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Escher

 

 

EXERCICE PUBLIC

D’IDÉOLOGIE

ET DE LOGIQUE.

 

J. BAPTISTE ESCHER, Professeur.

 

répondront :

 

JEAN-JACQUES BÆER, de Strasbourg ;

HENRI-IGNACE BRECHTEL, de Rülzheim ;

JEAN-CHRYSOSTOME FROYDEVAUX, de Strasb.

IGNACE-ALOYSE SCHAFFER, d’Erstein ;

JEAN-BAPTISTE WOLBERT, de Châtenois.

 

 

A STRASBOURG,

Dans la Salle d’actes de l’École centrale du

département du Bas-Rhin, le mardi, 15

Thermidor [3-8-1802], à 4 heures de relevée.

 

AN X (1802).

 

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            Une des causes qui entretiennent long-temps, dans les têtes même philosophiques, l’empire des illusions, c’est que la langue de l’imagination est perfectionnée lorsque celle de la raison commence à se former. Tous les peuples ont eu de bons poëtes, avant d’avoir en prose des écrits raisonnables. L’homme sait peindre avant de savoir définir, parce qu’il est conduit par les sens, avant de l’être par la raison : les hommes à talent savent émouvoir, avant que les philosophes sachent instruire : les traits sensibles, les expressions heureuses des bons poëtes, sont des cris de la nature, et la langue de la philosophie est l’ouvrage du temps et de la méditation.

SAINT-LAMBERT ; Principes des mœurs, tome I, discours préliminaire, p. 7.

 

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EXERCICE PUBLIC

D’IDÉOLOGIE

ET DE LOGIQUE.

 

I.

De la sensibilité et des opérations

intellectuelles en général.

 

            1. TOUTE COGNITION est ou sensible, ou rationnelle ; c’est ce qui nous fait distinguer deux sources de nos connaissances, le sentiment et la réflexion.

            * Sensation, perception, attention. – Sens (externe et interne) ; organes sensitifs ; leur perfectionnement ; propriétés particulières aux sensations du toucher. – Objet (réel, idéal). – Causes des sensations. – Imagination.

            2. La RÉFLEXION présuppose des SENSATIONS. Ce sont elles qui fournissent tous les matériaux de nos connaissances.

            * Deux espèces de réflexions. – Il n’y a dans la NATURE sensible que matière et forme.

            3. Nos connaissances commencent à ces |4 deux faits : je suis ; il y a quelque chose hors de moi.

            * « Comment se développe en nous la première connaissance de l’existence des corps ? »

            4. Tout savoir s’acquiert par la PENSÉE. – Le mot penser est le point de réunion sous lequel nous rangeons toutes nos opérations intellectuelles, qui sont : concevoir, juger, raisonner.

            5. Les opérations intellectuelles, aussi bien que celles de la nature, sont assujetties à des lois ; la science de ces lois s’appelle LOGIQUE.

            * Loi. – Science ; diverses sortes de sciences.

 

II.

De la faculté de concevoir, ou de

l’entendement.

 

            6. CONCEVOIR veut dire se représenter l’identité de plusieurs perceptions, et les réunir par ce moyen en une même aperception. Cette identité, représentée séparément, s’appelle CONCEPT ou conception.

            7. C’est par les conceptions que nous jetons les fondemens de toutes nos sciences ; c’est de l’exactitude de nos conceptions que |5 dépendent la justesse de nos jugemens et la solidité de nos raisonnemens.

            * Conceptions claires, obscures ; distinctes, confuses ; complètes, incomplètes ; approfondies, superficielles, etc.

            8. Les conceptions, considérées relativement à leur usage et à l’emploi qu’on en fait pour connaître ou reconnaître les objets, s’appellent Notions.

            * Notions générales, particulières, individuelles.

            9. Dans toute conception on peut distinguer la matière et la forme.

            * Conceptions immédiates (adventices) ; médiates (factices). – Conceptions empyriques ; conceptions pures. – Comment acquérons-nous les notions des propriétés générales des corps ? de la mobilité ? de la force dinertie ? de la force dimpulsion ? de létendue et de la divisibilité ? de limpénétrabilité ? de la porosité ? de la durée ? – Limitation ; forme ; figure. – –

            ** Temps ; espace ; substance ; cause, etc.

            10. Outre les conceptions de l’entendement, nous en avons d’un ordre supérieur, que Platon a nommées IDÉES, et |6 qui n’ont point d’objet correspondant dans la nature.

