cours du Citoyen Estarac qui me satisfait le moins, c’est que c’est de beaucoup la plus difficile et la plus neuve. Si je la desire encor plus parfaite, c’est qu’elle est la plus importante, les autres dérivant de celle là. Mais telle qu’elle est, je suis persuadé qu’elle ne dépare point l’ensemble, et c’est un si grand avantage d’avoir un cours complet de Grammaire Gale, que je pense qu’il faut sans différer engager le Cen Estarac, à mettre la main au [?sien], à en raccorder toutes les parties et à le livrer à l’impression. Je ne doute pas qu’il ne soit infiniment utile dès ce moment et qu’il ne gagne encor beaucoup dans des Editions successives. Cependant il ne faut rien négliger de ce qui peut ajouter au succès d’un ouvrage si intéressant, et comme tant qu’un écrit n’est pas devenu public, il peut toujours acquérir quelques perfections, je pense que le nouvel envoi que vous fait le Cen Estarac, ne doit apporter aucun changement à la résolution que vous avez prise le 28 Fructidor dernier. Il est toujours bon que ce professeur ait connoissance de vos vues, de vos Réfléxions, et des divers morceaux dont vous lui recommandez la lecture. Ce sont des matériaux dont il peut encor se servir et qui ne peuvent le contrarier, puisque vous laissé la liberté entière d’en faire tel usage qu’il jugera à propos. Je crois donc que la lettre résolue dans la dernière séance doit partir avec toutes les pièces qui y sont jointes; et qu’il faut seulement qu’elle soit |[5] suivie d’une autre conçue à peu près en ces termes. « Citoyen, depuis le départ de la dernière lettre que je vous ai écrite, le Conseil d’instruction publique a examiné le traité d’idéologie que vous m’avez adresse le 5. Fructidor an 7. Il a vu dans la prompte arrivée de cet ouvrage une nouvelle preuve de votre activité et de votre ardeur à profiter de toutes les observations qui vous sont faites. Ce morceau a été jugé très supérieur aux 67. paragraphes de votre premier manuscrit qu’il est destiné à remplacer, très propres à remplir l’objet auquel il est destiné. Cependant cette première partie de la science que vous professez est à la fois si importante, si difficile et si neuve, que le Conseil desire encor, que vous preniez en considération les réfléxions que je vous ai présentées dans ma dernière lettre, et les ouvrages dont elle est accompagnée. Il continue aussi à penser qu’il seroit de beaucoup préférable que votre art de raisonner devint la quatrième et dernière partie de votre Cours. C’est celle de ses observations à laquelle il tient le plus. Quoiqu’il en soit, Citoyen, vous avez mis à fin un grand ouvrage. Il a dans son ensemble et dans la plupart des détails l’approbation des connoissances. Je vous exhorte à en recevoir les différentes parties, à les perfectionner, à les raccorder entr’elles; et dès que vous le jugerez en état de paroître, je vous engage à m’en faire part. Je contribuerai autant qu’il sera en mon pouvoir, à faire jouir le public du fruit de vos travaux. » Le Conseil après avoir entendu le rapport qui vient de lui être fait sur le dernier envoi du Cen Estarac, arrête, qu’expédition de ce rapport sera adressée au Ministre de l’intérieur en l’invitant à faire parvenir à ce Professeur la lettre qui lui est destinée [...]. »
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Delfour 1890 ; Canet 1900. |