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Chap. II. Des modificatifs.

Table des matières

 

 

 

 

Section troisième. Grammaire française.

Chap. I. Des substantifs.

Chap. II. Des modificatifs.

Art. I-II

Art. III

Art. IV-VIII

Section quatrième. Art de raisonner.

Chap. I. Des idées.

Chap. II. Du jugement.

Chap. III. Du raisonnement.

Chap. IV. De la méthode.

Conclusion.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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CHAPITRE II.

DES MODIFICATIFS.

 

J’aime que les mots aillent où va la pensée. (Montaig.)

 

Modificatifs en général.

 

928. Tous les mots qui désignent une substance ou réelle, ou intellectuelle, sont des substantifs ; tous les autres sont des modificatifs, puisqu’ils sont les signes des idées de modifications quelconques (405, 406, 887).

Mais les modifications peuvent être variées à l’infini ; aussi avons-nous plusieurs espèces de modificatifs pour exprimer avec plus de précision les différentes vues de l’esprit.

Modificatif commun.

 

929. D’abord toutes les substances, soit que nous les ayons observées dans la nature, soit qu’elles ne soient que le résultat de nos abstractions, existent, ou dans la nature, ou dans notre entendement ; elles ont une existence, ou réelle, ou intellectuelle ; sans cela, nous n’en aurions aucune idée, nous ne pourrions ni raisonner sur ces substances, ni leur attribuer telle ou telle autre modification, ni en faire l’objet de nos spéculations ou de nos discours : elles doivent être avant que d’être de telle ou telle autre manière déterminée. L’existence est donc la modification commune de tous les êtres ; modification indispensable, préa- |46 lable à toute autre, et universelle. Le verbe être, destiné à exprimer cette modification commune, peut donc être considéré comme étant le modificatif commun.

Modificatifs combinés.

 

930. Tous les autres verbes expriment tout à la fois et cette modification commune et une autre modification déterminée, laquelle est différente dans chaque verbe, car avoir équivaut à être ayant ; je chante signifie je suis chantant ; il écrivait veut dire il était écrivant, etc., etc. Chaque verbe exprime donc, dans toutes ses formes, la combinaison intime de l’idée de l’existence et de celle d’une autre modification déterminée. On peut donc considérer tous les verbes, excepté le verbe être, comme des modificatifs combinés.

Modificatifs particuliers.

 

931. Si nous considérons maintenant séparément les mots chantant, écrivant, etc., il est facile de voir que la proposition je suis chantant affirme que j’existe avec l’attribution d’une action particulière et passagère, celle de chanter ; et que la proposition il est écrivant affirme que le sujet, représenté par le substantif personnel il, existe avec l’attribution de l’action d’écrire. La proposition il est écrit affirme que le sujet il existe dans l’état exprimé par le mot écrit. Les participes expriment donc des attributions particu- |47 lières d’action, ou d’état, et sont conséquemment des modificatifs.

Les adjectifs expriment ou les qualités physiques des êtres, comme blanc, noir, rond, triangulaire, rude, poli, sec, humide, etc., ou des vues particulières de notre entendement, comme grand, petit, semblable, différent, etc., ils expriment donc aussi des idées de modification.

Les articles déterminent le point de vue dans lequel nous voulons faire considérer le substantif auquel ils sont joints, et ce point de vue est une modification intellectuelle des substances. Les participes, les adjectifs et les articles sont donc des modificatifs particuliers.

Modificatifs de proposition.

 

932. Les conjonctions modifient des propositions combinées, dont elles expriment la liaison, la dépendance, en indiquant les vues particulières de l’esprit dans cette combinaison. Les conjonctions sont donc des modificatifs de proposition.

Modification d’attribut.

 

933. Enfin les prépositions et les adverbes servent à étendre, à restreindre, à déterminer, ou à modifier d’une manière quelconque les idées exprimées par les verbes, ou par les adjectifs : ce sont donc des modificatifs d’attribut.

934. Quant aux interjections, elles ne |48 doivent entrer dans une Grammaire que pour compléter la nomenclature des parties du discours. (443).

Parcourons maintenant en détail chacune de ces espèces de modificatifs, en commençant par les adjectifs.