            * Idées exemplaires ou archétypes. – Idéal. – Y a-t-il des idées innées ? – Comment acquérons- nous lidée dune cause PREMIÈRE ?

            11. La logique fait abstraction de la différence des objets de nos conceptions, et n’en considère que la forme, qui est toujours le produit de la réflexion et de l’abstraction.

            * Procédé de lesprit humain dans la formation de ses concepts.

            ** Notions abstraites, concrètes ; simples, composées ; totales, partielles ; génériques, spécifiques, etc.

            12. L’abstraction continuée conduit nécessairement au genre suprême ; mais la concrétion ne saurait jamais conduire à l’espèce infime.

            * Continuité des espèces.

            13. L’étendue et la compréhension de nos notions sont en raison inverse.

            * Notions subordonnées, coordonnées.

            14. Ce qui convient à une notion supérieure, convient à toutes ses subordonnées ; ce qui contredit à une notion supérieure, contredit à toutes ses subordonnées.

            * Contradiction, contrariété.

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            15. Les moyens de liaison logique entre les notions, sont la subordination et la coordination. Ces liaisons s’établissent par les signes, et sont conservées par la MÉMOIRE.

            * Influence des signes sur le développement de nos facultés intellectuelles.

            16. L’association sensible de nos perceptions est la condition essentielle de l’association logique de nos notions, et par conséquent de la possibilité de leur rappel.

            * Lois de lassociation sensible : simultanéité, succession, analogie.

            17. C’est par l’usage des signes que la réflexion constitue l’ENTENDEMENT, puisque c’est par eux qu’elle tient en soi, se représente et constate ses propres produits, et se met en possession d’un ensemble de connaissances.

            * Différentes espèces de signes. – Signes considérés comme instrumens de la pensée, comme moyens de communication. – Langage naturel, artificiel. Perfection dune langue relativement aux opérations de lentendement.

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III.

De la faculté de juger.

 

            18. JUGER est déterminer un rapport.

            * Différentes espèces de rapports.

            19. Toute détermination se fait, ou par le moyen d’une mesure, ou par le moyen d’une notion.

            * Détermination mathématique ; détermination logique : leur différence. – Mesure de létendue, du mouvement, de la durée.

            20. Dans tout jugement on peut distinguer la matière et la forme.

            * Sujet ; attribut : diverses sortes de sujets.

            21. La Logique générale fait abstraction de toute différence d’objets, et n’examine dans les jugemens que la forme.

            * Comment acquérons-nous la notion de la forme ?

            22. Les formes qui peuvent différencier nos jugemens, se réduisent à quatre : a) La quantité du sujet ; b) la qualité de l’attribut ; c) la relation du sujet à l’attribut ; d) la modalité de l’affirmation.

            * Division des jugemens par rapport à ces quatre formes.

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            23. L’expression du jugement s’appelle proposition.

            * Propositions simples ; composées ; exponibles.

            24. Un jugement détermine, ou les parties constitutives d’un objet, ou l’action qu’il faut faire pour produire un objet. Sous ce rapport, les propositions se divisent en propositions théoriques et propositions pratiques.

            * Axiomes ; théorèmes. Postulats ; problèmes. Corollaires, lemmes, scholies.

 

IV.

Du Raisonnement.

 

            25. Raisonner est déduire un jugement d’un autre jugement.

            26. Tout raisonnement est fondé sur ce principe : « Ce qui convient à l’espèce, convient aux individus ; ce qui ne convient pas à l’espèce, ne convient point aux individus. »

            * Raisonnement affirmatif, négatif.

            27. Dans nos raisonnemens, nous sommes aussi réellement conduits par les mots, |10 que l’algébriste, dans ses calculs, est conduit par les formules.

            * Le mécanisme du raisonnement philosophique étant le même que celui du raisonnement mathématique, doù vient la différence qui existe entre les résultats ?

            28. Tout raisonnement peut être réduit à un ou à plusieurs syllogismes.

            * Parties constitutives du syllogisme : matière et forme. – Syllogisme catégorique, hypothétique, disjonctif. – Règles particulières relatives au syllogisme catégorique. –

            ** Enthymème ; sorite, épicherème ; dilemme. – Usage et abus de lart syllogistique.

            29. Un raisonnement peut être défectueux, ou dans la matière, ou dans la forme.

            * Paralogismes, sophismes. Causes ou sources des faux raisonnemens : ignorance de la question ; ambiguité des termes ; pétition de principe ; cercle vicieux, etc.

            30. Le raisonnement ne sert pas seulement à déduire d’une vérité générale les vérités particulières qui y sont comprises, mais encore à remonter de plusieurs vérités particulières à des jugemens généraux.

            * Induction ; analogie. – Utilité de ces deux sortes de raisonnement.

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V.

Des causes de nos erreurs, et des

moyens de les corriger.

 

            31. La cause primaire et la plus féconde, comme la plus générale, de nos erreurs, aussi bien que de nos progrès, se trouve dans nos habitudes.

            * Comment sacquièrent les habitudes ? quels en sont les effets ? – Préjugés. – Importance de la maxime de donner aux enfans de bonnes habitudes. – Manie des principes.

            32. Les causes secondaires qui concourent à nous précipiter d’erreurs en erreurs, sont : l’illusion de nos sens ; – notre présomption ; – notre légèreté ; – notre précipitation ; – notre paresse ; – nos passions ; – nos langues pleines d’obscurité et de confusion.

            33. Pour corriger nos erreurs anciennes et nous préserver en même temps contre des erreurs nouvelles, nous devons examiner chaque chose avec toute l’attention dont nous sommes capables ; observer les objets sensibles, dans la distance la plus proportionnée à nos organes, et faire usage, au- |12 tant que faire se peut, de plusieurs sens à la fois ; décomposer, recomposer et comparer : ne nous rendre qu’à l’évidence, ou, à son défaut, à la plus grande probabilité ; et nous borner au doute philosophique (sobre), toutes les fois que les raisons ne se trouvent pas suffisantes pour nous décider pour ou contre.

            * Probabilité mathématique ; probabilité philosophique.

            34. Tout homme qui ne veut pas croupir aveuglément sous le joug de lautorité, ni sous celui de ses propres préjugés ; tout homme, enfin, qui aspire à la dignité d’un ÊTRE RAISONNABLE, doit, d’après le conseil de BACON, refaire, au moins une fois, tout son ENTENDEMENT, pour se rendre raison, et de ses connaissances, et de ses actions.

 

VI.

De la Méthode.

 

            35. Il faut une MÉTHODE dans nos opérations intellectuelles, soit qu’on veuille découvrir des vérités nouvelles, ou faire connaître aux autres celles qu’on a découvertes.

            * Méthode analytique (de résolution, din- |13 vention) ; méthode synthétique (de composition, de doctrine). – Méthode géométrique.

            * La méthode des géomètres est-elle applicable aux sciences philosophiques ?

            36. Dans toute méthode il faut aller du connu à linconnu.

            * Abus de la méthode synthétique. Usage propre et avantages de cette méthode. – Principes.

            37. Les vérités abstraites se découvrent par la méditation.

            * Règles directrices de la méditation.

            38. La PERFECTION logique de nos connaissances est fondée sur la perception distincte, 1.º de la compréhension de nos notions ; 2.º de leur étendue (sphère). La première s’acquiert par les définitions ; la seconde, par les divisions.

            * Définitions nominales et réales. Règles à observer pour bien définir. – Déclarations, expositions, descriptions. – Abus des définitions.

            ** Usage et abus des divisions. Règles à observer à cet égard.

 

 

Notices historiques sur les progrès et les abus de la logique, et sur quelques |14 auteurs qui ont principalement contribué aux uns ou aux autres. Les sophistes : PROTAGORAS, GORGIAS, etc. – ARISTOTE et ses commentateurs. – Les docteurs scholastiques. – Lart de penser, de PORT-ROYAL. – LOCKE ; LEIBNITZ ; WOLFF ; CONDILLAC ; KANT.

 

 

FIN.

 

 

A STRASBOURG,

DE L’IMPRIMERIE DE LEVRAULT,

rue des Juifs, n.° 33.

 

 

Document conservé à la Bibliothèque de lInstitut de France, Paris, Cote : 33b1